jeudi, 19 décembre 2024 Faire un don
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Texte intégral : Bénédiction de Noël Urbi et Orbi du Pape François 2022

Le jour de Noël 2022, le pape François a prononcé son discours "Urbi et Orbi" et sa bénédiction depuis le balcon central surplombant la place Saint-Pierre. Voici le texte intégral du message de Noël du pape.

Chers frères et sœurs de Rome et du monde entier, joyeux Noël !


Que le Seigneur Jésus, né de la Vierge Marie, apporte à chacun l'amour de Dieu, source de
confiance et d'espérance. Et qu'il vous apporte en même temps le don de la paix que les anges ont
annoncé aux bergers de Bethléem : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux
hommes, qu’Il aime » (Lc 2, 14).
En ce jour de fête, nous tournons notre regard vers Bethléem. Le Seigneur vient au monde
dans une grotte et il est couché dans une mangeoire pour animaux, parce que ses parents ne trouvaient
pas où loger, alors que l'heure de l’enfantement était venue pour Marie. Il vient parmi nous dans le
silence et dans la nuit parce que le Verbe de Dieu n'a pas besoin de projecteurs ni de la clameur des
voix humaines. Il est lui-même la Parole qui donne sens à l'existence, la lumière qui éclaire le chemin.
« La vraie Lumière - disait l’Evangile - qui éclaire tout homme en venant dans le monde » (Jn 1, 9).
Jésus naît au milieu de nous, il est Dieu-avec-nous. Il vient accompagner notre vie quotidienne
pour tout partager avec nous, joies et souffrances, espérances et inquiétudes. Il vient comme un enfant
sans défense. Il naît dans le froid, pauvre parmi les pauvres. Ayant besoin de tout, il frappe à la porte
de notre cœur pour trouver chaleur et abri.
Comme les bergers de Bethléem, laissons-nous envelopper par la lumière et allons voir le
signe que Dieu nous a donné. Surmontons la torpeur du sommeil spirituel et les fausses images de la
fête qui nous font oublier celui qui est le fêté. Sortons de l’agitation qui anesthésie le cœur et nous pousse à préparer des décorations et des cadeaux plutôt qu'à contempler l'Événement : le Fils de Dieu qui est né pour nous.

