lundi, 23 décembre 2024 Faire un don
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Les évêques catholiques se retirent du dialogue national inclusif du Tchad, invoquant l'absence de "dialogue"

Les évêques catholiques au Tchad.

Les évêques catholiques du Tchad ont, dans une déclaration collective, annoncé leur retrait de l'initiative de Dialogue National Inclusif (DNI) du pays, dénonçant le manque de "dialogue".

Le 21 août, plus de 1 400 délégués du gouvernement militaire, de la société civile, des partis d'opposition, des syndicats et des groupes rebelles se sont réunis à N'Djamena pour le DNI, qui doit durer trois semaines. Ils devraient discuter de la réforme des institutions et d'une nouvelle constitution, qui doit être soumise à un référendum.

Dans leur déclaration du samedi 3 septembre partagée avec ACI Afrique, les membres de la Conférence épiscopale du Tchad (CET) déclarent que "l'Eglise catholique, dont la mission est d'œuvrer pour la réconciliation, la justice et la paix, s'est sentie concernée et a accordé une importance particulière à ce dialogue en y prenant part avec une délégation composée d'évêques, de prêtres et de laïcs".

Cependant, selon les membres du CET, "il n'y a pas eu de dialogue" dans les délibérations en cours de la DNI.

"C'est pourquoi nous sommes obligés de suspendre notre participation aux sessions afin de ne pas cautionner le contrôle d'un groupe sur le processus de dialogue", affirment encore les évêques catholiques du Tchad.

Ils notent que "le dialogue est basé sur l'écoute de l'autre, et le verbe dialoguer peut se résumer ainsi : se rapprocher, s'exprimer, s'écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact."

"Nous avons l'impression d'assister à une campagne électorale avec, d'un côté, ceux qui soutiennent le changement et le renouvellement de la classe politique et, de l'autre, ceux qui bloquent tout et veulent continuer comme avant en mettant en place une machine savamment orchestrée", indiquent les évêques catholiques du carrefour de la nation nord et centre africaine.

La DNI, qui était initialement prévue en février mais a été reportée à plusieurs reprises, se tient moins de deux semaines après que la junte tchadienne et 40 groupes rebelles ont signé un accord à Doha.

En avril 2021, le président Idriss Déby Itno, qui était à la tête du pays depuis 1990, est décédé après avoir succombé aux blessures d'une bataille avec le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), un groupe rebelle de l'armée dissidente dans la partie nord du pays.

Après sa mort, un conseil de transition composé d'officiers militaires et dirigé par le fils de Deby, Mahamat Idriss Déby Itno, en tant que président par intérim, a commencé à superviser la période de transition du Tchad pour les 18 prochains mois.

Le conseil a publié une charte qui définit le rôle des membres qui devraient être nommés au conseil national de transition, une charte qui a été rejetée par les partis d'opposition du pays.

Dans leur déclaration collective de deux pages, les évêques catholiques du Tchad déclarent : "Ce dialogue, à la fois politique et social, doit avant tout réunir les acteurs politiques et ceux de la société civile, dont beaucoup sont encore à l'extérieur."

"Avec d'autres leaders religieux et quelques sages, nous avons pris l'initiative d'offrir nos services de médiation afin d'intégrer les absents", indiquent les membres du CET, avant d'ajouter : "Mais au fur et à mesure que nous avançons, nous constatons que le caractère inclusif et souverain de ce dialogue s'effrite."

"Alors que nous poursuivons la médiation avec ceux qui sont à l'extérieur, certains participants ont quitté le dialogue ou menacent de le quitter pour protester contre la manière confuse dont le règlement intérieur a été adopté et la façon totalement bizarre dont le consensus a été atteint dans la désignation du présidium", expliquent les responsables de l'Église catholique.

Ils notent que les Tchadiens "attendent beaucoup de ce dialogue, car les conclusions devraient permettre de rétablir l'ordre constitutionnel rompu par le décès inattendu du président de la République."

"Il devrait également permettre à tous les fils et filles du Tchad de s'entendre sur un nouveau contrat social dont les bases seront la justice et la bonne gouvernance, gages d'une paix véritable", affirment les membres du CET, qui ajoutent qu'ils restent disponibles pour "continuer à proposer leurs services dans toute nouvelle démarche de réconciliation que nous jugerons sincère."

"La paix est un don de Dieu, mais c'est aussi une œuvre de justice de la part des hommes", disent-ils encore, et d'ajouter : "Nous prions sans cesse pour la conversion des cœurs endurcis par les intérêts égoïstes et nous implorons le Dieu tout-puissant pour la paix pour notre pays."

Ils implorent encore : "Que Dieu bénisse notre pays et tous ses habitants."

En juillet 2021, les membres du CET plaident pour un "dialogue national inclusif" qui puisse réunir les acteurs de la vie sociopolitique du pays.

En décembre 2021, les responsables de l'Église catholique ont déclaré que toutes les conditions nécessaires à un dialogue "crédible et sincère" dans la nation nord-centrale africaine du Tchad n'étaient pas réunies.

"Pour beaucoup de nos concitoyens, le processus de dialogue national inclusif représente un grand espoir pour assurer une paix durable dans notre pays", ont déclaré les évêques catholiques dans leur message du 10 décembre 2021.

Ils ont exhorté toutes les institutions de la transition "à écouter les attentes du peuple tchadien dans la mise en œuvre de la feuille de route de la transition."

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