dimanche, 19 janvier 2025 Faire un don
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Travaillons sur "comment construire un nouveau Nigeria sur le sang de nos martyrs" : Un évêque catholique

Deborah Yakubu

La lapidation et le meurtre de Deborah Yakubu et d'autres personnes qui ont été tuées au Nigeria en raison de leur foi devraient constituer une base sur laquelle un pays qui embrasse la liberté religieuse peut être reconstruit, a déclaré un évêque catholique dans la nation ouest-africaine. 

Dans une réflexion partagée avec ACI Afrique le lundi 16 mai, Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo appelle les Nigérians lésés à "prendre du recul" par rapport à leur colère et à forger un dialogue qui aidera le pays à aller de l'avant.

Mgr Badejo exhorte ses compatriotes à s'engager dans un discours public authentique et robuste et dans des stratégies de changement authentique pour le Nigeria".

"Certains d'entre nous ont besoin de prendre du recul par rapport à leur colère afin de pouvoir vraiment ruminer et réfléchir à la voie à suivre", déclare l'évêque du diocèse catholique d'Oyo au Nigeria dans sa réflexion.

Il ajoute : "Faisons des propositions solides mais positives sur la manière de construire un nouveau Nigeria sur le sang de nos "martyrs". Beaucoup semblent fatigués et réfractaires aux discussions et aux discours, mais quel que soit le problème, il faut une base théorique sur laquelle construire l'action."

Dans la réflexion du 16 mai, l'évêque Badejo admet qu'il a été profondément irrité par la lapidation et le brûlage de Deborah, une étudiante en économie au Shehu Shagari College of Education de Sokoto.

Divers médias ont indiqué que Deborah, étudiante en économie au Sokoto College, se serait disputée avec d'autres étudiants dans un groupe WhatsApp et que les étudiants musulmans parmi eux auraient affirmé qu'elle avait fait des déclarations blasphématoires sur le prophète Mahomet.

La dispute sur WhatsApp aurait eu lieu pendant le mois musulman du Ramadan, alors que le collège était en vacances. Lorsqu'ils ont vu Deborah au collège le jeudi 12 mai, tous les étudiants musulmans disponibles l'ont entourée et ont commencé à la lapider jusqu'à ce qu'elle tombe. Ils auraient fait en sorte qu'elle meure et auraient ensuite mis le feu à son corps.

"Je suis indigné", déclare l'évêque Badejo dans sa réflexion, et il ajoute : "Je suis tout aussi indigné que n'importe quel Nigérian sain d'esprit par le meurtre ignoble à Sokoto de Deborah Yakubu, une dame Zuru de Ribah dans l'État de Kebbi, parce qu'elle aurait exprimé une opinion que certains jeunes ont jugée offensante."

L'évêque catholique nigérian décrit le meurtre de Deborah comme "un crime barbare contre la vie et la décence humaines" et dit prier pour le repos de son âme.

"Elle n'est plus parmi nous. Que Dieu fasse reposer sa douce âme dans une paix parfaite", implore Mgr Badejo.

Il se dit conscient du fait que le meurtre de Deborah a suscité des réactions diverses, certains appelant à la protestation et à la vengeance.

Selon lui, si beaucoup ont cloué au pilori le gouvernement et les agences de sécurité pour leur "laxisme habituel et leur dissimulation", quelques-uns ont blâmé Deborah elle-même "pour avoir été imprudente et insouciante", sachant qu'elle vivait parmi "des loups qui la dévoraient" pour toute opposition apparente à leur foi.

"Certains appellent à la justice, d'autres à la vengeance", déclare l'Ordinaire du lieu d'Oyo, et ajoute : "Quoi qu'il en soit cependant, Deborah est partie. Que son âme repose dans une paix parfaite et que Dieu réconforte ses parents, sa famille et ses proches."

Mgr Badejo poursuit en condamnant le meurtre de l'étudiante chrétienne nigériane, affirmant que Deborah n'a rien fait pour garantir cette mort.

