Cité du Vatican, 15 mai, 2023 / 2:22 AM
Mgr Tarcisius Isao Kikuchi a été élu président de Caritas Internationalis, la deuxième organisation d'aide humanitaire au monde après la Croix-Rouge.
L'archevêque catholique de Tokyo a été le premier prêtre missionnaire japonais en Afrique, où il s'est d'abord porté volontaire dans un camp de réfugiés de Caritas, ce qui a marqué le début de 30 années de service au sein de l'organisation caritative catholique.
Plus de 400 délégués participant à la 22ème Assemblée générale de Caritas Internationalis à Rome du 11 au 16 mai ont élu M. Kikuchi pour un mandat de quatre ans. L'organisation doit encore élire un secrétaire général.
"Caritas doit être en première ligne pour accueillir, accompagner, servir et défendre les pauvres et les personnes vulnérables", a déclaré Mgr. Kikuchi, 64 ans, dans son discours à l'assemblée.
"Cette mission doit être soutenue et être au centre des préoccupations des membres de la Confédération, et j'aimerais être celui qui, avec le secrétaire général, dirigera l'ensemble de l'organisation pour remplir cette importante mission de l'Eglise. Nous sommes tous invités à marcher ensemble.
En tant que président de Caritas Internationalis, M. Kikuchi dirigera une confédération de plus de 160 organisations caritatives catholiques opérant dans 200 pays et territoires. Il succède au cardinal Luis Antonio Tagle, président de Caritas depuis 2019.
Le premier prêtre missionnaire japonais en Afrique
Après avoir été ordonné prêtre en 1986 au sein de la Société du Verbe Divin, également connue sous le nom de Missionnaires du Verbe Divin, Kikuchi a été envoyé pour servir en tant que prêtre missionnaire dans les zones rurales du Ghana pendant huit ans.
"J'ai été envoyé dans une paroisse de brousse, au plus profond de la brousse, sans électricité ni eau. ... Et cela a vraiment été une expérience importante pour moi et cela a contribué à créer mon identité, je suppose", a déclaré M. Kikuchi dans une interview accordée à Radio Vatican le 14 mai.
Il a été témoin d'une extrême pauvreté avec "beaucoup de gens (...) qui meurent sans médicaments appropriés" et de la propagation du VIH-SIDA, mais il a été frappé par la façon dont les gens se soutenaient les uns les autres et par la façon dont cela créait de l'espoir.
Après son travail au Ghana, Kikuchi est retourné en Afrique en 1995 en tant que bénévole Caritas dans un camp de réfugiés à Bukavu, au Zaïre, qui a accueilli des centaines de milliers de réfugiés pendant le génocide rwandais.
Kikuchi se souvient que les réfugiés rwandais "n'avaient pas de nourriture, pas de vêtements, pas d'abri, et que les gens avaient besoin de tout".
Il raconte : "La deuxième fois que je suis allé dans le camp, j'ai rencontré certains dirigeants et je leur ai demandé ce dont ils avaient besoin. Je m'attendais à ce que le chef me dise 'nous avons besoin de nourriture, d'éducation, de médicaments, d'un abri' - ou quelque chose comme ça. ... Mais au lieu de cela, il m'a dit : "Père, vous venez du Japon. Alors, quand vous retournerez au Japon, dites-leur que nous sommes toujours là : Nous sommes tous oubliés. Cela m'a vraiment choqué.
"Après cette expérience, j'ai rencontré de nombreuses personnes dans différentes régions, dans différents pays frappés par des catastrophes, ou dans des zones déchirées par la guerre ou les conflits. J'ai entendu la même histoire et le même cri, encore et encore, que 'nous sommes oubliés, nous sommes oubliés'. Voilà donc la véritable mission de Caritas : aider les gens à savoir qu'ils ne sont pas oubliés. Nous voulons être avec eux.
M. Kikuchi est devenu directeur exécutif de Caritas Japon en 1999 et a été nommé évêque par Jean-Paul II en 2004.
Il a ensuite été président de Caritas Japon de 2007 à 2022, participant également en tant que membre du Comité exécutif de Caritas Internationalis de 1999 à 2004 et dirigeant Caritas Asie en tant que président de 2011 à 2019.
Le pape François a nommé Kikuchi archevêque de Tokyo en 2017 et il est actuellement président de la conférence épiscopale japonaise et secrétaire général de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie.
La réforme de Caritas par le pape
L'archevêque japonais prend la tête de la branche caritative de l'Église alors qu'elle traverse une période critique de réforme, six mois après que le pape François a limogé ses principaux dirigeants.
Le pape François a publié un décret en novembre qui a révoqué l'administration de l'organisation et a déclaré que Caritas ferait l'objet d'un examen "pour améliorer ses règles et procédures de gestion - même si les questions financières ont été bien gérées et les objectifs de collecte de fonds régulièrement atteints - et ainsi mieux servir ses organisations caritatives membres dans le monde entier".
Un communiqué de presse publié à l'époque indiquait qu'aucun détournement de fonds ou abus sexuel n'avait été constaté, mais citait des lacunes dans la "gestion et les procédures de Caritas, portant gravement atteinte à l'esprit d'équipe et au moral du personnel".
Une administration provisoire, dirigée par un ancien expert en gestion de Bain Capital, gère l'organisation mondiale depuis lors.
"Ce n'est pas seulement que nous sommes une ONG, mais nous sommes bien plus que cela. Nous sommes une organisation de l'Eglise catholique et l'institut du service de l'Eglise", a déclaré M. Kikuchi.
"Cela signifie que Caritas est censée être un témoin de l'amour de Dieu. Ce que nous faisons, ce n'est pas seulement fournir de la nourriture, du matériel ou toute autre forme d'assistance, mais nous voulons être des témoins de l'amour de Dieu pour montrer aux gens que c'est ainsi que Dieu aime tous les êtres humains.
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