Asmara, 06 mars, 2020 / 3:01 PM
Suite à l'incident qui a vu le cardinal éthiopien et sa délégation refusé l'entrée en Érythrée, contraints de passer une nuit à l'aéroport d'Asmara, les évêques catholiques du Nord-Est Kenyan de l'Afrique ont, dans une lettre adressée aux autorités gouvernementales érythréennes, exprimé leur déception face à cet "incident des plus regrettables".
"Nous souhaitons par la présente exprimer notre profond regret pour ce très regrettable incident, dont nous n'avons, jusqu'à présent, aucun moyen de comprendre les raisons", on peut lire en partie dans la lettre des évêques d'Érythrée.
Adressée à l'Office national des affaires religieuses en Erythrée, la lettre fait connaître les sentiments des évêques, à savoir qu'ils "restent dans l'ignorance des raisons des faits qui se sont malheureusement produits le 22 février à l'aéroport international d'Asmara".
Rappelant le déroulement "très malheureux" du 22 février, les responsables de l'Eglise érythréenne confirment que la délégation conduite par le cardinal "a reçu le permis d'entrée estampillé dans leur passeport, valable un mois".
"Malgré cela (et) ce qui est le plus déconcertant pour nous, en tant qu'Érythréens, on les a fait attendre à l'aéroport d'Asmara du samedi 22 février, 17h15, au dimanche 23 février 2020, 12h00, pour finalement rentrer chez eux directement de l'aéroport", racontent les évêques dans leur lettre collective signée par le secrétaire général de la conférence des évêques érythréens, Abba Tesfaghiorghis Kiflom.
Une déclaration du Secrétariat catholique éthiopien (ECS) adressée à ACI Afrique explique qu'après avoir subi tous les contrôles d'immigration nécessaires, le cardinal éthiopien et son entourage ont été bloqués sur ordre d'une "autorité supérieure".
"Alors qu'ils s'attendaient à ce que le contrôle final de l'aéroport réponde à l'accueil officiel organisé par les dirigeants de l'Eglise érythréenne et les fidèles, les responsables de la sécurité de l'aéroport les ont approchés et leur ont dit que la Haute Autorité leur avait interdit l'entrée en Erythrée", peut-on lire dans la déclaration de l'ECS.
La délégation dirigée par le cardinal a été "obligée de passer la nuit à l'aéroport et de rentrer chez elle le lendemain", peut-on lire dans la déclaration signée par le secrétaire général adjoint de l'ECS, Abba Gabriel Woldehanna, membre de l'Ordre des frères mineurs capucins (OFM. Cap).
Le lendemain, le cardinal Berhaneyesus aurait raconté son épreuve de la nuit aux fidèles catholiques de l'église paroissiale de Kebenna Kidanemehret à Addis-Abeba et aurait demandé au peuple de Dieu de son pays de prier "pour nos deux églises et les deux pays frères".
Le gouvernement érythréen est hostile à l'égard des 4,6 % de catholiques depuis l'année dernière, lorsque les évêques du pays ont appelé à des réformes politiques.
En représailles, le gouvernement a ordonné la fermeture de 22 établissements de santé gérés par des catholiques, en invoquant des réglementations plus anciennes qui empêchaient les organismes religieux de gérer de tels établissements.
Depuis son indépendance de l'Éthiopie voisine en 1993, l'État à parti unique n'a jamais organisé d'élections nationales, le régime du président Isaias Afwerki étant qualifié de "répressif".
Les droits et les libertés consacrés par la Déclaration universelle des droits de l'homme des Nations unies, comme la liberté de culte, restent fragilisés en Érythrée, le rapport 2019 de Human Rights Watch indiquant que "le gouvernement refuse de reconnaître tous les groupes religieux sauf quatre" : l'Islam sunnite, l'Eglise orthodoxe érythréenne, l'Eglise catholique romaine et l'Eglise évangélique (luthérienne)".
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