lundi, 25 novembre 2024 Faire un don
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Un prélat sud-africain condamne la corruption au sein de l'Église et exhorte les familles à faciliter le travail du clergé

Les Sud-Africains protestent contre le taux élevé de la corruption dans leur pays.

Les prêtres et les religieux qui détournent les fonds destinés aux projets de l'Eglise le font sous la pression de leurs familles et de leurs amis qui veulent obtenir le soutien financier du clergé et des religieux et religieuses, a déclaré Mgr Sithembele Sipuka du diocèse d'Umtata en Afrique du Sud dans sa réflexion du nouveau mois d’octobre partagée avec ACI Afrique.

Dans la déclaration du mardi 1er octobre, Mgr Sipuka condamne la corruption au sein de l'Église et exhorte les membres des familles à comprendre qu'un appel à la vie religieuse est un sacrifice, les mettant en garde contre l'attente de gains matériels de la part de leurs fils et filles qui ont choisi de servir Dieu en tant que clergé et religieux.

Selon lui, l'un des éléments culturels contribuant à la mauvaise gestion des fonds est la pression exercée pour soutenir les membres de la famille "comme si un prêtre gagnait un salaire lié au marché".

"Du côté des proches, on est tenté d'oublier que la prêtrise est un sacrifice et que les membres de la famille et les amis ne doivent pas s'attendre à être soutenus par leur fils ou leur oncle prêtre comme s'il travaillait", déclare l'évêque sud-africain. 

Selon le président de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC), il n'est pas juste qu'un prêtre ou un religieux dépense l'argent de l'Église pour sa famille et du temps et de l'énergie pour des questions familiales alors qu'il s'est volontairement donné entièrement au service de Dieu.

Il demande aux prêtres d'éviter de donner l'impression à leurs familles qu'ils ont accès à "beaucoup" d'argent et qu'ils sont disponibles 24 heures sur 24 pour les affaires familiales.

"Ils (prêtres et religieux) appartiennent à l'Église comme une personne mariée appartient à sa famille", dit Mgr Sipuka, et ajoute : "Si cette situation persiste, il faut penser à faire un choix et à trouver un emploi salarié pour faire face à sa famille".

S'incliner devant la pression familiale pour fournir un soutien financier, dit Mgr Sipuka, est une forme de "culture et de cléricalisme" qui contribue au détournement croissant des fonds de l'Eglise, qu'il a assimilé à de la corruption au sein de l'Eglise.

La culture du matérialisme, selon le prélat sud-africain qui est également vice-président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), est une tentation pour certains prêtres et religieux qui y ont adhéré en sachant que la prêtrise est une invitation à un mode de vie frugal avec l'intention de servir et non d'être servi.

Mais à mesure qu'ils progressent vers la prêtrise et deviennent finalement prêtres, ils commencent à voir des opportunités pour un style de vie lucratif, dit Mgr Sipuka dans sa réflexion du nouveau mois partagée avec ACI Afrique le 1er octobre.

"Le remède est de revenir au motif initial de devenir prêtre et de raviver l'appréciation des conseils évangéliques. Il s'agit de retrouver la satisfaction en Dieu qui est "meilleur que la vie" et qui nous rend indifférents aux choses matérielles", poursuit-il, et affirme que "la corruption du clergé et des religieux a beaucoup à voir avec le déclin de la vie spirituelle, qui est ensuite compensé par la recherche de choses plus matérielles".

Selon Mgr Sipuka, l'Église a un rôle plus important à jouer dans la lutte contre la corruption dans la société, et une façon de le faire est de s'assurer d'abord que l'institution de l'Église est libre du vice.

Comme nous le rappelle l'adage selon lequel "quand vous pointez un doigt, il y a trois doigts qui vous pointent", il est réaliste et honnête d'examiner ce que ces trois doigts nous montrent en tant qu'Eglise en matière de corruption. 

Il ajoute : "En toute bonne conscience, pouvons-nous dire qu'en tant qu'Église, nous sommes libres de ce que nous condamnons chez les autres ?

Selon lui, la possibilité de mettre en évidence la corruption au sein du gouvernement et des entreprises est également une occasion pour les dirigeants de l'Église "de faire une introspection sur les attitudes et les pratiques qui, dans sa vie et son travail, sont empreintes de corruption".

"Alors que l'Eglise cherche à éliminer les éclats de corruption au sein du gouvernement, des entreprises et de la société, elle doit également tenir compte de la possibilité qu'il y ait dans son propre œil une bûche qui rendrait hypocrite de signaler les éclats chez les autres comme le bon Dieu l'a dit avec humour".

Selon l'évêque sud-africain qui s'est prononcé contre la corruption dans son pays, l'Église dans le monde entier est considérée comme une autorité morale et donc, lorsqu'elle est également corrompue, son rôle de phare de la bonté est discrédité et l'espoir des gens sur le rôle de l'Église "pour vaincre le cancer de la corruption est détruit".

Il affirme que la corruption au sein de l'Église prend différentes formes, notamment le détournement de fonds, les abus sexuels et le manque d'éthique professionnelle.

(L'histoire continue ci-dessous)

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L'évêque explique que le détournement des fonds de l'Église est facilité par le manque de gestion adéquate des ressources, qui conduit à ce que des individus bénéficient de fonds qui n'étaient pas destinés à leur profit.

Dans sa réflexion, il fait une distinction entre "détournement par ignorance" et "détournement frauduleux".

Selon Mgr Sipuka, les détournements de fonds de l'Église se produisent surtout lorsqu'il s'agit de combler un "besoin qui s'est soudainement présenté" avec l'argent qui ne lui était pas destiné.

Ce type de détournement de fonds, selon le président de la SACBC, s'accompagne souvent d'un manque d'enregistrement.

"Quand vient le moment de rendre des comptes, la personne ne sait pas ce qu'elle a fait de l'argent", dit-il, et ajoute : "L'absence de mécanismes comptables tels que les rapports et les déclarations financières trimestrielles alimente également ce type de détournement de fonds".

Pour progresser, les responsables des fonds de l'Église doivent apprendre et pratiquer la gestion financière et s'en tenir aux règles de la comptabilité, déclare Mgr Sipuka dans sa réflexion du mois.

Le détournement frauduleux, en revanche, est le fruit d'une pure avidité pour l'argent, où une personne détourne sciemment des fonds destinés à autre chose, la plupart du temps pour elle-même, pour sa famille ou pour ses amis, explique-t-il.

"Le remède à cette forme de détournement est de renvoyer la personne et de la faire inculper", recommande le prélat, âgé de 60 ans. 

Les sanctions pour les personnes corrompues devraient être égales, qu'elles soient dans l'Eglise, le gouvernement ou les affaires, déclare l'Ordinaire du diocèse d'Umtata en Afrique du Sud, ajoutant que les prêtres et les religieux qui "poussent la corruption" ne devraient jamais être autorisés à s'en tirer à bon compte.

"Toute suggestion d'un traitement différent ne serait rien d'autre que du cléricalisme qui encourage inconsciemment l'utilisation du statut ou du pouvoir clérical pour des raisons égoïstes et qui s'en tire à bon compte", déclare Mgr Sipuka.

Il souligne que "la corruption est la même, peu importe qui la pousse et, logiquement, les conséquences doivent être les mêmes. ”

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