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"La culture ne l'accepte pas": Le pape François sur l'opposition de l'Afrique à la Fiducia Supplicans

Le pape François lors de l'audience générale du 17 mai 2023 (à gauche) et le cardinal Fridolin Ambongo, président du Symposium de la Conférence épiscopale d'Afrique et de Madagascar (SCEAM) (à droite). Crédit : Daniel Ibanez/SECAM

Fiducia Supplicans (FS), la déclaration du Vatican du 18 décembre autorisant les membres du clergé à bénir les "couples de même sexe" et les couples dans d'autres "situations irrégulières" ne sera pas mise en œuvre en Afrique "parce que la culture ne l'accepte pas", aurait déclaré le pape François.

Lors d'une réunion à huis clos avec 800 prêtres catholiques du diocèse de Rome à l'Archibasilique Saint-Jean-de-Latran le 13 janvier, le Saint-Père s'est exprimé sur la FS en réponse à des questions concernant la déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF) sur la bénédiction des personnes vivant dans des unions homosexuelles, ont rapporté les médias italiens, y compris la chaîne d'information italienne, Sky TG24.

Rai News 24, une chaîne de télévision italienne, a cité le vicaire de Rome, le cardinal Angelo De Donatis, qui a déclaré, en référence au président du Symposium de la Conférence épiscopale d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), le cardinal Fridolin Ambongo : "Répondant aux demandes d'un cardinal africain, le pontife a clarifié la situation : l'intention de la déclaration est de bénir les personnes."

Les remarques du Saint-Père font suite à la déclaration que les évêques catholiques d'Afrique ont récemment faite, indiquant qu'ils "ne considèrent pas qu'il soit approprié pour l'Afrique de bénir les unions homosexuelles ou les couples de même sexe".

Dans le contexte africain, les évêques catholiques d'Afrique affirment, dans la déclaration du 11 janvier signée par le cardinal Ambongo, que la bénédiction "d'unions homosexuelles ou de couples de même sexe" entraînerait "la confusion et serait en contradiction directe avec l'éthique culturelle des communautés africaines".

De telles bénédictions "ne peuvent être réalisées en Afrique sans" provoquer des "scandales", ont-ils déclaré, et ils ont exprimé leur préoccupation quant au fait que FS "a provoqué une onde de choc" en Afrique et "a semé des idées fausses et des troubles dans l'esprit de nombreux fidèles laïcs, de personnes consacrées et même de pasteurs".

Le contexte culturel africain est "profondément enraciné dans les valeurs de la loi naturelle concernant le mariage et la famille", ont déclaré les responsables de l'Église catholique sur le continent, ajoutant que cette réalité "complique encore l'acceptation des unions de personnes du même sexe, car elles sont considérées comme contradictoires avec les normes culturelles et intrinsèquement corrompues."

Alors que le pape François a été cité pour expliquer l'opposition du continent à la ségrégation sexuelle par le contexte culturel africain, la déclaration du SCEAM du 11 janvier, que le cardinal Ambongo a qualifiée de "résumé consolidé" des réponses des Conférences des évêques catholiques d'Afrique, a fourni des raisons supplémentaires.

La déclaration du SCEAM, qui fait suite à l'appel lancé le 20 décembre par les présidents des Conférences épiscopales catholiques d'Afrique et de ses îles pour obtenir des avis sur la SF, cite une précédente déclaration de la DDF sur l'homosexualité, le Catéchisme de l'Église catholique (CEC), les Saintes Écritures et le langage utilisé dans la SF comme autant de raisons supplémentaires expliquant la réticence des évêques catholiques d'Afrique à mettre en œuvre la déclaration de la DDF sur le continent.

"L'enseignement constant de l'Église décrit les actes homosexuels comme 'intrinsèquement désordonnés'", ont déclaré les évêques catholiques d'Afrique, se référant à la "Déclaration sur certaines questions relatives à l'éthique sexuelle", Persona Humana, adoptée par le DDF le 29 décembre 1975.

Les actes homosexuels, "considérés comme fermant l'acte sexuel au don de la vie et ne procédant pas d'une authentique complémentarité affective et sexuelle, ne doivent en aucun cas être approuvés", ont-ils ajouté en citant le CEC 2357.

Les évêques catholiques d'Afrique, selon la déclaration du 11 janvier, qui, selon le cardinal Ambongo, "a reçu l'accord" à la fois du Saint-Père et du préfet de la DDF, le cardinal Víctor Manuel Fernández, ont également cité des "passages bibliques qui condamnent l'homosexualité, notamment Lv 18:22-23 où l'homosexualité est explicitement interdite et considérée comme une abomination".

Les dirigeants de l'Église catholique ont également cité ce qu'ils ont appelé le "scandale des homosexuels de Sodome" dans Genèse 19, qui, selon eux, démontre que "l'homosexualité est si abominable qu'elle conduira à la destruction de la ville".

En ce qui concerne le langage de FS, les dirigeants de l'Église catholique en Afrique ont déclaré qu'il était "trop subtil pour être compris par les gens simples".

Le langage de FS "reste très difficile à convaincre que les personnes du même sexe qui vivent dans une union stable ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut", ont-ils déclaré dans le communiqué,

Plutôt que de donner des bénédictions comme le propose FS, les évêques catholiques d'Afrique ont souligné la nécessité de "la conversion de tous".

Depuis sa publication, FS a suscité des réactions mitigées et de profondes divisions parmi les évêques catholiques du monde entier.

Dans un communiqué de presse de cinq pages publié le 4 janvier, la DDF a apporté des éclaircissements sur FS, écrivant que sa mise en œuvre dépendra "des contextes locaux et du discernement de chaque évêque diocésain avec son diocèse".

Lors d'une intervention dans un talk-show italien le 14 janvier, le pape François a défendu le SF, soulignant que "le Seigneur bénit tout le monde" et qu'une bénédiction est une invitation à entrer dans une conversation "pour voir quel est le chemin que le Seigneur leur propose".

"Le Seigneur bénit tous ceux qui sont capables d'être baptisés, c'est-à-dire toutes les personnes", a souligné le Saint-Père.

"Mais nous devons les prendre par la main et les aider à parcourir ce chemin, et non pas les condamner dès le début", a-t-il poursuivi, ajoutant : "C'est le travail pastoral de l'Église. C'est un travail très important pour les confesseurs".

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