Dans un rapport de l’œuvre de charité catholique internationale Aide à l’Église en Détresse (AED), Mgr Yunan Tombe Trille Kuku Andali retrace les événements depuis le début de la guerre civile en avril 2023.
Selon Mgr Tombe, l’Église catholique dans ce pays à majorité musulmane continue de rendre Jésus-Christ présent au milieu des souffrances et des brutalités de la guerre. Il affirme qu’actuellement, « il y a davantage de travailleurs en préparation pour servir dans la vigne ».
« Nous avons actuellement plus de 70 jeunes dans nos maisons de formation, et j’ordonnerai six nouveaux jeunes prêtres cette année », déclare Mgr Tombe dans le rapport d’AED du jeudi 16 janvier.
« Les vocations grandissent ! Dieu est à l’œuvre », ajoute l’Évêque, qui a récemment partagé son expérience éprouvante aux mains des Forces de soutien rapide (RSF).
Depuis le 15 avril 2023, les RSF, un groupe paramilitaire, sont en conflit armé avec les Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par le Président Abdel Fattah al-Burhan.
Les deux camps avaient conjointement déposé le régime de transition mis en place après la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019. Une fois cet objectif atteint, l’armée soudanaise et les RSF se sont affrontées pour le contrôle des richesses du pays, en particulier l’or et le pétrole.
Selon un rapport du jeudi 16 janvier, le département du Trésor américain a gelé les avoirs du Président al-Burhan, accusant son armée de cibler des civils et d’utiliser des blocus alimentaires. Ces sanctions visent à faire pression sur les dirigeants soudanais pour qu’ils mettent fin aux hostilités et permettent l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations touchées.
En réponse à la crise humanitaire, des communautés locales soudanaises ont établi des salles de réponse d’urgence (ERR) pour fournir des services essentiels.
Ces initiatives locales offrent de la nourriture, une assistance médicale et des services éducatifs, compensant la portée limitée des organisations internationales d’aide en raison de la violence persistante. Les ERR incarnent la résilience et la solidarité des citoyens soudanais face à l’adversité.
Dans le rapport du 16 janvier, Mgr Tombe a relaté son expérience le jour où la guerre a commencé. Il a expliqué qu’au premier bombardement, il est entré dans la cathédrale Notre-Dame Reine d’Afrique de son siège épiscopal et a prié devant le Saint-Sacrement avant de recevoir des « visiteurs inattendus ».
Il a précisé que la cathédrale, située à proximité d’installations militaires et de sécurité, est devenue une cible directe dès les premières phases des combats et a subi des impacts significatifs de la guerre.
Mgr Tombe a rappelé avoir prié dans la cathédrale lorsque des balles et des éclats d’obus l’ont touchée. Il a également relaté la visite inattendue de membres des FAS, venus chercher refuge dans la cathédrale.
« Après trois heures, les combats se sont calmés et ils sont tous partis », a déclaré l’Évêque, ajoutant qu’ensuite, l’un d’eux est revenu en disant, en désignant le tabernacle : « Monseigneur, cette bougie est forte et puissante. Elle nous a protégés. »
Mgr Tombe a confié à l’AED que le témoignage de ce membre des FAS a renforcé sa dévotion au Saint-Sacrement, qu’il décrit comme sa source de force et de joie. Il a révélé qu’il organise désormais des adorations quatre fois par jour et a encouragé les 300 familles catholiques restantes à El-Obeid à approfondir leur foi.
L’Évêque a décrit les conditions difficiles dans cette ville contrôlée par les FAS mais assiégée par les RSF, avec des pénuries sévères d’eau, d’électricité et de communications depuis des mois.
« Certaines personnes vivent sous des arbres, d’autres dans des écoles », a-t-il souligné, ajoutant que la situation est mauvaise, avec des « bombardements de temps en temps ». « Nous n’avons pas eu d’eau au presbytère depuis 19 mois, ni électricité, ni internet, et seulement des communications téléphoniques rares », a-t-il expliqué.
Il a ajouté : « Ceux qui restent sont pâles à cause de la faim, mais ils puisent leur force dans la présence de Dieu. Malgré cette situation difficile, la foi est plus forte, et davantage de sacrements sont administrés. Plus de personnes viennent à l’Église ; il y a plus de besoin de prêtres et de l’Évêque. »
Selon l’AED, bien que minoritaire, l’Église catholique continue de servir la communauté au Soudan. À El-Obeid, elle gère les seuls établissements scolaires encore ouverts, y compris six jardins d’enfants, six écoles primaires et un lycée.
Mgr Tombe a évoqué la visite d’un gouverneur, qui, selon lui, a exprimé sa gratitude pour les efforts de l’Église après la fermeture des écoles musulmanes à la suite d’un bombardement tragique.
« Le gouverneur nous a rendus visite en août et nous a remerciés d’avoir gardé nos écoles ouvertes, car toutes les écoles musulmanes ont fermé après un incident où un obus a tué 35 jeunes filles dans une école de la ville », a rapporté l’Évêque.