mardi, 03 décembre 2024 Faire un don
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« Il n'est pas facile de passer d'une crise à l'autre » : Les évêques dans la région anglophone du Cameroun.

Mgr Andrew Nkea Fuanya (à droite) et Mgr George Nkuo (à gauche), respectivement de Bamenda et de Kumbo. Deux évêques au milieu de la crise anglophone prolongée dans la nation centrafricaine du Cameroun.

Deux évêques en pleine crise anglophone prolongée au Cameroun en Afrique central, ont dans une interview avec ACI Afrique, réfléchi au défi que la crise COVID-19 représente pour leur ministère pastoral, l'un d'eux décrivant l'expérience comme « pas facile ». 

« Il n'est pas facile de passer d'une crise à l'autre. Donc, face à la pandémie du COVID-19, la situation s'aggrave », a déclaré Mgr George Nkuo de Kumbo, un diocèse situé dans la région nord-ouest du Cameroun, à l'ACI Afrique lundi 27 avril, en évoquant la crise anglophone prolongée qui se poursuit dans même avec des restrictions imposées par le COVID-19.

Mgr Nkuo a expliqué : « Les directives contradictoires des séparatistes et de l'État ont mis les gens hors de chez eux, les exposant aux balles perdues et mettant encore plus en danger leur vie au COVID-19 ».

L'évêque camerounais qui est à la tête de son diocèse depuis juillet 2006 a ajouté : « L'ouverture sporadique des lieux publics tels que les marchés, après des jours de confinement des combattants séparatistes, entraîne une surpopulation et des effets négatifs du non-respect de la distance sociale, augmentant la possibilité de propagation du virus même à ces combattants ».

De plus, le prélat, âgé de 67 ans, s'est exprimé en ces termes : « Les militaires qui ne portent pas de masque et n'utilisent pas de désinfectant pour les mains extorquent les personnes qui ne portent pas de masque ou n'utilisent pas de désinfectant pour les mains. À l'avènement du virus, les militaires seront touchés et contribueront également à sa propagation ».

Deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, se sont plongé dans un conflit depuis 2016 après qu'une manifestation d'avocats et d'enseignants ait tourné à la violence. Un mouvement séparatiste armé revendiquant l'indépendance de la république dite d'Ambazonie a vu le jour suite à la répression du gouvernement contre les manifestants.

Depuis lors, le violent conflit a entraîné le déplacement de plus de 679 000 personnes. Plus de 600 000 enfants n'ont pas pu aller à l'école dans les deux régions, et plus de 3 000 personnes ont perdu la vie au cours des quatre années de conflit.

« Cette pandémie du coronavirus nous a pris complètement par surprise et il est difficile pour les gens de la gérer, étant donné qu’ils y avaient d’autres problèmes qui sévissaient déjà dans la société avant elle », a déclaré l'archevêque de Bamenda, Mgr Andrew Nkea Fuanya, à l'ACI Afrique, lundi 27 avril. 

L'Ordinaire du lieu de Bamenda, qui se trouve également dans le Nord-Ouest du Cameroun, a expliqué en référence à la pandémie du COVID-19, « Dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest où nous subissons les effets de la crise sociopolitique depuis maintenant quatre ans, cela ne fait qu'ajouter à la misère des gens. »

Selon Worldmeters, le Cameroun a enregistré au moins 1.705 cas de COVID-19, dont 805 guérisons et 58 décès.

Réfléchissant à l'impact des restrictions dû au COVID-19 sur le ministère pastoral, Mgr Nkuo a déclaré que les effets étaient graves et a expliqué : « Notre église n'est pas une église riche. Ainsi, la subsistance des prêtres est devenue difficile étant donné que pas de messe signifie pas d'offrande. Cela signifie que même les catéchistes et les autres membres du personnel de l'Église qui dépendent de ce moyen de survie ont été grandement affectés ». 

« De plus, les chrétiens qui ne comprennent pas toujours le sens de la communion spirituelle ont tendance à ne pas prier ou à ne pas garder saint leurs devoirs du dimanche », a ajouté l'Ordinaire du lieu de Kumbo.

« Si des lieux comme les marchés sont ouverts et que le personnel de santé travaille comme d'habitude ou plus que d'habitude, pourquoi les prêtres ne feraient-ils pas de même », a demandé le prélat de 67 ans, qui a poursuivi : « C'est logique mais dangereux, surtout si l'on considère qu'en Italie, par exemple, de nombreux prêtres sont morts en essayant de briser les restrictions ».

Il a toutefois précisé que si des lieux de culte devaient être ouverts, la population devait d'abord considérer le risque encouru et mettre en place des mesures pour protéger la vie. Il a proposé qu' « un nombre restreint de personnes y assistent, avec de multiples messes célébrées les samedis et dimanches, et des participants portant des masques faciaux, et des désinfectants pour les mains utilisés en permanence ».

Pour sa part, Mgr Nkea a expliqué que la suspension de la célébration de la messe en public avait pour but principal de sauver des vies face à la pandémie de COVID-19.

« Si les évêques peuvent suspendre la célébration des messes, alors vous savez qu'ils font passer la vie humaine avant tout », a déclaré Mgr Nkea à l'ACI Afrique lors de l'interview du 27 avril.

Il a déclaré que la suspension de la messe publique n'était pas applicable de la même manière à tous les diocèses du pays.

« Certains diocèses, où la pandémie est très grave, ont fermé les églises et suspendu la célébration des sacrements », a déclaré Mgr Nkea.

Dans son propre archidiocèse de Bamenda, il a « pris suffisamment de mesures pour ne pas affamer complètement les chrétiens de la Parole de Dieu et de l'Eucharistie en particulier ».

Il a « autorisé la célébration des messes dominicales avec un maximum de 50 personnes" au cours desquelles les fidèles "assistent à tour de rôle à la liturgie dominicale ».

« Le reste des gens suivent depuis leur maison par le biais de la radio, de la télévision et des médias sociaux », a-t-il déclaré.

Le prélat de 54 ans, qui est également vice-président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC), a déclaré que le collège des évêques avait encouragé le peuple de Dieu du pays à adhérer aux directives du gouvernement.

« La Conférence épiscopale nationale a écrit une lettre de solidarité à tous les chrétiens et personnes de bonne volonté du Cameroun, leur demandant de suivre strictement les instructions de l'Organisation mondiale de la santé et du gouvernement du Cameroun », a rappelé le prélat lors de l'entretien du 27 avril.

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