Khartoum, 28 juin, 2023 / 11:00 PM
Le conflit violent qui a éclaté au Soudan le 15 avril n'est, "pour l'instant", ni fondé sur la religion, ni une guerre civile, a déclaré le représentant du Saint-Père dans cette nation du nord-est de l'Afrique.
Dans une interview accordée mardi 27 juin à ACI Stampa, l'agence de presse italienne sœur d'ACI Africa, Mgr Luís Miguel Muñoz Cárdaba a appelé à prier pour les personnes prises au piège du conflit entre les Forces de soutien rapide (RSF), la force paramilitaire dirigée par le général Mohamed Hamdan Dagalo, et les unités des Forces armées soudanaises (SAF) loyales au chef du Conseil souverain de transition du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan.
"Le grave conflit militaire qui frappe dramatiquement le Soudan aujourd'hui n'est pas une guerre religieuse, pour l'instant, ni même une guerre civile", a déclaré Mgr Muñoz.
Il a ajouté : "Il s'agit d'un conflit entre deux groupes militaires puissants et, entre les deux, la population civile qui en subit les conséquences dramatiques".
"Il est vrai que certaines églises ont été pillées, y compris la cathédrale catholique de Khartoum, mais les églises n'étaient pas la cible des attaques", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "Le pillage s'étend plutôt à toutes les actions du conflit, à tel point que même des ambassades ont été pillées, y compris la nonciature, des universités et des magasins, des mosquées et des résidences privées. Il ne s'agit pas d'une question religieuse ou d'une guerre de religion".
Le 27 juin, l'Organisation des Nations unies (ONU) a indiqué que le conflit au Soudan prenait une tournure ethnique au Darfour où les combats font rage, a rapporté Africa News.
Les États-Unis ont ajourné les pourparlers de paix qu'ils facilitaient aux côtés de l'Arabie saoudite à Djeddah, Molly Phee, secrétaire d'État adjointe aux affaires africaines, ayant déclaré le 22 juin que le format des pourparlers de paix ne progressait pas comme prévu, a rapporté Reuters.
Dans l'interview accordée le 27 juin à ACI Stampa, Mgr Muñoz a exprimé son pessimisme quant à une éventuelle réconciliation entre les deux factions belligérantes du conflit au Soudan.
"Il ne s'agit pas d'une guerre civile entre les parties ; le pays n'est pas divisé sur le plan idéologique en ce qui concerne le conflit. Deux groupes militaires s'affrontent et la population est prise entre les deux et en subit les conséquences", a-t-il réaffirmé, avant de déplorer : "Je pense que plus la guerre progresse, plus les personnes en situation de pauvreté qui souffrent se multiplient".
Mgr Muñoz a souligné la nécessité de travailler à la résolution de la crise, en déclarant : "Toutes les énergies doivent être réunies pour parvenir à la paix et pour pouvoir reconstruire le pays dans la paix".
Le diplomate vaticanais d'origine espagnole, nommé nonce apostolique au Soudan en mars 2020, a poursuivi : "Je crois que si cette guerre demeure, ce fort sentiment de communion des peuples contre le conflit et en faveur de la paix et des progrès nécessaires dans un pays si pauvre est également créé."
Le Saint-Siège, a-t-il dit, "suit de près toutes ces tentatives de paix et les soutient. Dernièrement, il semble que diverses initiatives émergent au sein de la population civile du Soudan de manière embryonnaire pour faire entendre la voix de la majorité civile du pays dans ce conflit armé."
Parlant de la situation de l'Église catholique au Soudan, une nation majoritairement musulmane, Mgr Muñoz a déclaré : "La présence politique, sociale et culturelle de nos catholiques au Soudan est de peu d'importance, malgré un travail antérieur sur le terrain, notamment dans le domaine de l'éducation."
Il a ajouté que le Vatican œuvre pour que "la liberté religieuse reconnue par la Constitution du Soudan ne reste pas une simple liberté de culte, mais soit une véritable liberté religieuse pour l'Église catholique et toutes les autres minorités religieuses présentes au Soudan."
Réfléchissant à la manière dont l'Église peut aider le peuple du Soudan, le nonce apostolique qui a depuis élu domicile en Érythrée a mis en avant les moyens de soutien.
"Je crois que l'Église peut aider le pays de trois manières. La première, la plus importante pour moi en tant que chrétien, est une prière constante pour la paix. La deuxième est un engagement diplomatique qui soutient les initiatives de cessez-le-feu pour des raisons humanitaires et qui soutient un véritable processus de dialogue et de négociations pour parvenir à une paix définitive et durable", a-t-il déclaré.
La troisième façon dont l'Église peut soutenir le Soudan, a déclaré le diplomate du Vatican âgé de 57 ans, "est l'aide économique et sociale pour reconstruire le pays une fois la guerre terminée. À ce moment-là, beaucoup d'aide sera nécessaire, non seulement matérielle mais aussi humaine."
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