Mogadiscio, 06 août, 2022 / 8:29 PM
La direction de l'agence de développement des évêques catholiques d'Irlande, Trócaire, a déclaré que l'entité a triplé les centres de stabilisation dans la région de Gedo en Somalie depuis le début de l'année afin de relever le défi de la malnutrition.
Dans une interview accordée à la radio RTÉ 1 publiée jeudi 4 août, Paul Healy, directeur national de Trócaire Somalie, a attribué la malnutrition aux effets du changement climatique, notamment à une sécheresse prolongée dans le pays de la Corne de l'Afrique.
"En ce qui concerne la malnutrition, nous avons des milliers de personnes qui arrivent chaque mois ; notre centre de stabilisation pour la malnutrition à travers Gedo a triplé en nombre par rapport à ce que nous avions au début de l'année", a déclaré M. Healy à la radio RTÉ 1.
Il a précisé que les personnes admises dans ces centres sont traitées pour des cas de malnutrition aiguë sévère et d'autres complications de santé, ajoutant : "Nous les accueillons pendant plusieurs semaines et essayons de nous assurer qu'elles ont récupéré de manière adéquate."
Le directeur de l'entité catholique irlandaise a déclaré qu'en plus de donner aux familles des personnes admises "des paniers alimentaires pour qu'elles puissent traverser cette période", Trócaire tente également de s'attaquer aux causes profondes de la malnutrition.
Le défi de la malnutrition et des autres problèmes auxquels le peuple de Dieu en Somalie est confronté pourrait ne pas prendre fin de sitôt, a déclaré M. Healy au cours des entretiens radiophoniques, ajoutant que la crise pourrait se prolonger jusqu'en 2023 et au-delà en raison de la 5e saison de faibles pluies attendue.
Dans un rapport du 11 juillet, M. Healy a déclaré qu'en dépit du fait que le monde se concentre sur la "terrible crise en Ukraine", ce qui se passe "en Somalie et dans la Corne de l'Afrique" ne doit pas être négligé.
"La malnutrition sévère s'est installée en Somalie et la situation va empirer dans les mois à venir si aucune action urgente n'est entreprise", a déclaré le responsable de Trócaire.
Dans l'entretien avec la radio RTÉ qui a été publié le 4 août, M. Healy a fait référence à sa propre expérience en Somalie, en déclarant : "J'observe cette situation depuis plus de deux décennies maintenant et j'ai vu une diminution progressive de la prévisibilité des pluies, de longues saisons de sécheresse, de graves inondations et tous sont précipités par l'impact du changement climatique."
Il a rappelé un incident où une famille a perdu un enfant sur le chemin du camp de déplacés de Boyle et que la famille a dû enterrer l'enfant au bord de la route et continuer le voyage.
"Je ne peux simplement pas imaginer la souffrance des mères qui ont vu cet enfant mourir sur la route", a déclaré le directeur national de Trócaire Somalie.
En ce moment, a-t-il dit, "nous nous adressons à un quart de million de personnes dans le centre-sud de la Somalie, dans la région de Gedo, qui vivent là depuis 30 ans mais qui ont tout perdu."
Il a expliqué : "3 millions de têtes de bétail ont disparu, la moitié de la population est au bord de la famine, les prix des produits de base ont augmenté en raison de facteurs économiques mondiaux, la situation est réellement désespérée et il n'y a jamais eu de sécheresse comme celle-ci depuis 70 ans."
Dans l'interview accordée à la radio RTÉ 1, M. Healy a exprimé sa gratitude pour le soutien apporté par le gouvernement irlandais et a déclaré que la réponse humanitaire à la crise en Somalie est d'environ 30 %, ajoutant qu'il y a un "énorme besoin de plus de soutien."
Il a ajouté : "Le public irlandais ne nous a jamais oubliés ; le souvenir historique de la famine est toujours présent en Irlande et nous réclamons un soutien financier pour pouvoir répondre aux besoins des plus vulnérables, en particulier les enfants dans nos centres de stabilisation avec des choses de base comme la nourriture."
M. Healy a ajouté en référence aux réfugiés : "Ils arrivent dans les camps de déplacés avec littéralement rien, sauf les vêtements dans leurs sacs."
"Espérons que la communauté mondiale prêtera attention à ce stade, car il n'y a pas eu assez d'attention ces dernières années", a-t-il déclaré à la radio RTÉ 1.
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