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Synode sur la synodalité : Les questions LGBT et le diaconat féminin sont abordés au cours d'une troisième semaine riche en émotions

Le porte-parole du Synode sur la synodalité, Paolo Ruffini, s'adresse aux médias lors d'un point de presse au Vatican le 18 octobre 2023. | Crédit : Daniel Ibañez/CNA

La semaine dernière, l'assemblée du Synode sur la synodalité s'est penchée sur deux thèmes cruciaux : l'accompagnement des personnes LGBT et la question d'un diaconat féminin. En outre, l'assemblée a discuté de la structure de l'Église, dans le but de façonner un avenir plus synodal pour l'Église.

Le processus a été guidé par ce que le synode appelle "l'écoute active et la parole du cœur", ce qui, selon certains participants, a tendance à être guidé par les émotions. Il soulève également une question fondamentale : Le processus aboutira-t-il un jour à une véritable définition ?

Plusieurs événements notables ont également eu lieu : Le pape François a rencontré des membres de New Ways Ministry, un groupe LGBT basé aux États-Unis qui avait été dénoncé par la conférence épiscopale américaine et le bureau doctrinal du Vatican pour avoir semé la confusion parmi les fidèles catholiques au sujet de la morale sexuelle ; trois théologiens ont tenu une conférence destinée à montrer leur soutien au processus synodal ; et un service spécial de prière pour les migrants, présidé par le pape François, s'est tenu sur la place Saint-Pierre.

Les questions LGBT
La question du débat sur l'inclusion des LGBT a été minimisée par le porte-parole du Vatican, Paolo Ruffini, qui a déclaré que "la bénédiction des couples homosexuels n'est pas le thème du synode".

Cependant, le 17 octobre, Sœur Jeannine Gramick, cofondatrice de New Ways Ministry, a rencontré le pape François avec trois autres membres de l'équipe de New Ways.

Cette rencontre a été rendue publique par Vatican Media et perçue comme une approbation de l'approche de New Ways Ministry par le Pape François. Elle s'est déroulée en dépit d'une controverse sur le site web du synode, qui a été contraint de supprimer une vidéo de New Ways Ministry invitant les personnes LGBT à participer à l'assemblée.

Ordination des femmes et autres sujets clés
Outre les questions LGBTQ+, le synode a également engagé des discussions sur le diaconat féminin et a même envisagé la possibilité que des femmes prononcent des homélies, ce qui est déjà le cas en Suisse alémanique, où le prêtre est presque traité comme un simple fonctionnaire chargé de la consécration. Le sujet du "sacerdoce féminin" a même été abordé, soulevant des questions fondamentales sur le rôle des femmes dans l'Église, bien que les organisateurs du synode aient assuré que les changements de doctrine n'étaient pas à l'ordre du jour. Une intervention lors d'une session du matin aurait joué un rôle important dans cette discussion. Répondant aux appels à l'ordination des femmes non seulement au diaconat mais aussi, dans certains cas, à la prêtrise, une participante laïque a fait valoir que l'accent mis sur l'ordination des femmes détournait l'attention de ce dont les femmes de l'Église ont besoin et constituait une tentative de cléricalisation des laïcs. Cette intervention a été vivement applaudie.

La semaine a également été marquée par des délibérations sur le rôle des paroisses, des prêtres et des évêques. Mgr Ruffini a souligné que le synode n'était pas une simple "table ronde ou un talk-show", mais une "conversation de l'Esprit". Il reste cependant à voir quels seront les fruits de ces conversations de l'Esprit, dont la méthodologie est expliquée en détail dans le processus synodal, mais dont les résultats pratiques restent à comprendre.

Les débats théologiques
On parle beaucoup de la nécessité d'éviter l'agenda des médias pour le synode, et c'est une préoccupation légitime. Mais y a-t-il un agenda théologique pour le synode ? Le sujet est vivement débattu, car les interventions sont tellement proscrites qu'elles empêchent tout véritable débat et discussion théologique.

En dehors du synode, le 14 octobre, trois théologiens ont organisé une conférence intitulée : "Église et synode sont synonymes : styles et formes d'une Église synodale". Parmi les intervenants de cette réunion figurait l'archevêque Roberto Repole, un innovateur qui a récemment confié la gestion des paroisses à des laïcs dans son diocèse de Turin.

Mgr Repole a fait valoir que le concile Vatican II n'avait pas pleinement pris en compte les réalités des églises locales. Il a plaidé pour que la synodalité infuse l'Évangile dans la culture dans laquelle les Églises locales opèrent, en mettant l'accent sur la culture démocratique des Églises locales.

Pour Monseigneur Giacomo Canobbio, professeur émérite de la Faculté de théologie du Sud et autre intervenant, le synode est "une mise en œuvre d'une idée de l'Église qui vient de loin" et "une réponse aux signes des temps". Mais il s'agit surtout, selon lui, d'un antidote au cléricalisme, un thème que le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du synode, a également mis en exergue lors de la discussion du module B3.

