Les évêques catholiques d'Afrique de l'Ouest dénoncent "les politiques" permettant l'exploitation et la marginalisation

Abuja, 09 mai, 2022 / 9:35 PM

Les évêques catholiques d'Afrique de l'Ouest ont, dans le communiqué final de leur quatrième Assemblée plénière de la CERAO, dénoncé les "politiques et pratiques" qui laissent place à l'exploitation des populations et à la marginalisation des personnes.

Dans le communiqué du samedi 7 mai partagé avec ACI Afrique, les membres de la Conférence épiscopale régionale de l'Afrique de l'Ouest (CERAO) appellent "les politiciens, les autres dirigeants et même notre peuple à l'ordre dans leur désir sans fin d'auto-agrandissement et d'acquisition de richesses".

"Nous dénonçons fermement les politiques et les pratiques de nos gouvernements et de nos dirigeants qui facilitent et permettent l'exploitation et la marginalisation de notre peuple et mettent en danger l'avenir de nos enfants", indiquent les membres de la CERAO dans leur déclaration collective.

Ils déplorent que "tragiquement, certains individus engagés dans des actes de violence et de terrorisme ont aggravé l'état d'insécurité dans notre sous-région."

Les membres de la CERAO soulignent les défis auxquels est confronté le peuple de Dieu dans leurs pays respectifs : "Notre peuple a faim, est déshumanisé et souffre ; nos jeunes sont exposés à des aventures dangereuses en haute mer dans leur quête de pâturages plus verts à l'étranger. Nous sommes appelés à donner de l'espoir à ces gens".

"Nous demandons à tous de ne jamais se lasser de dénoncer et d'extirper de tels maux parmi nous", déclarent les évêques catholiques des pays d'Afrique de l'Ouest qui constituent la CERAO dans leur communiqué du 7 mai.

Ils exhortent en outre "les politiciens chrétiens, les chefs traditionnels, les technocrates, les professionnels, en particulier ceux des médias, les hommes et femmes d'affaires, et en fait tous nos concitoyens à vivre leur vocation chrétienne en combattant la corruption, l'ethnocentrisme, le sectionnalisme et toutes les formes d'injustice dans la société".

La CERAO regroupe 16 pays d'Afrique de l'Ouest, dont le Bénin, le Burkina Faso, le Niger, la Côte d'Ivoire, la Gambie, la Sierra Leone, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Nigeria, le Sénégal, la Mauritanie, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau et le Togo.

Au cours de l'assemblée plénière de la CERAO, qui s'est tenue du 2 au 9 mai, les délégués ont discuté de la lettre encyclique du pape François sur la fraternité humaine et l'amitié sociale, Fratelli Tutti, et des défis auxquels la région est confrontée en vue d'élaborer des stratégies pour une "paix durable".

Dans leur déclaration collective du 7 mai, les membres de la CERAO soulignent l'importance de la fraternité humaine dans la sous-région ouest-africaine.

Ils disent : "Fratelli Tutti peut nous aider dans notre responsabilité d'engendrer une gouvernance pastorale efficace et une plus grande amitié sociale en Afrique de l'Ouest et dans le monde entier."

Ils reviennent sur la pandémie de coronavirus en disant : "Les deux dernières années de la pandémie de COVID-19 nous ont fait prendre conscience qu'en fin de compte, nous sommes tous une seule famille. Elle nous a ouvert les yeux sur le fait que nous ne pouvons pas faire face à nos problèmes seuls ou de manière isolée."

"Par conséquent, nous devons nous prémunir contre la culture de l'indifférence et de l'individualisme. Nous devons toujours nous rassembler dans la solidarité pour travailler pour notre bien commun", ajoutent les responsables de l'Église catholique en Afrique de l'Ouest.

Ils exhortent "les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté de notre sous-région à surmonter les diverses barrières afin de tendre la main aux autres dans le besoin. Nous nous sentons appelés à donner un témoignage plus fort de nos valeurs chrétiennes."

"Il nous est rappelé à tous, évêques, prêtres, personnes consacrées et fidèles laïcs, que nous sommes, comme l'a souligné Jésus, le sel de la terre. Étant donné que beaucoup de nos concitoyens souffrent, nous sommes exhortés à faire preuve d'un plus grand engagement chrétien pour soulager leurs peines et leur donner une raison de continuer à vivre", affirment les membres de la CERAO.

Ils poursuivent : "Fratelli Tutti appelle à la collaboration de tous les organes au sein de l'Eglise et avec les autres religions, les organisations de la société civile et les gouvernements à tous les niveaux. Le document nous exhorte également à construire une véritable fraternité pour éliminer toutes les formes de tribalisme et d'ethnocentrisme qui rongent profondément les tissus de paix et d'amour dans notre société."

Les évêques catholiques regrettent le fait que le "statu quo, dans lequel semble se trouver l'Afrique de l'Ouest en matière de paix, qui n'est que synonyme d'absence de guerre, ne fait nullement avancer les solutions aux problèmes complexes dans lesquels se trouvent aujourd'hui de nombreuses personnes et communautés en Afrique de l'Ouest."

"L'Église, les autres organisations religieuses, les gouvernements, les dirigeants politiques et traditionnels, les organisations de la société civile et les personnes de bonne volonté ont l'obligation morale et spirituelle de veiller à ce que les générations actuelles vivent en paix et que la génération future hérite d'une Afrique de l'Ouest habitable et dépourvue de calamités causées par l'homme", indiquent les membres de la CERAO dans leur déclaration collective.

Sur une note positive, les responsables de l'Église catholique en Afrique de l'Ouest disent qu'ils "comptent beaucoup sur les lueurs d'espoir qui résonnent dans diverses sphères".

"Nous restons optimistes et pensons qu'aucun des problèmes qui assaillent notre sous-région n'est insurmontable. Cependant, nous devons travailler ensemble, avec des esprits similaires dans la politique, la religion, l'économie, la vie sociale, les médias, en synergie pour lutter contre toutes les formes d'inhumanité de l'homme envers l'homme", ajoutent-ils.

La CERAO implore : "Nous prions le Dieu tout-puissant, qui n'est jamais en reste en matière de générosité, de récompenser les Nigérians toujours plus abondamment. Que la joie et la paix du Seigneur ressuscité demeurent avec vous tous."