N'djamena, 18 septembre, 2022 / 8:36 PM
Les évêques catholiques ont attribué leur retrait des sessions du Dialogue National Inclusif (DNI) à leur statut de neutralité et à la nécessité de "garder une distance égale entre les parties" en conflit dans cette nation d'Afrique centrale et du Nord.
Le 21 août, plus de 1 400 délégués du gouvernement militaire, de la société civile, des partis d'opposition, des syndicats et des groupes rebelles se sont réunis à N'Djamena pour le DNI qui devait durer trois semaines.
Le DNI, qui a été suspendu pendant une semaine et a repris le 30 août, discute de la réforme des institutions et d'une nouvelle constitution, qui doit être soumise à un référendum.
Alors que le rassemblement commençait après avoir repris le 30 août, les membres de la Conférence épiscopale du Tchad (CET) ont annoncé leur retrait des sessions.
Dans leur déclaration du 3 septembre partagée avec ACI Afrique, les membres de la CET ont déclaré qu'"il n'y a pas eu de dialogue" dans les délibérations de la DNI, et ont ajouté : "C'est pourquoi nous sommes obligés de suspendre notre participation aux sessions afin de ne pas cautionner le contrôle d'un groupe sur le processus de dialogue."
Dans leur dernière déclaration datée du samedi 17 septembre qui a été partagée avec ACI Afrique, les évêques catholiques du Tchad reviennent sur les événements qui ont suivi leur retrait initial des sessions de la DNI.
Après une semaine de suspension et d'efforts pour aplanir les obstacles afin de permettre à ceux qui sont à l'extérieur de rejoindre ceux qui sont à l'intérieur, les membres du CET disent avoir constaté que les "conditions d'écoute mutuelle ne sont pas réunies et que les travaux de la DNI continuent comme avant, malgré l'absence des autres acteurs".
Ils soulignent la nécessité d'un dialogue "inclusif" des parties prenantes "sincère" pour résoudre les défis du pays.
"En tant que ministres accrédités par Dieu pour le service de la réconciliation (cf. 2 Co 5, 20), nous croyons fermement que le dialogue est la voie de la réconciliation, à condition qu'il s'agisse d'une recherche sincère et commune de la vérité, impliquant toutes les parties", affirment les membres du CET, qui ajoutent : "C'est la garantie du caractère inclusif de ce dialogue."
"Nous estimons qu'il n'est pas opportun de continuer à faire de la figuration. Nous nous retirons du Dialogue inclusif souverain national", affirment encore les évêques catholiques dans leur déclaration du 17 septembre.
Ils ajoutent : "Les prêtres et les laïcs catholiques qui participent à ce dialogue au nom de leurs différentes corporations peuvent continuer à défendre et à promouvoir les valeurs humaines et chrétiennes dans les nouvelles institutions qui seront créées."
"Mais nous laissons chacun libre, au nom de sa conscience, de continuer ou non à participer à ce dialogue", précisent encore les membres du CET.
Ils ajoutent : "Nous continuerons à porter tous les participants à ce dialogue dans nos prières et à œuvrer pour que l'inclusivité ne soit pas seulement un titre de ce dialogue, mais qu'elle soit vécue au quotidien en pratiquant la justice et le respect de la diversité dans toutes les instances de notre vie sociale, condition sine qua non d'une plus grande cohésion entre les fils et filles du Tchad."
"Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse", implorent les membres du CET dans leur déclaration du 17 septembre partagée avec ACI Afrique.
Ils cherchent en outre à clarifier leur retrait répété des sessions de la DNI, et commencent par reconnaître la valeur du rassemblement des différents acteurs.
"Considérant l'importance de ce dialogue par rapport à d'autres forums, l'Eglise catholique a voulu participer, non seulement à travers les fidèles laïcs catholiques, membres des différentes corporations qui les ont délégués, mais à travers une délégation officielle composée de trois laïcs, un prêtre et trois évêques selon le quota accordé par le comité d'organisation du DNI", indiquent les membres du CET.
Ils ajoutent : "Nous nous sommes rendu compte dès le départ que le Dialogue National Souverain et Inclusif, tant dans sa forme que dans sa gestion, était mal parti et que beaucoup de participants étaient frustrés."
Les membres du CET regrettent le fait qu'il y ait eu "un certain désir pour un groupe de prendre le contrôle du processus, alors qu'il était censé être un exercice d'écoute mutuelle dans le respect mutuel."
"Conscients de notre statut de pasteurs, qui nous invite à garder une égale distance entre les parties, nous avons exprimé nos réserves en suspendant notre participation aux sessions", précisent encore les évêques catholiques du Tchad, faisant référence à leur annonce du 3 septembre.
Face aux défis soulignés et à la décision de suspendre leur participation aux sessions de la DNI, les membres du CET disent avoir profité de ce "temps pour poursuivre notre travail de médiation avec d'autres leaders religieux et sages afin de restaurer le caractère inclusif du Dialogue".
Ils se disent conscients du fait que "cette suspension de notre participation au DNI a été interprétée différemment."
Dans un effort pour clarifier leur situation par rapport à leur participation suspendue aux sessions de la DNI, les évêques catholiques du Tchad déclarent : "Nous voudrions rassurer tout le monde en disant que cela ne concerne que la délégation officielle de l'Église catholique. Nous ne minimisons pas l'importance des questions discutées, mais les règles n'étaient pas claires."
La DNI, qui était initialement prévue en février mais a été reportée à plusieurs reprises, se tenait moins de deux semaines après que la junte tchadienne et 40 groupes rebelles ont signé un accord à Doha.
En avril 2021, le président Idriss Déby Itno, qui était à la tête du pays depuis 1990, est décédé après avoir succombé aux blessures d'une bataille avec le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), un groupe rebelle de l'armée dissidente dans le nord du pays.
(L'histoire continue ci-dessous)
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Après sa mort, un conseil de transition composé d'officiers militaires et dirigé par le fils de Deby, Mahamat Idriss Déby Itno, en tant que président par intérim, a commencé à superviser la période de transition du Tchad pour les 18 prochains mois.
Le conseil a publié une charte qui définit le rôle des membres qui devraient être nommés au conseil national de transition, une charte qui a été rejetée par les partis d'opposition du pays.
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