Garissa, 24 septembre, 2023 / 11:00 PM
Pendant longtemps, les habitants de Wenje, une ville de la région côtière du Kenya desservie par le diocèse catholique de Garissa, ont parcouru plus de 50 kilomètres pour accéder aux services médicaux d'un hôpital public.
L'autre établissement public, situé à environ un kilomètre de là, leur fournissait principalement des services de laboratoire, après quoi ils étaient envoyés acheter des médicaments ailleurs. Pour obtenir les médicaments prescrits, ils devaient retourner à pied dans une pharmacie placée sous les auspices des membres de la Congrégation du Saint-Esprit sous la protection du Cœur Immaculé de Marie (CSSp.), également connue sous le nom de Spiritains ou de Pères du Saint-Esprit.
Pour être testés et soignés en même temps, les habitants devaient parcourir les 50 kilomètres qui les séparaient de Hola, une ville du comté de Tana River où le gouvernement kenyan gère un hôpital plus grand et mieux établi.
Il y a environ un mois, la clinique délabrée des Spiritains, qui ne comportait qu'une seule pièce, a subi une véritable cure de jouvence, regroupant presque tous les services médicaux sous un même toit et mettant fin aux longues décennies de souffrance des habitants.
Aujourd'hui, l'établissement de santé catholique Fr. Noel O'Meara Wenje est doté d'un laboratoire entièrement équipé et de salles de consultation appropriées, d'une réserve de médicaments, d'une salle d'accouchement et d'une salle de rétention mère-enfant pour l'observation après l'accouchement.
L'établissement catholique dispose également du seul système de test d'hémoglobine desservant l'ensemble des 18 000 habitants de Wenje.
L'établissement, qui était initialement géré par une infirmière auxiliaire, a vu son personnel s'étoffer et compte désormais une infirmière qualifiée, un technicien de laboratoire, un responsable des archives et un pharmacien. Les activités quotidiennes de l'établissement sont supervisées par une équipe de gestion dirigée par le père Fred Wafula, prêtre spiritain d'origine kenyane.
Le père Wafula affirme que l'établissement, officiellement inauguré le 31 août, a soulagé les habitants de Wenje qui avaient du mal à accéder aux services médicaux.
"L'établissement de santé catholique de Wenje a rapproché les soins de santé de la population. Les habitants avaient l'habitude de parcourir de longues distances à pied pour obtenir des consultations et des traitements médicaux. Notre établissement leur a également apporté ces services sous un même toit", a déclaré le père Wafula à ACI Afrique le mercredi 20 septembre.
Il a ajouté que l'établissement catholique, qui porte le nom d'un prêtre spiritain d'origine irlandaise, complète les services du centre de santé gouvernemental de la région.
Il a déclaré : "Le dispensaire gouvernemental voisin trouve facile, lorsqu'il est à court de médicaments, d'orienter les patients vers notre centre médical. Notre établissement est la seule option pour les problèmes de santé de la population en ce qui concerne la fiabilité et la qualité constante de l'approvisionnement en médicaments".
Le prêtre catholique kenyan affirme que l'établissement a des projets encore plus ambitieux pour les communautés marginalisées, notamment le peuple agricole Pokomo et les Wardey, une tribu d'éleveurs de Tana River.
"Depuis sa création, il y a plusieurs décennies, notre programme s'articule autour des soins à la mère et à l'enfant. Les mères avaient du mal à accéder aux soins prénatals et postnatals. Nous prévoyons donc de mettre en place des programmes de proximité axés sur les mères dans les villages, afin qu'elles n'aient pas à parcourir de longues distances pour accéder aux soins. En temps voulu, nous organiserons également des cliniques mobiles pour renforcer nos programmes de proximité", a-t-il déclaré lors de l'entretien du 20 septembre.
L'établissement médical des Spiritains a été construit sur la base d'un programme appelé "Tunza Mtoto na Mama", c'est-à-dire "Soins à la mère et à l'enfant". Ce programme a été conçu par le père Tom Hogan, prêtre spiritain d'origine irlandaise, qui a passé 30 ans au Kenya, au service de la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Wenje, dans le diocèse catholique de Garissa.
Son départ de la mission catholique kenyane en 2020 a mis le programme de santé à genoux, mais il a survécu, faisant office de pharmacie dans une pièce unique délabrée du marché de Wenje.
Vers la fin de l'année 2020, le père Wafula est arrivé à Wenje et a commencé à évaluer les besoins médicaux des communautés. Les habitants ont supplié pour avoir un établissement de santé privé qui leur éviterait de parcourir plus de 50 kilomètres pour accéder aux services médicaux à Hola.
Avec le soutien du Word Mercy Fund, de l'Electric Aid et de NLW (Love of Neighbor) Germany, les Spiritains ont créé l'établissement de santé catholique Fr. Noel O'Meara Wenje, entièrement équipé, qui accueille aujourd'hui une dizaine de patients par jour en moyenne.
Les patients viennent pour diverses maladies, dont la bilharziose, le paludisme et la brucellose.
Les Pokomo, qui vivent sur les rives de la rivière Tana, le plus long fleuve du Kenya, où ils pratiquent l'agriculture à petite échelle, viennent pour le paludisme et la bilharziose, tandis que les Wardey sont atteints de brucellose pour avoir consommé du lait contaminé et de la viande insuffisamment cuite.
Le plus grand défi de l'établissement de santé catholique est sa viabilité, déclare le père Wafula, qui explique : "Les gens ici sont très pauvres ; nous ne pouvons pas compter sur ce qu'ils nous paient pour nos dépenses régulières. Nous devons payer notre personnel et assurer un approvisionnement régulier en fournitures médicales.
(L'histoire continue ci-dessous)
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Wenje est confronté à un problème d'accessibilité, ce qui rend tout rêve de programme médical de proximité irréalisable, à moins que l'établissement n'achète un véhicule équipé pour les soins médicaux. L'autre besoin immédiat est une maternité entièrement équipée, explique le père Wafula, qui ajoute : "Nous n'avons qu'une salle d'accouchement sans l'équipement nécessaire pour prodiguer des soins en cas d'urgence."
Wenje connaît également des inondations, des sécheresses et des famines, des situations qui obligent parfois l'établissement de santé catholique à détourner son attention de son objectif principal, qui est de fournir des soins médicaux, explique le père Wafula.
La région connaît également une insécurité liée aux ressources et à la religion, une situation qui dissuade les individus et les organisations d'investir dans l'établissement de santé catholique de Wenje du père Noel O'Meara.
Les communautés d'éleveurs de Wenje entrent souvent en conflit avec la communauté agricole Pokomo lorsque leur bétail traverse les fermes et détruit les récoltes.
"Les investisseurs potentiels disparaissent lorsqu'ils apprennent l'insécurité qui règne dans cette région. Nous devons toujours travailler dur pour les convaincre que nous atteindrons nos objectifs", explique le prêtre spiritain kenyan.
Il ajoute : "Nous demandons aux investisseurs potentiels de nous faire confiance. Nous sommes ici prêts à prendre des risques. Ils peuvent avoir un impact grâce à ce que nous faisons. L'insécurité ne peut diminuer que s'il y a développement et si l'on investit dans des domaines tels que l'éducation et la santé."
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