Les évêques catholiques du Mozambique lancent un appel à la paix et à la justice à l'approche de Noël

Maputo, 24 décembre, 2024 / 9:34 PM

Les évêques catholiques du Mozambique lancent un appel à la paix, à la justice et à la réconciliation avant les festivités de Noël qui débuteront par l'inauguration officielle de l'année jubilaire 2025 de l'Église catholique, le 24 décembre.

Dans leur message de Noël publié le 20 décembre, les membres de la Conférence épiscopale du Mozambique (CEM) appellent les citoyens de cette nation d'Afrique australe à s'inspirer du Prince de la paix, Jésus-Christ, pour favoriser la coexistence pacifique au milieu des défis socio-politiques.

« Le 25 décembre est, pour les chrétiens du monde entier, la célébration de la naissance de Jésus de Nazareth, et pour les Mozambicains, croyants ou non, c'est le jour de la famille », affirment-ils.

Des manifestations de rue ont eu lieu avant et après que la commission électorale du Mozambique a déclaré que le parti au pouvoir, le Frelimo, avait remporté l'élection présidentielle du 9 octobre, prolongeant ainsi son emprise sur le pouvoir depuis 49 ans.

Le nouveau parti d'opposition Podemos et son candidat à la présidence, Venancio Mondlane, ont rejeté les résultats annoncés par la commission électorale. Auparavant, d'autres candidats de l'opposition, des groupes de la société civile et des observateurs avaient déclaré que l'élection avait été entachée de fraude.

Plus de 130 personnes auraient été tuées lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, indique un rapport de Reuters du 24 décembre, citant le groupe de surveillance de la société civile Plataforma Decide.

Lundi 24 décembre, le Conseil constitutionnel du Mozambique, la plus haute juridiction du pays qui a le dernier mot sur les processus électoraux, a confirmé la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo, qui gouverne cette nation d'Afrique australe depuis 1975.

Dans leur message de Noël 2024, les évêques catholiques du Mozambique se disent conscients du verdict attendu du Conseil constitutionnel et exhortent les Mozambicains à donner la priorité à l'unité nationale plutôt qu'à la division.

Ils notent que la paix doit être enracinée dans la vérité et la justice, et mettent en garde contre la violence et les réactions répressives.

Anticipant que le verdict du Conseil constitutionnel ne satisfera pas toutes les parties, les membres du CEM ont appelé à des réponses qui favoriseraient le dialogue.

« Nous sommes conscients que les résultats annoncés ne satisferont peut-être pas tous les Mozambicains. Cependant, nous espérons qu'ils sont basés sur la vérité électorale, étayés par des preuves vérifiables et crédibles », affirment les dirigeants de l'Église catholique.

Ils ajoutent : « Nous devons nous interroger : Quelle sera notre réaction face à un résultat qui ne correspond pas à nos attentes et à nos convictions ? Comment la gouvernance essentielle du pays se poursuivra-t-elle ? Quels que soient les résultats, la seule voie à suivre est celle de l'amour pour notre « patrie bien-aimée », fondée sur un engagement en faveur de la justice, de la construction et de la consolidation de la paix, de l'harmonie et de l'unité nationale.

« Utilisons toute notre créativité, notre humilité et notre intelligence pour construire la paix, qui doit prévaloir entre tous les Mozambicains. Ouvrons-nous à un dialogue honnête, en mettant de côté tout ce qui peut l'entraver ou même l'empêcher », affirment les membres du CEM.

Ils poursuivent : « La paix et le bien-être du Mozambique valent plus que tout intérêt personnel, de parti ou de groupe, qu'il soit national ou étranger. Ne succombons pas à la tentation de recourir à l'imposition, à la répression, à la violence ou à la destruction ».

Ils mettent en garde contre les dangers de la division, soulignant que « l'imposition et la répression conduisent à une coexistence forcée et vaincue ; la violence et la destruction conduisent à une nation polarisée et appauvrie ».

Se référant à l'année jubilaire 2025 de l'Eglise et au jubilé d'or de l'indépendance du Mozambique, les membres de la CEM invitent les citoyens à faire de ces célébrations une base pour la consolidation de la paix et de l'unité nationale.

« Que ces célébrations nous conduisent à consolider la paix et l'harmonie entre nous. La paix apportée par le Christ ne nous permet pas de dévier vers des chemins de discorde mais nous encourage plutôt à embrasser les chemins de la justice, de la réconciliation et de la culture de la rencontre entre frères d'une même nation. Faisons confiance aux enseignements du Prince de la paix », déclarent les évêques catholiques du Mozambique.

Ils appellent les Mozambicains à adopter des attitudes de simplicité, de solidarité et de respect mutuel, à l'image de Jésus.

« Ces attitudes nous aideraient à renoncer au luxe de quelques-uns pour assurer les besoins de tous ; à abandonner l'accumulation incontrôlée et la cupidité pour le développement du pays ; à nous éloigner du pouvoir autocratique pour créer un espace pour une gouvernance plus inclusive qui valorise la compétence et les diverses opinions ; et à remplacer le mépris par le respect, l'honnêteté, la confiance, l'hospitalité, la solidarité et l'estime mutuelle », affirment les membres de la CEM.

Ils poursuivent : « L'amour doit avoir sa place dans nos choix politiques, économiques et sociaux afin que notre nation soit véritablement aimée et ouvre une voie d'espoir pour tous les Mozambicains ».

« Que l'esprit de Noël pénètre dans nos familles, guidant nos décisions et nos choix. Que la nouvelle année nous trouve engagés dans la construction d'un Mozambique renouvelé. Tels sont nos prières et nos souhaits pour ces jours de fête, en appelant chaque citoyen à contribuer à la construction de la paix », implorent les membres du CEM.

« Renoncer au luxe de quelques-uns pour assurer le nécessaire à tous, abandonner l'accumulation effrénée pour le développement du pays, passer d'un pouvoir autocratique à une gouvernance inclusive qui valorise la compétence et la diversité des opinions, telles sont les voies que nous devons emprunter », ont affirmé les évêques.