"Signes avant-coureurs de la violence électorale": Les chefs religieux de Sierra Leone à l'approche des élections

Freetown, 24 avril, 2023 / 8:10 PM

Les membres du Conseil interreligieux de Sierra Leone (IRCSL) ont observé avec inquiétude les cas croissants de campagnes ethniques et de troubles, parmi d'autres événements que les leaders religieux qualifient de "signes avant-coureurs de conflit et de violence électorale" à l'approche de la date du scrutin dans le pays.

Dans leur déclaration saluant le lancement, le 20 avril, de la Commission indépendante pour la paix et la cohésion nationale de la Sierra Leone, les membres de l'IRCLC affirment qu'ils œuvrent pour que le pays d'Afrique de l'Ouest organise des élections pacifiques, prévues pour le 24 juin.

Ils soulignent l'abus des médias, le discours de haine rampant et les tensions croissantes parmi les jeunes chômeurs du pays, comme quelques-uns des problèmes qui doivent être abordés avant les élections générales.

"L'IRCSL continue de surveiller la situation politique et se rend compte qu'il y a des signes avant-coureurs de conflit et de violence électorale à l'approche des élections à plusieurs niveaux du 24 juin", déclarent les membres de l'IRCSL dans un communiqué qui a été transmis à ACI Afrique.

Ils affirment que le pays a été témoin de campagnes sur des bases ethniques et régionales, d'élections partielles déstabilisées et de l'impossibilité pour les partis politiques d'accéder à certaines zones, et ajoutent : "L'IRCSL et d'autres organisations sont conscientes de ces signes précurseurs.

Les chefs religieux affirment qu'ils s'engagent à garantir que la Sierra Leone organise des élections pacifiques par le biais de programmes massifs d'éducation civique et des électeurs, en encourageant le dialogue entre les acteurs politiques et en promouvant l'harmonie et la coexistence entre les différentes communautés du pays d'Afrique de l'Ouest.

"Nous encouragerons les organes de gestion des élections à garantir le strict respect du code de conduite électoral par tous les candidats et partis politiques", affirment les membres de l'IRCSL, ajoutant qu'ils sont également prêts à engager la presse à assurer une couverture médiatique responsable et équilibrée et à faire des reportages sur le processus électoral.

"Nous encouragerons et surveillerons les partis politiques et les candidats afin de garantir des modèles de campagne responsables et mûrs", affirment les chefs religieux, qui poursuivent : "Du point de vue de l'IRCSL, la cohésion nationale est un processus dynamique destiné à inculquer aux gens un fort sentiment d'appartenance à la même nation, à encourager tout le monde à s'engager dans une entreprise commune, et à faire face aux défis et aux opportunités communs".

Les chefs religieux affirment qu'une éducation civique suffisante avant les élections en Sierra Leone dotera l'électorat d'une vision commune et d'un sentiment d'appartenance, de patriotisme et d'appréciation des diversités régionales et ethniques de chacun.

Les membres de l'IRCSL saluent le lancement de la commission de paix du pays, notant que cette initiative est cruciale et significative à l'approche des élections.

Ils appellent la commission à agir avec fidélité, humilité et responsabilité dans l'exécution de ses tâches.

"La Commission doit considérer ses fonctions comme une responsabilité sacrée et un exercice de confiance. Par conséquent, l'IRCSL implore le secrétaire exécutif, le conseil d'administration et le personnel de la Commission de respecter les principes divins de sincérité, d'honnêteté, d'intégrité et de justice dans l'exécution de leurs responsabilités", disent-ils.

Les chefs religieux appellent les politiciens et les différents partis politiques de Sierra Leone à faire leur part pour endiguer la violence avant, pendant et après les élections générales du pays, qui verront les électeurs élire le président et les membres du Parlement pour un mandat de cinq ans.

"Les partis politiques et leurs candidats doivent faire preuve de respect pour les règles du jeu, de tolérance politique, dénoncer les messages de haine ou le langage indécent, et défendre les valeurs importantes que sont la fidélité, l'humilité, la responsabilité et les modèles authentiques", affirment les membres de l'IRCSL.

Ils ajoutent : "Il est également prudent que nous, chefs religieux, OSC et ONG, maintenions une autodiscipline politique tout au long de la période électorale. Dans ce contexte, l'autodiscipline politique consiste à maintenir la neutralité, l'impartialité et l'absence de parti pris.

Les membres de l'IRCSL ont également salué la création de la commission de paix en déclarant : "Nous prions pour que le gouvernement continue à fournir les ressources et l'opportunité à la commission de fonctionner de manière indépendante".

L'IRCSL a été créé au plus fort de la guerre civile sierra-léonaise qui a duré 11 ans et s'est achevée en 2002.

Le conseil interreligieux a été salué pour le rôle important qu'il a joué dans la fin de la guerre en servant d'intermédiaire dans les pourparlers de paix entre les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) et le gouvernement de la Sierra Leone.

Le rôle unique et significatif joué par l'IRCSL dans le processus de paix de Lomé a valu au conseil le respect dont il jouit localement et dans les cercles internationaux.

La Sierra Leone, qui compte un pourcentage élevé de musulmans, jouit également d'une grande liberté religieuse, grâce aux efforts d'unification de l'IRCSL, actuellement dirigé par l'ordinaire local de l'archidiocèse catholique de Freetown, l'archevêque Edward Tamba Charles.

En ce qui concerne la coexistence interreligieuse en Sierra Leone, Mgr Tamba Charles a déclaré, lors d'une interview accordée à ACI Afrique : "Nous vivons très paisiblement, chrétiens, musulmans et autres religions. Tout ce que nous faisons, c'est travailler ensemble pour trouver des moyens de développer la Sierra Leone et d'en faire un endroit meilleur pour tout le monde".

Le gouvernement sierra-léonais estime que 77 % de la population est musulmane et 21,9 % chrétienne.

Les autres groupes religieux, qui représentent ensemble moins de 5 % de la population, comprennent les bahá'ís, les hindous, les juifs, les athées et les adeptes du vaudou et de la sorcellerie.