El Obeid, 29 juillet, 2020 / 6:22 PM
L'accord de paix signé il y a près de dix mois entre le gouvernement du Soudan et la coalition de combattants rebelles, qui a vu les deux parties s'entendre sur une cessation des hostilités sur tous les fronts de guerre, semble maintenir le pays uni malgré quelques cas de conflits tribaux dans la région du Darfour, a rapporté un évêque de la nation des deux diocèses.
« La première bonne nouvelle à signaler est que le cessez-le-feu tient toujours dans le pays » a déclaré Mgr Yunan Tombe Trille du diocèse d'El Obeid au Soudan à Agenzia Fides.
Il a ajouté dans le rapport publié le mercredi 29 juillet : « Bien sûr, il reste de nombreux aspects à traiter et aussi quelques flambées de conflit interethnique ou tribal au Darfour qui ne s'étaient jamais produites auparavant, mais nous pouvons dire que nous sommes satisfaits. »
L'accord du 21 octobre 2019 a été signé par Mohamed Hamdan Dagolo, le vice-président du Conseil souverain du Soudan, et Alhadi Idriss, le président de la coalition rebelle du Front révolutionnaire soudanais (SRF), qui représente les combattants dans des régions comme le Darfour, le Nil bleu et le Kordofan méridional.
Lors de la cérémonie de signature qui a eu lieu au Soudan du Sud voisin, les dirigeants des deux parties ont confirmé leur engagement à apporter la paix au Soudan qui connaît des tensions depuis décembre 2018, lorsque le gouvernement du président Omar al-Bashir a imposé des mesures d'austérité d'urgence pour éviter l'effondrement économique.
La récente nomination de 18 gouverneurs d'État au Soudan a été possible grâce au cessez-le-feu, déclare l'évêque Trille, ajoutant que cette décision est « un grand pas en avant. »
Il considère également les nominations comme une « expression de la société civile » puisque c'est la première fois qu'un tel processus a lieu, outre le fait que deux des personnes nommées sont des femmes.
Le prélat de 56 ans a salué la décision prise le 11 juillet par le président du Conseil souverain, le général Abdelfattah El Burhan, de signer une série de mesures « qui vont au-delà de certaines des règles les plus controversées basées sur la 'charia. »
Il est loué par le Président pour avoir introduit « des principes qui augmentent les garanties des citoyens et réduisent la discrimination et les violations des droits. »
Mgr Trille, qui est également le président de la Conférence des évêques catholiques du Soudan
(SCBC) qui réunit les évêques du Soudan et du Soudan du Sud, apprécie également les mesures prises pour abolir la peine de mort pour les citoyens de confession islamique qui se convertissent à une autre religion, preuve que les choses « vont dans la bonne direction. »
Il a également exprimé son appréciation pour les « signes positifs » vers la liberté d'expression ainsi que la « criminalisation définitive » de la pratique des mutilations génitales féminines, qui est très répandue dans les communautés du pays d'Afrique du Nord-Est.
« Pendant la pandémie, pour la première fois, les chrétiens ont été considérés au même titre que les musulmans et les déclarations concernant le culte ou les précautions à prendre, mises sur le même plan sans distinction de foi » dit Mgr Trille avant d’ajouter : « Cela nous a rassurés (les catholiques)".
« Certaines questions restent à régler » note le prélat soudanais, qui souligne que « la question des biens confisqués à l'Eglise dans le passé, ou le fait que nous n'avons pas encore d'interlocuteurs directs au sein du gouvernement pour les questions concernant la vie de l'Eglise. »
Au milieu des défis, l'évêque reconnaît les efforts déployés pour favoriser la paix en disant : « Le chemin est encore long et la route empruntée est aussi le résultat de la médiation pour les processus de paix entre l'exécutif et les groupes armés en action au Kordofan Sud, au Darfour et dans l'État du Nil Bleu. »
« Nous avons quitté de nombreuses années de dictature et il faut du temps pour que les choses prennent définitivement la bonne direction » a déclaré Mgr Trille, qui a ajouté : « Nous espérons que nous aurons bientôt un Parlement souverain qui légiférera pour défendre la population et que nous pourrons enfin parler du Soudan comme d'un pays en paix. »
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