"Rien, je dis bien rien du tout ne peut justifier ou même excuser le massacre et le meurtre de quiconque par une foule sans cervelle comme ce que Deborah a subi. Elle peut être considérée comme négligente, insouciante ou même imprudente, mais aucun être humain ne mérite d'être traité comme elle l'a été", dit-il. 

"Dans les sociétés civilisées, même le criminel le plus endurci mérite une audience et un procès équitables. Deborah n'était certainement pas un criminel endurci", déclare l'Ordinaire local du diocèse d'Oyo, qui est également président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS), expliquant que le meurtre de Deborah va au-delà des droits religieux pour atteindre un niveau supérieur de droits de l'homme.

Il ajoute : "Il importe peu que Deborah ait été E.C.W.A, C.A.C, Redeem, catholique ou même musulmane. Elle avait des droits et une dignité qui ont été abrogés et bafoués de manière criminelle."

L'évêque catholique nigérian affirme que le déni des droits au Nigeria doit être sanctionné et empêché de se reproduire.

Selon Mgr Badejo, le cas de Deborah devrait servir de référence pour rattraper le retard accumulé dans ce domaine au Nigeria et éviter qu'il ne se reproduise. Il ajoute : "Si nous détournons nos yeux de cela, nous perdons tout".

Dans sa réflexion, Mgr Badejo apprécie le fait que de nombreux enseignants et érudits musulmans "crédibles" commencent à s'exprimer comme jamais auparavant, en critiquant les hypothèses et les affirmations de leurs coreligionnaires qui approuvent le meurtre de Deborah.

L'évêque catholique affirme que le peuple de Dieu a de grandes chances de bénéficier de ce qu'il décrit comme "une guerre d'idéologie qui s'interroge" avec la nouvelle approche adoptée par les érudits musulmans.

Il exhorte les chrétiens à toujours embrasser la paix et à s'engager auprès de la partie des musulmans qui est plus ouverte au dialogue.

"Je pense que nous, en tant que chrétiens, devons réfléchir et soigneusement amadouer et coopter cette section de la communauté musulmane afin de remporter une plus grande victoire pour le Nigeria et l'humanité", déclare Mgr Badejo dans sa réflexion partagée avec ACI Afrique le 16 mai. 

(L'histoire continue ci-dessous)

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Il ajoute : "Les marches de protestation et les réactions violentes ne sont pas toujours les meilleurs moyens d'entreprendre de tels projets. Ils nécessitent des expressions, des communications et des stratégies bien pensées qui induisent la réflexion, convainquent et persuadent le grand public afin que cette tragédie ne se reproduise pas."

L'évêque dit qu'il a parlé avec les pères de Deborah et Leah Sharibu qui restent aux mains des kidnappeurs islamistes, et que les deux pères ont fait preuve d'un grand sens du courage et de la foi.

Il dit, en référence aux pères de Leah et Deborah : "Ce sont les principales victimes et les dramatis personae de certaines des récentes débâcles du Nigeria." 

Mgr Badejo dit avoir également contacté son collègue, Mgre Matthew Hassan Kukah du diocèse catholique de Sokoto, la ville natale de l'établissement d'enseignement supérieur nigérian où Deborah a été lapidée.

Il affirme que Mgr Kukah et les parents de Leah et Deborah sont tous des personnes d'une foi très profonde qui ont une vision beaucoup plus large du problème actuel. "Leurs perspectives sont beaucoup plus larges et même plus sages que les opinions et les réactions de la plupart d'entre nous, Nigérians indignés. Je les admire et j'en déduis que ce cas particulier, qui arrive à ce moment critique de notre histoire politique, s'il est bien géré, peut être le point tournant qui permettra au Nigeria de découvrir l'hypocrisie de nos dirigeants et futurs dirigeants."

Mgr Badejo affirme que si elle est bien gérée, l'affaire Deborah "peut nous aider à nous engager dans un discours public authentique et robuste et dans des stratégies de changement authentique pour le Nigeria".

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