lundi, 25 novembre 2024 Faire un don
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Le traitement sévère des migrants zimbabwéens inquiète les évêques catholiques d'Afrique du Sud

Mgr Sithembele Sipuka, évêque du diocèse de Mthatha en Afrique du Sud/Crédit : Mgr Sithembele Sipuka

Un évêque sud-africain s'est inquiété de la manière "inhumaine" dont les Zimbabwéens sont traités dans le pays depuis que le gouvernement sud-africain a annoncé son intention de mettre fin au permis d'exemption zimbabwéen (ZEP), mis en place en 2017 pour régulariser le séjour des Zimbabwéens sans papiers. 

Le 7 janvier, le ministre sud-africain de l'Intérieur, Aaron Motsoaledi, a annoncé que les ressortissants zimbabwéens avaient jusqu'à la fin décembre de cette année pour demander les visas nécessaires. 

Les médias indiquent que certains Sud-Africains ont commencé à mener des "opérations de nettoyage" dans le cadre de ce qu'ils appellent l'opération Dudula, en expulsant des Zimbabwéens de maisons louées et de places de marché. Certains Zimbabwéens auraient été emmenés dans des camions de police.

Dans une interview accordée au correspondant d'ACI Afrique en Afrique du Sud, le président de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC) a déclaré que les mauvais traitements infligés aux ressortissants zimbabwéens vivant dans le pays sont embarrassants.

"Vous voyez à la télévision comment les gens sont humiliés lorsqu'ils sont mis à l'arrière des fourgons de police. Certains d'entre eux sont des jeunes femmes et des enfants", a déclaré Mgr Sithembele Anton Sipuka à ACI Afrique le 18 janvier en marge de la première assemblée plénière annuelle de la SACBC.

"Ce n'est pas acceptable", a déclaré Mgr Sipuka.

L'évêque catholique du diocèse d'Umtata, en Afrique du Sud, a ajouté que, s'il comprend les raisons pour lesquelles le gouvernement a décidé d'arrêter le ZEP, "il est très douloureux" de voir le traitement réservé aux migrants zimbabwéens.

L'évêque sud-africain a en outre qualifié de "déchirant mon cœur" l'incident au cours duquel au moins trois ressortissants zimbabwéens auraient été dévorés par des crocodiles alors qu'ils tentaient de traverser le fleuve Limpopo pour entrer en Afrique du Sud.

Il a proposé que la question des migrants en Afrique du Sud soit traitée au niveau régional. 

"Je pense que nous devons nous engager au niveau de la SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe) ou par le biais de l'IMBISA (Réunion interrégionale des évêques d'Afrique australe) pour voir une façon humaine de traiter cette question", a déclaré Mgr Sipuka au correspondant d'ACI Afrique en Afrique du Sud.  

L'évêque qui s'exprimait en marge de la première réunion physique de la SACBC depuis janvier 2020 a déclaré que les attaques contre "les ressortissants étrangers peuvent aussi devenir un bouc émissaire pour nos propres problèmes." 

Dans son discours d'ouverture de la plénière qui s'est tenue au séminaire Saint-Jean Vianney de l'archidiocèse de Pretoria, Mgr Sipuka a exprimé son inquiétude quant à la tendance des Sud-Africains à être "sans foi ni loi, à boire partout, à intimider, à faire du bruit sans tenir compte des autres, à être violents, surtout envers les femmes, à conduire imprudemment et à ne pas respecter les autres". 

Il a déclaré qu'il était important que les évêques signalent et condamnent ces tendances. 

"Il serait peut-être plus efficace de souligner que de tels comportements et attitudes sont non seulement irréligieux mais aussi contraires aux droits constitutionnels des autres. On pourrait dire que cette attitude d'anarchie est due en partie à ce que les gens observent, à savoir que des personnes occupant des postes élevés commettent des actes répréhensibles et s'en tirent, mais nous devons inculquer aux gens que deux maux ne sont pas égaux à un bien", a déclaré l'évêque lors de la plénière de la SACBC qui a réuni les responsables des diocèses catholiques du Botswana, d'Eswatini et d'Afrique du Sud. 

Mgr Sipuka a également souligné la nécessité pour les dirigeants de l'Église de mettre en œuvre la Constitution de leurs pays respectifs. 

En contribuant à la mise en œuvre de la Constitution, Mgr Sipuka a déclaré que l'Église jouera son rôle dans la promotion du bien-être et de la cohésion de la société. 

Il a toutefois déclaré que le fait de soutenir les lois du pays ne devait "pas signifier qu'en tant qu'Église, nous sommes d'accord avec tout ce que contient la Constitution".

"Les droits reproductifs dans la constitution, par exemple, sont un exemple de cette divergence entre l'Église et la constitution, mais pour la plupart, il y a une convergence entre les valeurs que nous épousons et celles prescrites par la constitution", a déclaré Mgr Sipuka. 

Il a également fait remarquer que "les tensions refoulées trouvent souvent le moyen de (re)faire surface de manière désagréable et inattendue, et cela vaut également pour l'Afrique du Sud où les tensions raciales éclatent parfois et sont utilisées par certains dirigeants à des fins politiques". 

À l'instar de feu l'archevêque Desmond Tutu, qui s'est constamment élevé contre les inégalités, Mgr Sipuka a déclaré que les dirigeants de l'Église ne doivent "pas éviter les questions douloureuses et sensibles, mais dire la vérité de ces tensions telle qu'elle est, mais dans l'amour."

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