lundi, 25 novembre 2024 Faire un don
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La nouvelle arrestation d'un journaliste nigérian constitue « un danger pour la démocratie », dénonce l'archevêque de Lagos

Omoyele Sowore a été de nouveau arrêté le vendredi 6 décembre par le Département de la sûreté de l'État (DSS) quelques heures seulement après avoir été libéré sous caution, dans une affaire qui a soulevé des questions concernant la liberté d'expression au Nigeria.

La nouvelle arrestation du journaliste nigérian, militant des droits de l'homme et ancien candidat à la présidence, Omoyele Sowore, par le Département de la sécurité de l'État (DSS) dans les locaux du tribunal quelques heures après sa libération sous caution a mis en colère une partie des Nigérians, dont un évêque catholique du pays ouest africain qui a condamné cet incident, le qualifiant de « grave danger pour la démocratie » dans la nation la plus peuplée du continent.

« La manière dont Sowore a été emmené par les agents de la DSS dans le Temple sacré de la Justice et devant un juge en exercice présage un grave danger pour la démocratie au Nigeria », a déclaré l'archevêque de Lagos, Alfred Adewale Martins, dans une déclaration vue par ACI Afrique le 9 décembre.

« J'ai regardé la scène de l'arrestation de Sowore dans un clip vidéo circulant sur les médias sociaux avec une incrédulité totale », a déclaré l'archevêque et ajouté : « Je ne pouvais pas croire que nous soyons descendus si bas que les agents de sécurité profaneraient le temple de la justice comme ils le faisaient : arrêter une personne en présence même du juge qui ordonna sa libération dans le même tribunal où cette décision a été rendue. »

Le prélat nigérian a qualifié l'épisode du vendredi 6 décembre de « méprisable et de honte pour un pays qui s'enorgueillit d'avoir connu 20 années ininterrompues de régime démocratique. »

L'éditeur du site américain Sahara Reporters Newsite, Sowore, qui s'est présenté sans succès aux élections législatives de février au Nigéria en tant que président de l'African Action Congress (AAC), a été arrêté en août après son appel à des manifestations nationales contre le président

Muhammadu Buhari et accusé de trahison et de blanchiment de capitaux, accusations qu'il dément.

Lors d'une audience en novembre, Sowore a été libéré sous caution mais était toujours détenu par le DSS.

Le 5 décembre, une cour fédérale a lancé un ultimatum au DSS pour qu'il libère Sowore en attendant son procès. Cependant, lors de son procès devant un tribunal le vendredi 6 décembre, les responsables du DSS ont  « arrêté de force » le journaliste, selon un article de presse.

« Le mépris flagrant de la primauté du droit par le DSS, son refus continu d'obéir aux décisions judiciaires, dont la dernière en date est celle de Sowore, est un affront à la démocratie naissante du pays », a déclaré Mgr Adewale dans une déclaration signée par le directeur intérimaire des communications sociales, le père Anthony Godonu, archidiocèse catholique de Lagos.

Faisant référence à l'acte de ré arrestation du journaliste malgré l'injonction de la Cour, le prélat nigérian a déploré : «  Elle a entamé le bilan du gouvernement actuel en matière de droits humains et la détermination souvent répétée du président Muhamadu Buhari à respecter l'autonomie des trois bras du gouvernement. »

Le chef de l'Église a appelé le président de la Cour suprême, Ibrahim Tanko Muhammad, à condamner la nouvelle arrestation de Sowore, car il s'agit d'une « attaque contre le bras du gouvernement qu'il préside ».

Pour aller de l'avant, Mgr Adewale a exhorté le chef de l'État à « prendre toutes les mesures nécessaires pour que le pouvoir judiciaire puisse fonctionner librement conformément à la loi ; en lui rappelant que, comme le pouvoir exécutif qu'il dirige, le pouvoir judiciaire a également le pouvoir constitutionnel d'assurer la survie du droit et de la justice dans le pays ».

De plus, l'archevêque de Lagos a dit au DSS de libérer Sowore conformément aux directives du tribunal et de « présenter des excuses à tout le pays pour l'embarras dont nous avons tous été témoins ».

« Si le DSS a d'autres allégations contre lui, qu'elles soient présentées devant le tribunal afin que la justice puisse suivre son cours. Toute nouvelle attaque arbitraire contre Sowore ne ferait qu'exacerber la tension et la désaffection dans le pays », a conclu la déclaration de l'archevêque.

Entretemps, un prix d'intégrité qui devait être remis au vice-président du Nigéria, Yemi Osibanjo, le lundi 9 décembre par le Wole Soyinka Centre for Investigative Journalism (WSCIJ), a été reporté après la nouvelle arrestation de Sowore.

« Le report a été décidé pour s'aligner sur les protestations contre la répression de la liberté d'expression ces derniers temps, en particulier l'incident entre le Département de la Sécurité d'État (DSS) et Omoleye Sowore, éditeur de Sahara Reporters, le vendredi 6 décembre », a déclaré le directeur exécutif du Centre, Motunrayo Alaka, sur le Twitter de WSCIJ, lundi 9 décembre.

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