mardi, 17 décembre 2024 Faire un don
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Les leaders religieux au Kenya plaident pour un dialogue national pour "désamorcer les tensions dans le pays".

Les chefs religieux au Kenya ont appelé à un dialogue national inclusif qui impliquerait "tous les Kenyans" afin de désamorcer les tensions qui ont caractérisé le paysage politique de cette nation d'Afrique de l'Est.

Dans une déclaration collective publiée le vendredi 16 octobre, les dirigeants mettent en garde, si les Kenyans "n'ont pas un changement d'avis urgent, nous risquons de connaître un conflit et une violence généralisés avant, pendant et après les élections de 2022".

"Nous appelons tous les Kenyans, et plus encore les dirigeants politiques et religieux, à être le fer de lance d'un processus de dialogue national destiné à désamorcer les tensions dans le pays", déclarent les représentants des dirigeants religieux du Kenya sous les auspices du Groupe de référence pour le dialogue (DRG) dans leur déclaration collective de six pages publiée lors de la conférence de presse du 16 octobre.

En plaidant pour un dialogue national inclusif, les responsables du DRG reviennent sur les trois scénarios mis en avant en juillet 2018 comme des situations probables auxquelles les Kenyans pourraient être confrontés dans un avenir proche si les dirigeants du pays ne règlent pas les questions litigieuses.

Le premier scénario, rappellent les représentants des huit organismes religieux membres, est celui de la "crise normalisée et de la stagnation nationale", qui est le "réglage par défaut pour le Kenya, où le pays est stabilisé mais où les conflits sous-jacents ne sont pas résolus".

Dans ce premier scénario, il y a une "opposition capturée et inefficace" ; une violation continue des droits de l'homme, l'impunité et le mépris flagrant de l'État de droit ; un règne continu de la corruption ; ainsi qu'un manque de réformes, de dialogue structuré, et la vie continue comme si de rien n'était.

Les chefs religieux, dont des représentants de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), décrètent que deux ans après leur mise en garde de 2018, "le pays reste dans un statut de Scénario 1".

Selon eux, le Kenya n'est pas seulement coincé dans le "scénario 1", mais "accélère vers le scénario 2" où le pays risque une "rechute dans le conflit".

Le deuxième scénario verrait l'effondrement des accords conclus entre le président Uhuru Kenyatta et le chef de l'opposition, Raila Odinga, "par la poignée de main", et l'implosion du parti du jubilé au pouvoir, ce qui entraînerait une discorde entre le président et son adjoint, William Ruto, et leurs partisans présumés.

Dans ce second scénario, les élections de 2022 occuperaient le devant de la scène, les campagnes politiques occultant la réconciliation nationale et le programme de développement, avec une mobilisation ethnique et une propagande négative. 

En outre, la direction du parti du jubilé au pouvoir utiliserait sa majorité pour consolider le pouvoir et entraver de véritables réformes.

Toujours dans le deuxième scénario, il y aurait l'émergence de milices clandestines, les membres du DRG mettent en garde et ajoutent qu'avec des institutions sociales affaiblies, il y aurait l'anarchie.

Le troisième scénario présente la situation idéale que les chefs religieux du Kenya veulent favoriser comme une voie à suivre. 

Dans ce scénario, les membres de l'entité interreligieuse de quatre ans formulent des recommandations qui permettront au pays de mettre en place un dialogue inclusif, de résoudre les conflits fréquents entre les communautés, ainsi que des réformes électorales.

Pour les réformes électorales, les membres du DRG recommandent de se concentrer sur les changements qui faciliteront la tenue d'"élections générales crédibles, libres, justes et vérifiables en 2022".

Ils affirment qu'un référendum n'est pas possible avant les prochaines élections générales et qu'une fenêtre pour les réformes par le biais du Parlement s'achèvera en juin 2021.

Concernant l'initiative Building Bridges (BBI) qui est "désormais un outil politique qui va forcément conduire à plus de division que d'unité", les représentants des organismes religieux au Kenya veulent que le rapport du BBI et les propositions de l'équipe "soient publiés pour s'assurer que le discours futur porte sur le contenu plutôt que sur la diatribe politique toxique à laquelle nous avons assisté jusqu'à présent".

"Ce groupe de référence pour le dialogue continue d'être consterné par l'impunité flagrante qui est le fondement de la corruption dans ce pays. Il n'y a pas de justice dans la corruption", affirment les membres de l'entité religieuse dirigée par l'archevêque catholique Mgr Martin Kivuva de Mombasa dans leur déclaration du 16 octobre obtenue par ACI Afrique.

Ils demandent instamment au président Uhuru Kenyatta "d'instituer un processus consultatif élargi pour élaborer une stratégie d'éradication de la corruption pour la nation. Les réactions impulsives des genoux ne permettront pas d'éradiquer l'impunité qui alimente la corruption".

Les chefs religieux demandent en outre que les quatre postes vacants de la Commission électorale et de délimitation des circonscriptions électorales indépendante (IEBC) soient pourvus et recommandent que les responsables de l'organe électoral mettent régulièrement à jour et fassent participer les Kenyans aux préparatifs des élections générales de 2022. 

Nous devons éviter de traiter les élections comme une urgence, affirment les membres du DRG dans leur déclaration du 16 octobre.

Ils font référence à un épisode où des agents de sécurité auraient perturbé le culte public afin d'empêcher les politiciens de s'adresser aux fidèles en disant que cette action constituait une "interférence avec le droit au culte", était "inappropriée" et ne devrait pas se reproduire. 

"Alors que la justice est au cœur de l'humanité et d'une nation stable, la justice elle-même dépend de la vérité. Embrassons tous la vérité, et résistons à ceux qui colportent des mensonges", déclarent les représentants des leaders religieux du Kenya sous la DRG dans leur déclaration du 16 octobre.

Créé en 2016 pour faire progresser la bonne gouvernance, la paix, la cohésion et la stabilité du pays, en mettant l'accent sur la garantie d'élections libres, pacifiques et crédibles en 2017, le DRG est composé de représentants de huit organismes religieux, dont le KCCB.

(L'histoire continue ci-dessous)

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