Frères et sœurs, tournons-nous vers Bethléem où retentissent les premiers cris du Prince de la
Paix. Oui, parce que Jésus lui-même est notre paix : cette paix que le monde ne peut donner et que
Dieu le Père a donnée à l'humanité en envoyant son Fils dans le monde. Saint Léon le Grand a une
expression qui, dans la concision de la langue latine, résume le message de cette journée : « Natalis
Domini, Natalis est pacis », « Le Noël du Seigneur est le Noël de la paix » (Sermon 26, 5).
Jésus-Christ est aussi le chemin de la paix. Par son incarnation, sa passion, sa mort et sa
résurrection, Il a ouvert le passage d'un monde fermé, opprimé par les ténèbres de l'inimitié et de la
guerre, à un monde ouvert, libre de vivre dans la fraternité et dans la paix. Suivons cette voie ! Mais
pour pouvoir le faire, pour être capable de marcher derrière Jésus, nous devons nous dépouiller des
fardeaux qui nous entravent et nous maintiennent bloqués.
Et quels sont ces fardeaux ? Quel est ce "boulet" ? Ce sont les mêmes passions négatives qui
ont empêché le roi Hérode et sa cour de reconnaître et d'accueillir la naissance de Jésus : l'attachement
au pouvoir et à l'argent, l'orgueil, l'hypocrisie, le mensonge. Ces fardeaux nous empêchent d'aller à
Bethléem, ils nous excluent de la grâce de Noël et nous ferment l'accès au chemin de la paix. Et nous
devons constater, en effet, avec tristesse que les vents de la guerre continuent à souffler le froid sur
l'humanité, bien que le Prince de la Paix nous soit donné.
Si nous voulons que ce soit Noël, le Noël de Jésus et de la paix, regardons vers Bethléem et
fixons notre regard sur le visage de l'Enfant qui est né pour nous ! Et sur ce petit visage innocent,
reconnaissons celui des enfants qui, dans toutes les régions du monde, aspirent à la paix.
Que notre regard se remplisse des visages de nos frères et sœurs ukrainiens qui vivent ce Noël
dans l’obscurité, dans le froid ou loin de chez eux, à cause des destructions causées par dix mois de
guerre. Que le Seigneur nous rende prêts à des gestes concrets de solidarité pour aider ceux qui
souffrent, et qu’il éclaire l’esprit de ceux qui ont le pouvoir de faire taire les armes et de mettre fin
immédiatement à cette guerre insensée ! Malheureusement, on préfère écouter d’autres arguments
dictés par les logiques du monde. Mais la voix de l’Enfant, qui l’écoute ?
Notre époque connaît une grave pénurie de paix aussi dans d’autres régions, en d’autres
théâtres de cette troisième guerre mondiale. Nous pensons à la Syrie, encore martyrisée par un conflit
qui est passé au second plan mais qui n’est pas terminé. Et nous pensons à la Terre Sainte où la
violence et les affrontements ont augmenté ces derniers mois, avec des morts et des blessés. Implorons
le Seigneur pour que là, sur la terre qui l’a vu naître, le dialogue et la recherche de la confiance
mutuelle entre Israéliens et Palestiniens puissent reprendre. Que l’Enfant Jésus soutienne les
communautés chrétiennes qui vivent dans tout le Moyen-Orient, afin que dans chacun de ces pays
l’on puisse vivre la beauté de la coexistence fraternelle entre personnes de confessions différentes.
Qu’il aide le Liban en particulier, pour qu’il puisse enfin se relever, avec le soutien de la Communauté
internationale et avec la force de la fraternité et de la solidarité. Que la lumière du Christ illumine la
région du Sahel où la coexistence pacifique des peuples et des traditions est brisée par des
affrontements et des violences. Puisse-t-il guider vers une trêve durable au Yémen et vers la
réconciliation au Myanmar et en Iran, afin que cesse toute effusion de sang. Qu’il inspire les autorités
politiques et toutes les personnes de bonne volonté du continent américain à œuvrer à la pacification
des tensions politiques et sociales qui affectent différents pays. Je pense en particulier à la population
haïtienne qui souffre depuis si longtemps.
En ce jour où il est bon de se réunir autour de la table dressée, ne détournons pas le regard de
Bethléem, qui signifie “maison du pain”, et pensons aux personnes qui souffrent de la faim, en
particulier les enfants, alors que, chaque jour, de grandes quantités de nourriture sont gaspillées et
que l’on dépense des ressources pour les armes. La guerre en Ukraine a encore aggravé la situation,
laissant des populations entières menacées de famine, notamment en Afghanistan et dans les pays de

la Corne de l’Afrique. Toute guerre – nous le savons – provoque la faim et utilise la nourriture elle-
même comme une arme, en empêchant sa distribution à des populations qui souffrent déjà. En ce jour, prenant exemple sur le Prince de la Paix, engageons-nous tous, et en premier lieu ceux qui ont une responsabilité politique, pour que la nourriture ne soit qu’un instrument de paix. Alors que nous profitons de la joie de retrouver nos proches, pensons aux familles les plus blessées par la vie, et à celles qui, en cette période de crise économique, luttent contre le chômage et manquent du nécessaire pour vivre.

Chers frères et sœurs, aujourd’hui comme hier, Jésus, la vraie lumière, vient dans un monde
malade d’indifférence qui ne l’accueille pas (cf. Jn 1, 11) mais qui le rejette au contraire comme cela
arrive à de nombreux étrangers, ou bien qui l’ignore comme nous le faisons trop souvent avec les
pauvres. N’oublions pas aujourd'hui les nombreux réfugiés et personnes déplacées qui frappent à nos
portes en quête de soutien, de chaleur et de nourriture. N’oublions pas les marginalisés, les personnes
seules, les orphelins et les personnes âgées qui risquent d’être mises au rebut, les détenus que nous
regardons seulement pour leurs erreurs et non comme des êtres humains.
Bethléem nous montre la simplicité de Dieu qui se révèle non pas aux sages et aux savants
mais aux petits, à ceux dont le cœur est pur et ouvert (cf. Mt 11, 25). Comme les bergers, allons-nous
aussi sans tarder nous émerveiller devant l’événement impensable de Dieu qui se fait homme pour
notre salut. Celui qui est la source de tout bien se fait pauvre[1] et demande en aumône notre pauvre
humanité. Laissons-nous émouvoir par l’amour de Dieu, et suivons Jésus, qui s’est dépouillé de sa
gloire pour nous faire participer à sa plénitude.[2]
Joyeux Noël à tous !

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