Makurdi, 20 juillet, 2022 / 8:24 PM
L'évêque du diocèse catholique de Makurdi au Nigeria a dénoncé l'augmentation du nombre de chrétiens tués dans l'État de Benue au Nigeria, où il affirme qu'au moins 65 disciples du Christ ont perdu la vie "au cours des deux derniers mois" à la suite d'attaques ciblées.
Dans un rapport du mardi 19 juillet partagé avec ACI Afrique, Mgr Wilfred Chikpa Anagbe a déclaré à l'organisation caritative pontificale Aide à l'Église en détresse (AED) International qu'"au moins 68 chrétiens ont été tués, et beaucoup d'autres enlevés ou déplacés, au cours des deux derniers mois dans un seul État de la région centrale du Nigeria".
L'Ordinaire du lieu du diocèse de Makurdi, qui est l'un des diocèses de l'État de Benue, déplore également l'inaction du gouvernement fédéral du Nigeria et énumère les besoins criants de milliers de personnes parmi les 1,5 million qui ont été forcées de fuir leurs maisons respectives.
"Naturellement, le fait de devoir vivre avec une telle situation a été très terrible pour moi et mon peuple, c'est le moins que l'on puisse dire", déclare Mgr Anagbe.
Il ajoute que les attaques visant les chrétiens dans la nation la plus peuplée d'Afrique indiquent un programme "visant à dépeupler les communautés chrétiennes au Nigeria".
"Au cœur du problème se trouvent les attaques persistantes de terroristes de la tribu Fulani, majoritairement musulmans, contre des communautés agricoles majoritairement chrétiennes dans la région centrale du Nigeria", explique l'évêque catholique nigérian.
Les raisons de ces attaques "sont complexes", dit-il, et il ajoute : "Les conflits entre les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires remontent à des siècles, mais l'afflux d'armes à feu de qualité supérieure au cours des dernières années a rendu les attaques beaucoup plus meurtrières et destructrices."
Le membre des Fils missionnaires du Cœur Immaculé de Marie (Clarétains - CMF) affirme que "la dimension religieuse aggrave la situation dans un pays divisé de manière égale entre un sud majoritairement chrétien et un nord majoritairement musulman, la plupart des affrontements ayant lieu dans la région centrale, qui possède également les terres les plus fertiles."
Selon Mgr Anagbe, "les terroristes se déguisent en bergers nomades pour dissimuler la véritable intention de leurs attaques, qui est de chasser les chrétiens de leurs terres."
Cette situation a provoqué "de graves pénuries alimentaires insupportables", dit-il, et il explique : "L'État de Benue est connu pour être le panier alimentaire de la nation, mais le terrorisme a affecté la situation de l'approvisionnement alimentaire."
En conséquence, Mgr Anagbe affirme que "les agriculteurs qui pouvaient habituellement subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles doivent maintenant survivre grâce à la charité."
"La situation de manque a réduit beaucoup de gens à une condition indigne de la dignité humaine, comptant souvent sur les rations alimentaires apportées par d'autres dont la condition économique n'est en rien meilleure", ajoute l'évêque qui a commencé son ministère épiscopal en octobre 2014 en tant qu'évêque coadjuteur du diocèse de Makurdi.
Il ajoute que le diocèse catholique de Makurdi abrite "plus de 80 %" des 1,5 million de personnes déplacées citées dans l'État de Benue.
Malgré les défis financiers, l'évêque qui est à la tête du diocèse de Makurdi depuis mars 2015 affirme que "l'Église locale a fait de son mieux pour soulager la souffrance et les besoins, en fournissant une aide alimentaire et des biens essentiels."
"Récemment, la Commission Justice, Développement et Paix a distribué de la nourriture et des vêtements à plus de 1 800 personnes dans un seul camp", dit-il, et il ajoute : "Le diocèse fournit également des bourses d'études à des dizaines d'enfants déplacés, afin qu'ils ne manquent pas l'opportunité d'une éducation."
L'instabilité de la région rend parfois difficile la réalisation d'activités pastorales, indique Mgr Anagbe, qui poursuit : "Depuis quelques années, je n'ai pas été en mesure de mener des activités pastorales dans certaines parties de mon diocèse."
"Parallèlement à toutes les initiatives susmentionnées, nous n'avons pas oublié le soin pastoral que ces personnes méritent", dit-il.
"Il y a une paroisse dans certaines des zones d'installation qui répond aux besoins spirituels des personnes déplacées", dit l'évêque Anagbe, ajoutant qu'il espère toujours acheter une clinique mobile pour aider à répondre aux besoins sanitaires et psychosociaux des personnes déplacées.
Dans le rapport du 19 juillet, les responsables de l'AED déclarent : "Les problèmes liés aux bergers fulanis, aux groupes armés et aux extrémistes islamiques au Nigeria durent depuis plusieurs années, mais l'Église se plaint que l'inaction du gouvernement n'a fait qu'aggraver la situation."
Selon Mgr Anagbe, "l'ampleur des meurtres, des déplacements et des destructions gratuites de biens par ces milices djihadistes fulanis ne fait que renforcer le programme désormais révélé de dépeuplement des communautés chrétiennes au Nigeria et d'appropriation des terres."
Il rejette la responsabilité de la situation sur l'administration dirigée par Muhammadu Buhari, en déclarant : "Il est révélateur que le gouvernement au pouvoir au Nigeria en ce moment continue à ne rien faire contre ces attaques persistantes, sauf à donner des raisons risibles comme le 'changement climatique' ou le fait que certains musulmans aussi sont parfois tués dans des attaques de soi-disant bandits."
Mgr Anagbe reconnaît avec gratitude le soutien que son siège épiscopal a reçu d'ACN, qu'il décrit comme " une source de lumière dans une vallée de ténèbres ".
L'AED continue de soutenir l'Église locale, qui souffre de la pauvreté et de la persécution dans de nombreuses régions du pays.
Le rapport du 19 juillet indique qu'en 2021, AED a financé 105 projets dans différents domaines au Nigeria.
(L'histoire continue ci-dessous)
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