Nairobi, 25 novembre, 2021 / 10:06 PM
Les responsables de la Conférence jésuite pour l'Afrique et Madagascar (JCAM) appellent à une "renaissance africaine" qui verrait le renforcement des réglementations financières appropriées et la mise en place de politiques visant à encourager les investissements sur le continent africain.
La suggestion de la JCAM fait suite à la publication des "Pandora Papers" par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), qui met en cause des hommes politiques, des fonctionnaires, des célébrités et des prestataires de services basés en Afrique, qui utiliseraient des comptes offshore pour dissimuler la valeur de leur patrimoine.
Dans un rapport daté du mercredi 24 novembre, les responsables du département JENA (Jesuit Justice and Ecology Network-Africa) de la JCAM, qui expriment leur intention de ne pas accuser de malversations les personnes mentionnées dans les documents Pandora, notent que les comptes offshore, évalués en milliards de dollars, ont certains impacts négatifs sur les économies africaines, notamment l'évasion fiscale et la détention d'argent qui pourrait être utilisé pour améliorer la vie des gens.
"Le document des Pandora Papers et d'autres avant lui appellent à l'action de tous les individus et groupes bien intentionnés pour une Renaissance africaine, destinée à : combler les lacunes en matière de fuite des ressources, appliquer les réglementations appropriées, récupérer les ressources et les actifs perdus et s'assurer que la bonne atmosphère est établie par le renforcement des institutions et des politiques pour promouvoir les investissements à l'intérieur", déclarent les responsables de JENA.
Ils expliquent que les nations africaines doivent délibérer sur des stratégies visant à améliorer les capacités humaines et techniques qui permettraient aux institutions nationales telles que les services douaniers, les cellules de renseignement financier et les agences de lutte contre la corruption de fonctionner efficacement.
Selon les responsables de la JENA, un tel fonctionnement efficace permettrait de détecter les fraudes, les détournements de fonds publics et autres délits financiers et de prendre des mesures pour utiliser les ressources de manière appropriée.
Les responsables de l'entité JCAM ajoutent que l'Afrique a besoin de politiques macroéconomiques visant à réduire les taux d'intérêt afin d'endiguer la fuite des capitaux (sortie de capitaux d'un pays).
"L'Afrique a besoin de règles et d'institutions solides qui permettent de maîtriser la corruption dans les secteurs privé et public. Au niveau national, les gouvernements africains doivent également mettre en place des cadres juridiques solides sur la gestion transparente et responsable des ressources naturelles aidant les industries extractives, le paiement des impôts par les entreprises, ainsi que des procédures judiciaires ouvertes de poursuites des crimes économiques", disent-ils.
Les responsables de la JENA ajoutent que les politiques de lutte contre la fuite des capitaux doivent être soutenues aux niveaux national et mondial.
Ils citent le rapport "Afrique 2020" de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui met en évidence une fuite annuelle de capitaux hors d'Afrique de 88,6 milliards de dollars, soit 3,7 % du produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique, qui dépasse les flux d'aide publique au développement (APD) s'élevant à 48 milliards de dollars ou les investissements directs étrangers (IDE), équivalents à 54 milliards de dollars.
Les responsables jésuites soulignent également la nécessité pour les citoyens des nations africaines de connaître les revenus générés par l'utilisation des ressources publiques dans leurs pays respectifs.
Le fait de savoir comment les recettes provenant des ressources publiques sont utilisées "donnera au peuple le pouvoir de demander des comptes à son gouvernement", affirment Pascal Andebo et Judith Nguli, respectivement responsable du plaidoyer pour la justice fiscale et analyste de la recherche et des politiques, dans le rapport.
Publiés en octobre, les Pandora Papers mettent en cause 18 dirigeants africains, dont les présidents Uhuru Kenyatta du Kenya, Ali Bongo Ondimba du Gabon et Denis Sassou Nguesso de la République du Congo.
Dans le rapport du 24 novembre, les responsables du JCAM affirment qu'il est nécessaire que le peuple de Dieu du deuxième plus grand continent du monde "assainisse délibérément le processus de sélection des dirigeants afin de s'assurer que les élus comprennent pleinement leurs responsabilités, leurs devoirs et leurs obligations car le salut à long terme des pays en développement dépend de la qualité de ses futurs dirigeants qui doivent avoir de l'empathie pour le peuple".
Outre l'assainissement des dirigeants, les Africains doivent influencer l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants qui s'engagent pour les différentes causes dans leurs pays, disent-ils.
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