Khartoum, 01 juillet, 2024 / 10:50 PM
Les membres de la Conférence des évêques catholiques du Soudan (SCBC) ont exprimé leur préoccupation concernant le conflit en cours dans le pays, affirmant que la guerre civile a provoqué des destructions inimaginables et causé d'immenses souffrances à la population.
Dans leur déclaration à l'issue de leur réunion du 27 au 29 juin dans l'archidiocèse catholique de Juba, au Soudan du Sud, les membres de la SCBC affirment qu'ils " ne peuvent pas se distancier " de ce qui se passe dans le pays depuis avril 2023.
"Le tissu de la société soudanaise a été déchiré, les gens sont choqués, traumatisés et incrédules face au niveau de violence et de haine", affirment les membres du SCBC dans la déclaration qu'ils ont publiée le 29 juin.
Ils ajoutent : "Il ne s'agit pas simplement d'une guerre entre deux généraux, car l'armée est inextricablement liée à la vie économique du pays, et tant les SAF que les RSF disposent d'un réseau de riches élites soudanaises et internationales et de cartels qui profitent de leur contrôle sur divers secteurs de l'économie".
Les membres de la SCBC affirment qu'en dehors de ce qu'ils décrivent comme "d'horribles crimes de guerre et violations des droits de l'homme commis par les deux parties", les victimes de la guerre civile souffrent d'un "désastre humanitaire".
"L'Église au Soudan nous appelle à aider à arrêter la guerre, à fournir une assistance humanitaire, à faire un travail de plaidoyer pour la paix, à préparer l'après-guerre en termes de réconciliation, de réhabilitation, de reconstruction et de guérison des traumatismes, et surtout, à prier pour eux", ajoutent-ils.
Les responsables de l'Église catholique soulignent ensuite les commentaires de l'évêque catholique du diocèse d'El Obeid sur la situation sur le terrain.
Mgr Yunan Tombe Trille Kuku a informé les membres de la conférence épiscopale que, jusqu'à présent, "il n'y a même pas un indice de la lumière du dialogue de paix qui peut apporter de l'espoir aux Soudanais".
"Je crois que nos dirigeants ne sont pas prêts pour la paix. Les combats et les conflits ont le dessus car nous les entendons dire qu'à moins de vaincre l'autre groupe, nous ne déposerons pas les armes", déclare Mgr Trille.
"Il est temps pour eux de penser au peuple et à la nation. Plus il y a de combats, plus les gens sont dispersés et plus la haine grandit entre les différents groupes ethniques soudanais", déclare l'évêque d'Ol Obeid.
Il lance un appel à la paix au Soudan et ajoute : "Agenouillez-vous pour prier et entendez la voix de Dieu et la voix du peuple, des enfants, des femmes qui crient pour la paix, et aussi le sang qui pleure sur le sol des personnes innocentes qui sont mortes à cause des tirs croisés. Reprenez le dialogue en tant qu'enfants d'une seule mère et d'un seul père".
Dans leur déclaration, les évêques du Soudan disent faire leurs les paroles de l'évêque d'Ol Obeid et appellent à l'unité.
Ils remercient le pape François pour sa préoccupation concernant le Soudan, ajoutant : " Nous nous faisons l'écho de son appel sincère au début du mois de juin 2024 : Que les armes se taisent et qu'avec l'engagement des autorités locales et de la communauté internationale, l'aide soit apportée à la population et aux nombreux déplacés. Que les réfugiés soudanais trouvent accueil et protection dans les pays voisins".
Faisant référence au message du Saint-Père pour la Journée mondiale de la paix 2017 intitulé "La non-violence : un style de politique pour la paix", les membres de la SCBC déclarent : "La violence n'est pas le remède à notre monde brisé. Répondre à la violence par la violence conduit au mieux à des migrations forcées et à d'énormes souffrances parce que de vastes quantités de ressources sont détournées à des fins militaires et loin des besoins quotidiens des jeunes, des familles en difficulté, des personnes âgées, des infirmes et de la grande majorité des habitants de notre monde. Dans le pire des cas, cela peut conduire à la mort, physique et spirituelle, de nombreuses personnes, si ce n'est de toutes."
"Nous nous engageons une fois de plus à rechercher la paix et la justice par la non-violence active, la non-violence de l'Évangile. La non-violence est la seule voie viable vers la paix", ajoutent-ils.
Les membres de la Conférence des évêques catholiques, qui regroupe deux pays, ajoutent : "Même ceux qui portent des armes et commettent des actes de violence sont des enfants de Dieu, le Dieu qui nous a appelés à aimer nos ennemis. Ainsi, nous rejetons la diabolisation de l'une ou l'autre partie dans le conflit du Soudan, et nous ne prenons pas parti."
Ils appellent les belligérants à déposer les armes et à entamer des négociations de paix sérieuses.
Les évêques ont également dénoncé les atrocités commises contre des civils innocents au Soudan : "Nous condamnons les meurtres, les viols et les pillages de civils par quelque camp que ce soit, et nous demandons que les responsables de ces crimes rendent compte de leurs actes."
Les membres du SCBC remercient également le gouvernement du Soudan du Sud pour sa "réponse ouverte et généreuse aux rapatriés et aux réfugiés du Soudan."
Ils appellent le gouvernement du Soudan du Sud à "rester neutre dans le conflit du Soudan, à prendre des mesures pour empêcher tout Sud-Soudanais de participer au conflit armé, et à continuer à faciliter les négociations de paix dans la mesure du possible."
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