Oyo, 16 avril, 2021 / 9:07 PM
Les dirigeants chrétiens d'Afrique ont, dans leurs messages de solidarité avec les adeptes de la foi islamique pendant leur jeûne du Ramadan, appelé à l'unité de toutes les religions du continent pour mettre un terme à la violence prolongée qui continue de faire des victimes parmi les chrétiens et les musulmans, notamment dans les pays d'Afrique de l'Ouest.
Dans son message partagé avec ACI Afrique au début du mois sacré du Ramadan, mardi 13 avril, Mgr Emmanuel Badejo du diocèse catholique d'Oyo au Nigeria observe avec enthousiasme que l'une des célébrations les plus importantes de la foi islamique coïncide avec celle des chrétiens.
"Au nom du clergé, des personnes consacrées et des laïcs du diocèse catholique d'Oyo, nous souhaitons vous féliciter, nos chers frères et sœurs, alors que vous commencez à observer l'un des plus beaux principes de l'islam, le jeûne du Ramadan", déclare Mgr Badejo dans son message.
Il ajoute dans le message envoyé par l'intermédiaire de la Commission de dialogue interreligieux (CDI) du diocèse : " Le Tout-Puissant Allah, qui permet tout ce qui est bon, doit avoir une part de responsabilité dans la coïncidence qui fait que vous commencez ce noble exercice spirituel alors que les chrétiens célèbrent encore la joie de Pâques. "
Le ramadan est le neuvième mois du calendrier islamique. On pense que le Coran, le texte religieux central de l'islam, a été remis au prophète Mahomet au cours de cette période.
Dans le message que Mgr Badejo a cosigné avec le directeur de l'IRD du diocèse d'Oyo, le père Joseph Wale Ogundipe, la direction du diocèse nigérian observe avec regret que les tueries se sont multipliées dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, dans des attaques qui semblent avoir été menées sans discrimination, visant "les chrétiens et les musulmans". ”
"Chers amis, nous nous sentons tous très préoccupés par le taux actuel de violence, d'enlèvements, de banditisme et d'effusion de sang dans notre pays", déclare Mgr Badejo, et ajoute : "Cela concerne aussi bien les chrétiens que les musulmans et rend la vie quotidienne et les moyens de subsistance difficiles pour tous."
L'Ordinaire du diocèse d'Oyo, qui est également président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS), exprime la nécessité pour le peuple de Dieu en Afrique de l'Ouest de s'inquiéter de ce qu'il appelle un siège actuellement imposé au Yorubaland (pays d'Afrique de l'Ouest) par des enlèvements violents, des viols et des meurtres de femmes, de fermiers et de citoyens ordinaires.
Il affirme que la culture africaine est une culture qui respecte le caractère sacré de la vie et les droits de tous les citoyens tout en protégeant une coexistence harmonieuse, soulignant la nécessité pour les musulmans et les chrétiens de se donner la main et de promouvoir les vertus de l'équité, de la paix et de la justice.
Selon l'évêque nigérian, cela permettrait à la société ouest-africaine de retrouver "le chemin de la sérénité et de la prospérité".
L'évêque de 59 ans affirme en outre que les catholiques du Nigeria, en particulier dans son diocèse, sont prêts à travailler ensemble avec leurs frères et sœurs de confession islamique pour réaliser le développement du pays.
"En tant que catholiques, nous sommes ouverts à travailler avec vous pour un développement humain fructueux et holistique qui améliorera l'avenir de nos enfants et de la société", déclare Mgr Badejo dans son message au début du mois sacré du Ramadan, ajoutant : "Sur cette note, nous prions pour nos dirigeants religieux et politiques afin que le Tout-Puissant Allah les aide à nous diriger correctement."
"En priant pour que vous observiez avec succès cette saison sainte, nous vous assurons de notre bonne volonté et prions pour que votre supplication apporte la paix à notre monde, à notre pays et au Yorubaland en particulier. Nous vous souhaitons un mois de Ramadan béni. Ramadan Kareem !!! Ma Sallam !", dit l'évêque qui est à la tête du diocèse d'Oyo depuis novembre 2009.
Dans un message distinct adressé aux musulmans de l'île Maurice, les dirigeants du Conseil des religions de ce pays insulaire situé au large de la côte sud-est de l'Afrique ont félicité la communauté musulmane pour être restée fidèle à sa religion malgré la pandémie de COVID-19 qui a perturbé les célébrations religieuses.
"Le Conseil des religions souhaite Ramadan Kareem à nos frères musulmans qui entament le mois sacré du jeûne. Nous prions pour que Dieu tout-puissant écoute les prières de son peuple et accroisse en nous la foi, l'espérance et la charité", indique la direction du Conseil dans la lettre signée par le président, le père Philippe Goupille.
Selon le Conseil des religions de l'île Maurice, la situation sanitaire de Covid-19 a été "un signe prophétique pour la planète Terre".
"Le monde matérialiste qui prenait son envol sans se soucier du bien commun s'est soudainement arrêté et cet arrêt nous a fait beaucoup réfléchir sur le retour aux sources et la revisitation de nos valeurs intrinsèques", indique le père Goupille, clerc du diocèse catholique de Port-Louis, dans le communiqué daté du lundi 12 avril.
Il ajoute : "Pour deux années consécutives, les mosquées sont restées fermées et nous saluons la communauté de foi qui a su s'adapter pour vivre le mois sacré du Ramadan chez elle avec la même ferveur qu'en temps normal."
Le responsable du Conseil des religions à Maurice se dit optimiste qu'en plus des exercices spirituels qui renforceront la vie intérieure du croyant, le mois de jeûne pour la communauté musulmane sera pour beaucoup un élan de solidarité pour contribuer aux besoins des autres et surtout aux démunis de la société.
"La spiritualité qui nous rapproche du Dieu créateur nous amènera aussi à nous rapprocher de nos frères pour qu'ils aient de quoi manger et qu'ils ne souffrent pas de la précarité de la vie qui détruit la dignité de l'être humain", déclare le père Goupille, et ajoute : "Que le Dieu très miséricordieux vous accorde sa grâce en ce temps de jeûne et que vos prières soient exaucées."
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