Maputo, 18 janvier, 2023 / 10:00 PM
La fondation humanitaire catholique Denis Hurley Peace Institute (DHPI) a qualifié d'extrême brutalité une vidéo montrant des soldats brûlant des corps au Mozambique.
Dans la vidéo largement diffusée, on peut voir des soldats soupçonnés d'appartenir à la South African National Defence Force (SANDF) jeter des corps dans un tas d'ordures en feu au Mozambique.
Deux des soldats portent le drapeau sud-africain sur leurs épaules. L'enquête est toujours en cours pour déterminer s'il s'agit de la SANDF. Certains des corps brûlés sont en vêtements civils.
"Il s'agit d'une vidéo d'une extrême brutalité qui, pour le moins, montre des contraventions à la Convention de Genève. Celle-ci stipule que toute personne morte doit bénéficier d'un enterrement digne", déclare Johan Viljoen, directeur du DHPI, dans une interview accordée au Service Afrique de Radio Vatican.
Selon le responsable du DHPI, la brutalité des soldats donne raison à l'Église qui, selon lui, se prononce constamment contre une solution militaire à la crise de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique.
"L'Église a suggéré d'envisager des négociations, un dialogue et d'autres interventions pacifiques, car la Bible dit que la violence engendre la violence", déclare M. Viljoen dans l'interview publiée le lundi 16 janvier.
Le dernier incident, dit-il, sert également à justifier la position des Mozambicains qui, selon lui, ont toujours été opposés aux activités des forces qui combattent les milices suspectées d'Al-Shabaab à Cabo Delgado.
DHPI, qui a étudié l'évolution du conflit de six ans au Mozambique, a toujours entendu deux récits distincts dans ses rapports, dit M. Viljoen.
D'une part, il y a la perception de la violence par les Mozambicains eux-mêmes, et d'autre part, ce que le reste du monde en dit, dit-il.
"Les populations locales n'ont cessé de dire que la violence est une tentative de les chasser de leurs terres, tandis que le reste de la société affirme qu'il s'agit du djihad islamique", dit-il, ajoutant que les Mozambicains ont également trouvé des soldats pour alimenter la violence dans la province assiégée.
Le directeur de la DHPI indique que la fondation a effectué de nombreux voyages au Mozambique en novembre dernier et a obtenu des témoignages de première main de locaux qui ont exprimé leur mécontentement à propos des opérations militaires dans le pays.
Les habitants ont déclaré à l'entité de paix de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC) que les soldats de la SANDF commettent des atrocités innombrables, y compris des abus sexuels sur les victimes de la guerre.
"Les gens au Mozambique ne sont pas trop impressionnés par les forces", dit-il, ajoutant : "Les troupes sud-africaines sont impliquées dans le racolage d'adolescentes, elles font de la contrebande de pierres précieuses dans la région et la plupart d'entre elles sont ivres la plupart du temps."
M. Viljoen affirme que les forces ont été vues assises sur la plage, buvant de la bière et ne faisant pas grand-chose.
Il note que si l'armée a constamment publié des communiqués de presse faisant état de ses victoires et des gains réalisés contre les militants, les habitants ont un discours différent.
L'Église, quant à elle, maintient qu'il n'est pas encore sûr de retourner à Cabo Delgado, dit-il, et il explique : "Il y a deux mois, j'ai beaucoup voyagé au Mozambique et je l'ai vu. J'étais à Pemba, à Nampula et à Cabo Delgado, et j'ai entendu un récit différent de celui que les forces tentent de propager."
Selon M. Viljoen, l'Afrique du Sud gaspille de l'argent dans l'intervention militaire à Cabo Delgado, qui, selon lui, est "au mieux inefficace".
"L'argent des contribuables sud-africains est gaspillé dans la soi-disant intervention militaire au Mozambique. Les contribuables dépensent de l'argent pour une intervention militaire qui, au mieux, est inefficace et, au pire, encourage clairement la violence et l'insécurité. C'est une cause de préoccupation", déclare le directeur du DHPI.
Il ajoute dans l'interview accordée au Service Afrique de Radio Vatican, "Plus la zone est militarisée, plus les soldats qui s'y rendent sont nombreux, plus la violence s'intensifie. Le DHPI rejoint une fois de plus la Conférence épiscopale du Mozambique pour dire qu'une solution militaire n'est pas une solution."
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