jeudi, 14 novembre 2024 Faire un don
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Les deux « bienheureux » que la communauté congolaise de Rome veut que le Pape François Canonise

Bienheureux Isidore Bakanja (à gauche) et la bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta, (à droite) les deux bienheureux congolais en attente de canonisation.

Dimanche 1er décembre, lors de l'événement trois en un marquant les 25 ans de l'inauguration de l'aumônerie catholique congolaise à Rome, le 25e anniversaire de la béatification du catéchiste et martyr Isidore Bakanja, et la fête de la bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta , des citoyens de la République démocratique du Congo (RDC) résidant dans la capitale italienne ont supplié le pape François, qui les avait rejoints pour une messe spéciale, de faire canoniser le bienheureux Anuarite et le bienheureux Bakanja.

« Saint-Père, comme un père de famille, nous vous demandons de ne pas vous lasser de nous. Nous sommes vos enfants. Notre rêve est de voir ces deux bienheureux, Anuarite et Bakanja, tous deux martyrisés pour leur foi et leur fidélité à l'Église ; nous espérons les voir inscrits au canon des autres martyrs catholiques. Nous voulons qu'elles soient considérées comme des modèles de foi pour l'Église universelle », a dit Sœur Rita Mboshu Kongo, théologienne et professeure à l'Université. Qui est le Bienheureux Bakanja et qui est la Bienheureuse Anuarite ?  

Bienheureux Isidore Bakanja

Né en 1887 au Congo belge de l'époque, Isidore Bakanja se convertit au christianisme à l'âge de 19 ans et fut baptisé par les Missionnaires trappistes. Catholique engagé, Bakanja avait une forte dévotion pour la Bienheureuse Vierge Marie. Un amour qu'il exprimait en récitant le Saint Rosaire et en portant le Scapulaire brun de Notre-Dame du Carmel. Bien que non formé, il a souvent enseigné la foi catholique, ce qui lui a valu le titre de « catéchiste ».

Bakanja travaillait dans une plantation de caoutchouc où son superviseur belge, un athée, lui a ordonné d'arrêter de porter le scapulaire, le sacramentel le plus visible de Bakanja. On lui a également demandé de ne pas enseigner à ses collègues comment prier. «Tout le village sera en train de prier et personne ne travaillera», avait prévenu Bakanja, mais avait décidé de ne pas tenir compte de cette mise en garde au grand dam de son superviseur qui l'avait sévèrement battu.

Un récit de la vie de Bakanja indique que sa volonté d'enlever le sacrementel malgré les coups a conduit le superviseur à lui arracher le scapulaire du cou, avant de le frapper et de l'enchaîner sans soins médicaux, ce qui a infecté ses plaies. « Il ne voulait pas que je prie Dieu... Il m'a tué parce que j'ai dit mes prières... Je ne lui ai rien volé... C'est parce que je priais Dieu. » cria Bakanja, couché dans une mare de son propre sang.  

Le superviseur l'a envoyé dans un autre village lors de la visite de l'inspecteur de la plantation, mais Bakanja s'est caché dans un buisson voisin pour présenter ses griefs à l'inspecteur. L'inspecteur horrifié a raconté sa rencontre avec Bakanja, gravement blessé et malade: «J'ai vu un homme venir de la forêt, le dos déchiré par de profondes plaies malodorantes, couvertes de crasse, agressées par des mouches. Il s'est appuyé sur deux bâtons pour s'approcher de moi - il ne marchait pas; il se traînait. »

L'inspecteur a empêché le superviseur et son équipe de tuer Bakanja, qu'il a emmené chez lui pour se faire soigner. Sentant que sa mort était imminente, Bakanja dit à un ami : « Dieu seul sait si je mourrai de ces blessures, ou si je vivrai. Si vous voyez ma mère, ou si vous allez voir le juge, ou si vous rencontrez un prêtre, dites-leur que je meurs parce que je suis chrétien. »

Les Missionnaires trappistes qui lui rendirent visite dans ses derniers instants pour lui offrir les derniers sacrements l'exhortèrent à pardonner à son supérieur. « Quand je serai au ciel, je prierai beaucoup pour lui, » assura Bakanja aux Missionnaires.

