Cité du Vatican, 01 juin, 2022 / 7:50 PM
Le pape François a critiqué mercredi les personnes qui "se disent gardiennes des traditions, mais de traditions mortes", affirmant que ne pas aller de l'avant est dangereux pour l'Église d'aujourd'hui.
S'adressant aux organisateurs d'une conférence sur l'éducation le 1er juin, le pape a déclaré qu'il était vital de progresser en "puisant dans les racines".
Il a déclaré qu'"il y a une mode - à chaque époque, mais à cette époque de la vie de l'Église, je la considère comme dangereuse - qui veut qu'au lieu de puiser dans les racines pour aller de l'avant - c'est-à-dire les belles traditions - on 'recule', sans monter ni descendre, mais en reculant".
"Ce 'pas en arrière' fait de nous une secte ; il vous rend 'fermé' et coupe vos horizons. Ces personnes se disent gardiennes des traditions, mais de traditions mortes."
Le pape François a souligné que "la vraie tradition catholique chrétienne et humaine (...) grandit, progresse."
"L'éducation, pour sa part, est toujours enracinée dans le passé, mais elle ne s'arrête pas là : elle est orientée vers des 'initiatives tournées vers l'avenir', où l'ancien et le nouveau convergent pour créer un nouvel humanisme", a-t-il déclaré.
Le pape a souligné que la véritable tradition est "ce que ce théologien du Ve siècle a décrit comme une croissance constante : tout au long de l'histoire, la tradition grandit, progresse : ut annis consolidetur, dilatetur tempore, sublimetur aetate."
Le pape faisait référence à saint Vincent de Lérins, qui a écrit sur le développement de l'enseignement de l'Église en disant qu'il "se solidifie au fil des ans, s'étend avec le temps et se raffine avec l'âge."
Le pape François a invoqué cette citation à de nombreuses reprises depuis son élection en 2013, notamment dans une lettre sur Amoris laetitia en 2018.
Le pape n'a pas mentionné la liturgie ou la doctrine catholique dans son discours du 1er juin, mais a axé son discours sur l'éducation.
Il a déclaré que l'Énéide de Virgile contient une image qui "peut servir à illustrer la mission des éducateurs, qui sont appelés à préserver le passé (...) et à guider les pas des jeunes vers l'avenir."
"Un exemple éloquent de la façon d'affronter la crise se trouve dans la figure épique d'Énée, qui, au milieu des flammes de sa ville en feu, porte sur ses épaules son vieux père Anchise et prend le jeune fils Ascagne par la main, les conduisant tous deux en sécurité", a déclaré François.
"Énée se sauve, mais pas tout seul. Il emmène avec lui son père, qui représente son passé, et son fils, qui représente l'avenir. Et c'est ainsi qu'il va de l'avant", a-t-il ajouté.
Le pape François a déclaré que cette représentation de la tradition respectée et préservée lui rappelait "ce que Gustav Mahler disait de la tradition : "La tradition est la garantie de l'avenir", et non une pièce de musée."
Le pape a rencontré au Vatican les participants à une conférence organisée pour évaluer le travail accompli jusqu'à présent par son Pacte mondial pour l'éducation et pour planifier son développement dans les années à venir.
"Je vous remercie pour tout ce que vous faites au service de l'éducation, qui est aussi la contribution spécifique que vous offrez au processus synodal de l'Église. Continuez à avancer dans cette direction, du passé vers l'avenir, la croissance continue", a-t-il déclaré.
"Et soyez attentifs au 'pas en arrière' si en vogue aujourd'hui, qui nous fait penser qu'en reculant, nous pouvons préserver l'humanisme", a ajouté le pape.
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