Abidjan, 06 janvier, 2020 / 2:32 AM
Alors que les catholiques du monde entier réfléchissaient sur le message du Pape François pour la 53ème Journée mondiale de la Paix marquée le mercredi 1er janvier 2020, un cardinal africain a appliqué le texte du Saint-Père à la situation de son pays, a rappelé une décennie de "blessures qui luttent pour guérir" et a appelé ses compatriotes à prendre note de la description de la paix par le Souverain Pontife comme "une grande et précieuse valeur, objet de notre espérance et aspiration de toute la famille humaine".
Le message du Saint-Père publié le 8 décembre 2019 était intitulé : " La paix, un chemin d'espérance : dialogue, réconciliation et conversion écologique ".
Partant de la réflexion du Saint-Père sur les " terribles épreuves des conflits civils et internationaux " qui touchent de nombreuses nations du monde, afin que " notre communauté humaine porte, dans sa mémoire et dans sa chair, les cicatrices de guerres et de conflits toujours plus dévastateurs qui touchent particulièrement les pauvres et les vulnérables ", le Cardinal Jean Pierre Kutwa, archevêque métropolitain d'Abidjan en Côte d'Ivoire, a rappelé la crise politique de son pays d'Afrique de l'Ouest il y a une décennie.
" De la violence qui marque depuis longtemps le corps et l'âme, ainsi que la mémoire, et loin de la volonté d'ouvrir les plaies qui peinent à se cicatriser, faut-il rappeler que le souvenir de la récente crise post-électorale de 2010 avec son lot de morts, de blessés, de déplacés, de prisonniers, d'exilés, de biens détruits... est encore vivant dans le cœur de beaucoup de nos concitoyens qui, je veux parier, donneraient tout, pour connaître une paix stable et durable, pour vaquer sereinement à leurs occupations ! Le cardinal Kutwa a fait remarquer qu'en référence à la crise politique ivoirienne de 2010-2011, qui a débuté après la prise de fonction du président du pays depuis 2000, Laurent Gbagbo a été déclaré vainqueur de l'élection de 2010.
Rappelant les souvenirs de la violence qui a caractérisé la crise et réfléchissant au message du Pape François pour la Journée mondiale de la paix, le Cardinal ivoirien a estimé qu'il était urgent pour ses compatriotes de "donner des signes qui vont dans le sens de l'apaisement et du vivre ensemble", notamment en allant "ensemble pour la création d'un environnement électoral pacifique".
Cet appel à travailler ensemble a été le thème de la 23ème Journée nationale de la paix en Côte d'Ivoire, a rappelé le Cardinal en disant : " Je voudrais répéter ici ce que j'ai dit à l'occasion de la célébration de la 23ème édition de la Journée nationale de la paix : 'fils et filles de Côte d'Ivoire, écoutons le Seigneur, dis à chacun de nous : mon fils ne se laisse pas ronger par le désir de vengeance' ".
Depuis 1996, la Côte d'Ivoire commémore la Journée nationale de la paix le 15 novembre.
" Ne répondez pas au mal par le mal, car vous deviendriez alors comme vos agresseurs ; ne vous laissez pas déstabiliser par le ressentiment, ce serait donner à l'autre, un pouvoir sur vous, le pouvoir de vous détruire, dans le meilleur de vous-même ; n'entrez pas dans le jeu du Mal, vous y laisserez votre âme ", a rappelé le Cardinal et ajouté : " Si vous pouviez être au-dessus de tout le mal dont vous êtes l'objet, quelle démonstration de force ce serait de votre part ! En fin de compte, faites plus : comprenez vos ennemis ! Aimez-les !"
"Avec le Pape, j'aimerais me poser des questions : ''Comment, alors, construire un chemin de paix et de reconnaissance mutuelle ? Comment briser la logique macabre de la menace et de la peur ? Comment briser la dynamique de méfiance qui prévaut actuellement", a interrogé le prélat ivoirien, âgé de 74 ans, qui a lancé un appel : "Nous devons poursuivre une véritable fraternité, fondée sur l'origine divine commune et exercée dans le dialogue et la confiance mutuelle".
Il a ajouté : "Le désir de paix est profondément inscrit dans le coeur de l'homme et nous devons nous résigner à rien de moins."
Il a encouragé à ouvrir et à tracer "le chemin de la paix" en citant le message du Pape François publié le 8 décembre 2019 selon lequel "le monde n'a pas besoin de paroles vides, mais de témoins convaincus, d'artisans de paix, ouverts au dialogue sans exclusions ni manipulations".
" Ici en Côte d'Ivoire, maintenant, ce n'est plus à nous de nous asseoir pour discuter mais de nous asseoir, de discuter pour écouter et comprendre l'autre et ce qu'il dit, en lui accordant le crédit de l'honnêteté et de la bonne foi ", a dit le prélat ivoirien.
Il a ajouté : " Je rêve d'un moment où tous nos grands dirigeants pourront s'asseoir autour d'une même table pour s'écouter mutuellement afin d'œuvrer à la poursuite de la cohésion, de l'unité et de la paix ; le président a toutes leurs paroles et leurs actions politiques ".
Relevant l'appel du Pape à la paix qui est " un chemin de conversion écologique " et la nécessité de cultiver et de garder " les multiples formes de vie et la terre elle-même " confiées à l'humanité, le Cardinal ivoirien a déploré le
Faisant référence à sa nation d'Afrique de l'Ouest, il a crié : " Imaginez ici, la destruction très progressive des forêts classées en banco et autres réserves naturelles de notre pays ! Quelle tragédie ce serait pour les générations à venir ! Et pourtant la menace est réelle si nous considérons l'urbanisation galopante de nos villes comme s'il n'y avait pas de plan directeur !"
Il a ajouté : " Le problème séculaire de la terre rurale, ainsi que les questions de réchauffement climatique, sont là pour nous rappeler qu'il y a un danger dans la maison et qu'il est urgent d'agir !
Suite à l'affirmation du Saint-Père selon laquelle nous ne pouvons obtenir la paix si nous ne l'espérons pas, le Cardinal ivoirien a dit : " Aspirons de toutes nos forces à la Paix et Dieu nous l'accordera !
"Le message du Saint-Père est, en somme, une invitation à comprendre enfin que la paix est un chemin d'espérance face aux obstacles et aux épreuves, qu'elle est aussi une manière d'écouter fondée sur la mémoire, sur la solidarité et sur la fraternité", a conclu le cardinal Kutwa, en souhaitant à ses compatriotes "une année 2020 heureuse, heureuse et sainte".
Le pape Saint Paul VI a inauguré la tradition de célébrer le premier jour de l'année comme Journée mondiale de la paix en 1968.
Dans l'homélie qu'il a prononcée pendant la messe à l'occasion du 53e anniversaire de la célébration, le pape François a qualifié les femmes de " donneuses et médiatrices de paix " et a encouragé toutes les sociétés du monde à faire en sorte que les femmes soient " pleinement incluses dans les processus de décision ".
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