Nakuru, 09 janvier, 2025 / 10:56 PM
Au Kenya, l'année jubilaire 2025 de l'Église est l'occasion d'amplifier la voix des personnes dont les droits sont bafoués, a déclaré l'ordinaire local du diocèse catholique de Nakuru.
Dans son homélie prononcée lors du lancement de l'Année jubilaire 2025 sur son siège épiscopal le 5 janvier, Mgr Cleophas Oseso Tuka a décrit les enlèvements de citoyens dont le seul crime, a-t-il dit, était d'exercer leur « droit à la parole ».
Les cas d'enlèvements sont devenus monnaie courante au Kenya. Au moins 82 Kenyans auraient disparu depuis le début des manifestations antigouvernementales menées par les jeunes dans le pays en juin 2024.
La plupart des personnes enlevées seraient des détracteurs du gouvernement. Les autorités kenyanes ont nié toute implication dans l'enlèvement des opposants au gouvernement, dont la plupart ont été libérés au milieu du tumulte public et des projets de manifestations à l'échelle nationale. Pourtant, des cadavres de personnes disparues ont été retrouvés dans des espaces kenyans.
Dans son homélie du 5 janvier, Mgr Oseso a déclaré : « En cette année jubilaire, le Saint-Père nous rappelle de plaider pour la justice. Nous devons défendre ceux dont les droits sont bafoués. Dans notre pays, il y a eu beaucoup de ces cris ».
« Les jeunes qui sont enlevés sont privés de leurs droits, du droit de s'exprimer. Leur seul tort est d'avoir parlé. Ils ont dit quelque chose qui n'a pas plu à quelqu'un, quelque part. Et le seul moyen facile est de les éradiquer, peut-être de les torturer ou de leur faire subir des choses désagréables, de les intimider pour qu'ils ne puissent pas recommencer. Non ! Le Saint-Père dit que nous devons plaider pour la justice », a-t-il déclaré à la cathédrale Christ-Roi du diocèse de Nakuru.
Mgr Oseso a déploré que la lutte pour la justice au Kenya prenne beaucoup de temps. Il a déclaré : « Nos dirigeants sont venus nous montrer qu'ils allaient améliorer les conditions de vie des citoyens kenyans. Cela n'a pas été le cas.
Mettant en garde les Kényans contre une plus grande prudence dans l'élection de leurs dirigeants politiques, l'évêque catholique kényan a déclaré : « C'est nous qui élisons ces personnages. Nous avons peut-être appris nos leçons. Mais nous ne devons pas oublier de nous battre pour ceux qui souffrent ».
Il s'étonne que le gouvernement kenyan, qui a pris plus de temps pour arrêter les petits voleurs, tarde à s'attaquer au problème des enlèvements.
« Si vous volez aujourd'hui, vous serez retrouvé le lendemain. Comment se fait-il alors qu'en ce qui concerne les enlèvements, ils disent qu'ils ne savent pas ? Qui devrait savoir ? », a demandé l'ordinaire local du diocèse de Nakuru depuis sa consécration épiscopale en mai 2023, avant d'ajouter : “Nous supposons que le gouvernement devrait savoir où se trouvent ces personnes”.
Il a ensuite exhorté les Kényans à insuffler de l'espoir aux jeunes du pays, en particulier aux diplômés des collèges et des universités, qui, selon lui, « traînent avec leurs certificats » sans aucun emploi en vue.
« Êtes-vous en train de donner de l'espoir à la jeune génération ? a-t-il demandé, ajoutant : « Ce sont les questions que nous devrions nous poser en tant que nation. C'est ainsi que nous sommes appelés en tant que pèlerins de l'espoir ».
« Apporter l'espoir dans notre société », a souligné l'évêque Oseso, faisant allusion au thème de l'année jubilaire 2025, “Pèlerins de l'espoir”.
Réfléchissant à ce thème des célébrations de l'Année, que le pape François a officiellement lancé la veille de Noël 2024, il a déclaré : « Prions pour l'espoir que nos dirigeants comprennent qu'ils ont un rôle à jouer, (et) pour que nous aussi, dans l'Église, nous comprenions notre rôle et soyons capables de l'exercer sans intimidation ni peur. »
« Prions ensemble en tant que pèlerins de l'espoir pour que cette année apporte une nouvelle lumière à un pays qui semble parfois évoluer dans l'obscurité », a lancé l'évêque Oseso.
Il a décrit l'année jubilaire comme un moment de conversion et une occasion de regarder au fond de soi pour identifier les domaines dans lesquels il faut changer.
Sabrine Amboka a contribué à la rédaction de cet article.
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