Bentiu, 02 décembre, 2024 / 11:23 PM
Mgr Christian Carlassare, évêque du diocèse catholique de Bentiu au Soudan du Sud, a appelé l'Église à faire face au problème croissant du cléricalisme, qu'il a identifié comme un obstacle majeur au Synode sur la synodalité.
Réfléchissant à son expérience du Synode, Mgr Carlgrassare a fait part de ses préoccupations concernant la tendance à considérer le ministère comme un privilège plutôt que comme un service, avertissant qu'un tel état d'esprit affaiblit la capacité de l'Église à embrasser pleinement sa vocation synodale.
Dans la réflexion partagée avec ACI Afrique le dimanche 1er décembre, l'évêque catholique a souligné le message central du Synode : l'unité au sein de l'Église ne peut être atteinte que par l'ouverture à l'Esprit Saint, l'écoute et la prière, plutôt que par la conformité ou l'imposition d'une seule façon de penser.
« L'Église d'Afrique connaît un cléricalisme croissant qui constitue le plus grand obstacle à la synodalité et à la mission », a déclaré Mgr Carlassare.
Il a expliqué que le cléricalisme « découle d'une mauvaise compréhension de l'appel divin, qui conduit à concevoir le ministère davantage comme un privilège que comme un service ».
Il a noté que cette mentalité cléricale ne se limite pas au seul clergé, mais qu'elle peut aussi se retrouver chez les laïcs qui élèvent les figures cléricales à un statut intouchable.
« Le cléricalisme se révèle dans un style de vie qui élève la personne au-dessus du peuple. Le cléricalisme conduit la personne à exercer son leadership sans véritable écoute et discernement, sans possibilité de révision ou de responsabilisation. Personne ne peut remettre en question un leader cléricalisé », a déclaré ce membre des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus (MCCJ), né en Italie.
Il a noté que le document final du Synode sur la synodalité a abordé la question du cléricalisme, exhortant l'Église à adopter un « modèle de leadership plus inclusif, qui favorise le dialogue authentique, le discernement mutuel et la responsabilité à tous les niveaux de la vie ecclésiale ».
« Cette perspective aura certainement un impact sur les processus de prise de décision caractérisés par un style plus clairement synodal. Elle aidera également à surmonter le cléricalisme compris comme l'utilisation du pouvoir pour son propre avantage et la distorsion de l'autorité de l'Église qui est au service du peuple de Dieu », a expliqué Mgr Carlassare.
Il a ajouté : « Nous devons adopter un discernement plus courageux de ce qui relève du ministère ordonné et de ce qui peut et doit être délégué à d'autres. Cela contribuera à créer une manière spirituellement plus saine et plus dynamique d'exercer le ministère et, en fin de compte, à surmonter le cléricalisme qui dénature l'autorité de l'Église ».
Dans sa réflexion, Mgr Carlassare poursuit sur l'importance de l'appel du Synode sur la synodalité à une « conversion semblable à l'Évangile », une transformation dans laquelle, selon lui, l'Église se rapporte à ses membres, en particulier les pauvres et les marginalisés.
Il souligne la nécessité pour l'Église d'écouter le « sensus fidei » du peuple de Dieu, reconnaissant que les fidèles, en particulier les pauvres, ont beaucoup à apprendre à l'Église sur la véritable signification de la foi, de la dignité et de la solidarité.
S'appuyant sur les enseignements du pape François, Mgr Carlassare rappelle aux fidèles que la mission de l'Église n'est pas seulement de servir les pauvres, mais d'apprendre d'eux.
« Les pauvres ne sont pas un problème social, mais ont un statut théologique parce que Dieu s'est identifié à eux », dit-il, rappelant le message du pape François lors d'une réunion qu'il dit avoir tenue avec le Saint-Père, ainsi que dans d'autres lieux où l'Église est engagée dans l'évangélisation primaire.
C'est pourquoi, explique-t-il, l'Église doit donner la priorité aux pauvres dans son ministère, en reconnaissant la sagesse que Dieu souhaite partager à travers leurs vies et leurs luttes.
Mgr Carlgrassare rappelle en outre que l'Église doit se convertir radicalement, en s'éloignant du cléricalisme et en adoptant un modèle synodal plus inclusif, à l'écoute de tous les membres, en particulier des plus marginalisés.
Il estime qu'en agissant ainsi, l'Église sera mieux à même de remplir sa mission et de construire une communauté de croyants plus harmonieuse et plus compatissante.
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