vendredi, 22 novembre 2024 Faire un don
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Le Pape François lance un appel au dialogue entre l'Éthiopie, l'Égypte et le Soudan sur le projet de barrage du Nil

Le barrage Grand Renaissance d'Éthiopie en construction sur le Nil dans le Guba Woreda, région de Benishangul Gumuz, Éthiopie.

Le Pape François a exprimé sa connaissance du conflit autour du projet de barrage sur le Nil, qu'il suit "avec une attention particulière" et a appelé au dialogue entre les trois nations africaines concernées.

Dans le message du samedi 15 août, après la prière de l'Angélus au Vatican, le Saint-Père demande aux dirigeants de l'Éthiopie, de l'Égypte et du Soudan de "poursuivre sur la voie du dialogue" en vue de résoudre à l'amiable les différends nés de la construction en cours du Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) sur le Nil Bleu.

" Je suis avec une attention particulière la situation des difficiles tractations concernant la question du Nil entre l’Egypte, l’Éthiopie et le Soudan", a déclaré le Pape François.

Il a ajouté : " J’invite toutes les parties à continuer sur la voie du dialogue afin que le Fleuve Éternel continue d’être une sève de vie qui unit et non qui divise, qui nourrit toujours l’amitié, la prospérité, la fraternité et jamais l’inimitié, l’incompréhension ou le conflit."

Situé dans l'ouest de l'Éthiopie, le projet de la GERD, d'un montant de 4 milliards de dollars, est considéré comme l'un des projets de barrage les plus controversés au monde en raison du long différend international qu'il a déclenché entre les trois pays africains sur le partage des eaux du Nil Bleu.

Le Nil Bleu est un affluent majeur du plus long fleuve du monde, le Nil, dont il fournit jusqu'à 80 % des eaux pendant la saison des pluies. Le Nil traverse onze pays, dont l'Éthiopie, le Soudan et l'Égypte.

Plus de 80 % de l'eau du fleuve se trouvant sur le territoire éthiopien, les dirigeants de ce pays enclavé considèrent le Nil comme une ressource naturelle qu'ils peuvent utiliser pour stimuler leur économie par la production et l'exportation d'énergie et, par conséquent, améliorer le niveau de vie de leur population, alors que des niveaux de pauvreté importants sont signalés. 

Le barrage, dont la construction a commencé en avril 2011, devrait entrer en service d'ici la fin de l'année 2022. Il s'agira du plus grand barrage hydroélectrique d'Afrique, doublant la capacité de production d'électricité de l'Éthiopie et permettant ainsi l'exportation vers les pays voisins des régions d'Afrique de l'Est. 

Pour l'Égypte, une nation désertique qui dépend des eaux du Nil pour soutenir son secteur agricole et dont 90 % de l'approvisionnement en eau douce provient de ce barrage, ce dernier représente une menace existentielle pour ses 100 millions d'habitants.

Le Soudan, qui est géographiquement pris en sandwich entre l'Ethiopie et l'Egypte, s'inquiète de la sécurité du projet car il pourrait mettre en danger ses propres barrages.

Les efforts déployés par divers médiateurs, dont le gouvernement américain, pour résoudre les différends ont jusqu'à présent échoué, le Soudan et l'Éthiopie exigeant qu'un accord soit conclu avant que l'Éthiopie ne commence à remplir le réservoir du barrage.

La tension entre les trois pays a atteint son sommet en juillet après que l'Éthiopie a annoncé qu'elle avait terminé la première étape de remplissage du réservoir du barrage, un geste qui a irrité les deux autres pays car il semblait aller à l'encontre de leur souhait que l'Éthiopie ne commence pas le processus de remplissage avant qu'un accord sur la façon dont le processus sera géré ne soit conclu.

Une proposition d'Addis-Abeba visant à étendre la portée d'un accord sur les opérations du projet GERD pour couvrir les eaux du Nil Bleu a fait échouer les négociations en cours au début du mois, le Soudan et l'Egypte ayant suspendu les pourparlers.

Toutefois, le dimanche 16 août, les trois pays ont convenu de reprendre les négociations le mardi 18 août sous les auspices de l'actuel président de l'Union africaine (UA), le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

"Que le dialogue, chers frères et sœurs d'Égypte, d'Éthiopie et du Soudan, soit votre seul choix, pour le bien de vos chères populations et du monde entier", a lancé le pape François dans son message du 15 août.

Le Saint-Père est le dernier dirigeant de l'Église à aborder la controverse autour du projet GERD. 

Fin juillet, le président de la conférence des évêques catholiques d'Éthiopie, le cardinal Berhaneyesus Souraphiel, a qualifié le barrage d'outil pour l'Éthiopie "pour sortir de la pauvreté, pour garantir une école accessible à tous - surtout pendant la période de confinement où il n'était pas possible pour de nombreux enfants de se connecter depuis la maison".

Le cardinal éthiopien a ajouté : "En tant qu'Eglise catholique, nous avons exprimé une position claire qui vise à une solution juste pour une utilisation équitable de ces eaux internationales".

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