Enfin, Simona Segoloni Ruta, professeur à l'Institut pontifical Jean-Paul II, a estimé que "parler des évêques sans parler du peuple de Dieu est impossible". Le synode est donc nécessaire car "il ne serait pas possible de réunir seulement les évêques si l'Église veut se sentir ensemble".

Au synode lui-même, les travaux ont commencé mercredi sur le module B3 de l'Instrumentum Laboris, le document de travail du synode, avec un accent sur "la question de l'autorité, sa signification et le style de son exercice au sein d'une Église synodale". Dans un discours prononcé devant l'assemblée synodale de la Congrégation générale, le père Dario Vitali, théologien italien, s'est concentré sur l'autorité et les changements concrets à apporter à l'Église institutionnelle. Le théologien a proposé la nécessité de "réimaginer l'Église dans une clé synodale, de sorte que l'Église tout entière et tout ce qu'elle contient - vie, processus, institutions - soient réinterprétés en termes de synodalité".

Ces discussions introduisent un éventail de perspectives, mais tous les participants ne partagent pas ces points de vue. Des rumeurs d'absences planifiées pour éviter les débats litigieux ou pour exprimer leur opposition à certaines positions ont circulé, remettant en cause la vision du synode comme un rassemblement harmonieux.

Le nouveau calendrier
Les organisateurs du synode ont introduit un tout nouveau calendrier pour les travaux. En particulier, le projet de rapport de synthèse, qualifié par M. Ruffini de "court et transitoire", sera désormais présenté aux délégués sous la forme d'un document unique et non plus en deux parties. Cet ajustement vise à permettre un examen plus approfondi de la "feuille de route" pour la prochaine phase du processus synodal menant à la session de clôture qui se tiendra en octobre 2024.

En outre, une lettre au peuple de Dieu sera publiée à la fin de cette session synodale, marquant un changement par rapport à la pratique précédente qui consistait à ne la publier qu'à la fin de l'ensemble du processus synodal.

En conséquence, le synode interrompra ses activités l'après-midi du 23 octobre et tout au long du 24 octobre pour délibérer sur la lettre de l'assemblée au peuple de Dieu, discutée d'abord dans des cercles plus restreints, puis parmi la congrégation générale élargie.

Des questions sur la méthodologie du synode se posent
Ce nouveau calendrier démontre la capacité d'adaptation et de réaction des pères synodaux et que la synodalité, en tant que méthode, implique également une écoute constante. Mais il soulève aussi des inquiétudes quant à la possibilité que l'assemblée synodale se transforme en un débat permanent où rien ne peut être considéré comme définitif dans la pratique et où tout reste en discussion.

De nombreux participants ont exprimé des doutes sur la méthode, même si c'est de manière anonyme, par crainte de rompre la demande de confidentialité.

Ces doutes portent sur la pratique consistant à assigner de nouvelles tables et de nouveaux sous-thèmes aux participants au début de chaque nouveau module, ainsi que sur le fait que, dans cette approche novatrice, chacun discute de thèmes particuliers à sa table, mais que peu d'entre eux sont censés avoir une vision globale du synode.

En outre, la courte durée de chaque interaction - limitée à quatre minutes - rend difficile l'articulation de pensées complexes et favorise donc les appels émotionnels. Au moins une intervention dans la congrégation générale aurait fait sourciller les participants, qui s'inquiètent de voir les faits manipulés à des fins émotionnelles.

Certains pères synodaux se sont également plaints que l'approche semble trop "occidentalo-centrée", du moins en ce qui concerne les questions liées à la sexualité et au genre. Toutefois, il reste à voir si le texte de synthèse englobera vraiment toutes les perspectives, puisque le texte final est voté, ce qui pourrait laisser de côté des nuances importantes et des points de vue divergents.


Il en résulte une démocratisation inévitable du processus. Cette démocratisation s'accompagne d'une subjectivation, sous-produit d'un processus d'écoute qui privilégie l'émotion à la raison. Chaque thème doit se retrouver dans le texte final, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de conclusions formelles, pas de points de vue plus vrais que d'autres.

(L'histoire continue ci-dessous)

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Jusqu'à présent, cette méthode semble maintenir les participants au synode dans une relative harmonie. Le cardinal Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat, a souligné que dans les discussions, il y a "des divergences, mais jamais d'affrontements". Cependant, l'archevêque Zbigņev Stankevičs de Riga, en Lettonie, a été l'un des rares à faire publiquement des vagues. Lors de la conférence de presse quotidienne, il a défendu la prise en charge pastorale des homosexuels par l'Église, mais a tracé une ligne claire dans le sable en affirmant que les unions homosexuelles ne pouvaient pas être bénies parce qu'elles sont un péché.

Enfin, Mgr Gintaras Grušas, archevêque de Vilnius et président des évêques européens, a profité d'une homélie prononcée lors d'une des messes destinées aux participants pour mettre en garde contre le fait que la synodalité devienne une fin en soi et pour souligner le rôle de la synodalité au service de la mission d'évangélisation de l'Église.

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