Il vécut six mois et, à la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie en 1909, des chrétiens se rassemblèrent autour de la maison de Bakanja pour prier pour lui. Bien que faible, Bakanja, excité, sortit en silence à la rencontre de la foule extatique, son chapelet à la main et son scapulaire au cou, avant de retourner à la maison et de mourir peu après, à l'âge de 22 ans.

Le 7 juin 1917, les restes de Bakanja furent transférés à l'église de l'Immaculée Conception à Bokote en RDC. En 1999, Bakanja a été proclamé Patron des laïcs de la République du Congo.

Lors de sa visite en RDC en 1980, le Pape Saint Jean Paul II disait de Bakanja : « Après avoir donné tout son temps libre à l'évangélisation de ses frères catéchistes, il n'a pas hésité à offrir sa vie à Dieu, fort du courage qu'il trouvait dans sa foi et dans la récitation fidèle du Rosaire ».

Bakanja a été béatifiée le 24 avril 1994 lors de l'assemblée spéciale du Synode des évêques pour l'Afrique.

Le Pape Saint Jean Paul II aurait dit lors de la béatification : « Dans une Afrique éprouvée par les conflits ethniques, votre brillant exemple est un encouragement à l'harmonie et à la réconciliation entre les enfants du même Père céleste. Vous avez montré à tous un amour fraternel, sans distinction de race ou de classe sociale ; vous avez gagné l'estime et le respect de vos compagnons, dont beaucoup n'étaient pas chrétiens. Ainsi, vous nous montrez la voie nécessaire du dialogue entre les hommes. »

Parmi les instituts nommés en l'honneur de la Bienheureuse Bakanja en Afrique, il y a le Blessed Bakanja AMECEA College (BBAC) à Nairobi, Kenya - un séminaire régional de théologie pour les membres de l'Association des Conférences épiscopales en Afrique orientale (AMECEA) et le Salesian Bakanja Center en RDC, un lieu pour enfants sans abri.

Bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta

Née le 29 décembre 1939 comme quatrième enfant parmi six sœurs, Anuarite Nengapeta s'est enfuie de la maison, contre l'approbation de sa mère, pour rejoindre la Congrégation des Sœurs de la Sainte Famille de Kisiangani à l'âge de 20 ans. De par sa profession, elle prit le nom de Marie Clémentine.

Anuarite a été victime de la rébellion mulele de 1964 à travers la RDC, lorsque les rebelles Simba, opposés aux occidentaux dans le pays et méfiants envers les religieux et religieuses locaux pour avoir coopéré avec les étrangers, l'ont enlevée avec 45 autres religieuses et les ont conduits dans un camp rebelle. Les tentatives du chef des rebelles, le colonel Pierre Olombe, de violer Anuarite ont été combattues avec succès.

Déterminé à l'avoir par tous les moyens, le colonel Olombe a forcé Anuarite et sa collègue, Sœur Bokuma Jean-Baptiste, à monter dans une voiture avant de retourner à la maison chercher les clés. Les deux ont tenté de s'échapper, mais ont été interceptées et battues. Sœur Bokuma, qui avait subi une triple fracture à la main, a reçu l'ordre de poignarder Anuarite avant qu'un des rebelles ne lui tire dans la poitrine. « Je te pardonne, car tu ne sais pas ce que tu fais », dit Anuarite à ses agresseurs et meurt le 1er décembre 1964. 

Les agresseurs d'Anuarite l'ont enterrée dans une tombe commune. Huit mois plus tard, ses restes ont été exhumés et enterrés de nouveau. Ses restes ont été exhumés de nouveau en décembre 1978 et transférés à la cathédrale d'Isiro, dans le nord-est de la RDC.

Le pape Jean-Paul II a béatifié Anuarite le 15 août 1985 lors de sa visite dans le pays, à laquelle ont assisté environ 60 000 personnes, dont les parents d'Anuarite, le colonel Pierre Olombe, qui était devenu un catholique dévot et s'est entretenu avec le pape pour exprimer ses remords, entre autres personnalités importantes dont le président Mobutu Sese Seko, alors en poste.

La bienheureuse Anuarite a été la première femme bantoue à recevoir un tel rang dans l'Église catholique. Elle est la marraine du Réseau Jésuite Africain contre le SIDA. 

Le diocèse d'Isiro-Niangara en RDC vient de célébrer le 55e anniversaire d'Anuarite sous le thème « Bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite, un modèle pour les jeunes » sur le terrain où se construit un sanctuaire en son honneur.

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