mardi, 08 avril 2025 Faire un don
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Accaparement massif de terres, expropriation, exploitation, préoccupation des dirigeants des églises d'Afrique de l'Ouest

Les Évêques des Conférences épiscopales régionales d'Afrique de l'Ouest (CERAO)

L'accaparement de terres en Afrique par des entreprises "multinationales" désireuses de maximiser leurs profits sans se soucier des moyens de subsistance des indigènes du continent a été l'un des points forts de la semaine de rassemblement des dirigeants de l'Église catholique à la tête des Conférences épiscopales régionales d'Afrique de l'Ouest (RECOWA) qui s'est achevée le lundi 17 février.

Cette préoccupation, qui a été soulignée par le président du RECOWA au début de la réunion à Abidjan, en Côte d'Ivoire, a été discutée en même temps que d'autres défis qui touchent le peuple de Dieu dans la région, notamment l'insécurité caractérisée par des enlèvements et des assassinats ciblés.

"On estime aujourd'hui que plus de 60 % des terres agricoles disponibles dans le monde se trouvent en Afrique, au sud du Sahara", avait fait remarquer le président de la RECOWA, l'archevêque Ignatius Kaigama, dans son discours au début de la 8e réunion du Comité permanent de la conférence régionale, en citant une statistique établie par Grow Africa.

"Paradoxalement, l'accaparement massif de ces terres, qui se traduit par l'expropriation des populations les plus pauvres, se fait au nom du développement économique et social", avait déploré et expliqué le prélat nigérian, "l'exploitation faite des immenses superficies des terres accaparées (souvent des centaines de milliers d'hectares par opération) ne correspond en rien aux besoins les plus pressants des populations concernées".

Après avoir délibéré sur la question, les membres du Comité permanent de RECOWA ont, dans un message collectif daté du 16 février, reproché aux entités multinationales de priver les Africains de leurs terres agricoles.

"Nous sommes aujourd'hui confrontés au phénomène de l'accaparement des terres par les multinationales avec la complicité de certains acteurs locaux", ont constaté les évêques qui, aux côtés des multinationales, ont déploré "l'augmentation des expropriations forcées de terres des agriculteurs par les éleveurs à des fins de pâturage".

"Nous sommes également témoins des chasses à l'homme, des villageois qui sont envoyés au parking de leurs maisons et de la destruction de leurs terres agricoles. Cela conduit à la perte de vies humaines", ont déploré les dirigeants de l'Eglise d'Afrique de l'Ouest.

"Convaincus que les êtres humains sont établis par le Créateur comme les gardiens de la terre et de notre maison commune", les évêques ont, dans leur message collectif, dénoncé "l'accaparement des terres et l'expropriation forcée de la terre sous toutes ses formes".

"Nous réaffirmons notre engagement à protéger les droits de ces peuples, à respecter leurs valeurs, leurs traditions, leurs coutumes et leurs cultures", ont déclaré les dirigeants de l'Église et ont ajouté : "Nous voulons travailler à la préservation de la terre, des forêts, des rivières et de tout ce qui vit et s'épanouit dans ces espaces considérés en Afrique, non seulement comme des ressources à exploiter dans le seul but du profit, mais plutôt comme des espaces sacrés, source de vie, de sagesse, d'équilibre".

Les évêques d'Afrique de l'Ouest ont également abordé les dangereux effets environnementaux de l'exploitation minière sur le continent en déclarant que "malgré ce que l'on peut dire des avantages économiques de l'extraction minière en Afrique, il faut noter que ses effets néfastes sont incalculables pour les peuples africains" et ont souligné "la dégradation de l'environnement, le déséquilibre de l'écosystème, la perte de biodiversité, la pollution des rivières, des mers, des nappes phréatiques" parmi les effets néfastes de l'exploitation minière.

S'inspirant de la lettre encyclique du Pape, le prélat Laudato Si' a déclaré : "De diverses manières, les peuples en développement, où se trouvent les plus importantes réserves de biosphère, continuent à alimenter le développement des pays les plus riches au détriment de leur présent et de leur avenir.

Pour aller de l'avant, les membres du Comité permanent du RECOWA ont chargé les "Commissions Justice et Paix de tous nos diocèses de redoubler d'efforts et d'innovations en matière de soins, de protection et de soutien aux victimes des effets néfastes de l'accaparement et de l'expropriation forcée des terres".

Les évêques ont également décidé de "faire un travail intense de plaidoyer auprès de tous les organismes nationaux et internationaux afin que des cadres et des mécanismes solides puissent être mis en place pour corriger toute injustice et anomalie".

Dans leur déclaration commune, les dirigeants de l'Église ont également tendu la main aux gouvernements des pays développés qui "doivent être conscients qu'ils tiennent entre leurs mains non seulement le destin de leurs pays respectifs mais aussi celui de l'humanité tout entière" et donc, comme tous les dirigeants des nations, être les "gardiens de notre maison commune". 

"La destruction de l'environnement humain est très grave, car non seulement Dieu a confié le monde à l'être humain, mais encore la vie de celui-ci est un don qui doit être protégé contre diverses formes de dégradation", ont cité les évêques dans la lettre encyclique du pape François, Laudato Si'.

Ils ont ensuite, dans leur communiqué collectif, plaidé pour "un traité ou une convention qui protège l'Afrique" qui verrait "la mise en place d'un instrument mondial, juridiquement contraignant, pour réglementer les activités des sociétés transnationales". "

"Nous demandons à nos gouvernements respectifs en Afrique de l'Ouest de travailler collectivement avec d'autres pays pour la réalisation d'un tel instrument de gouvernance mondiale pacifique, facteur de cohésion sociale", ont lancé les dirigeants de l'Eglise. 

Egalement connu sous son acronyme français et portugais CERAO (Conferencia Episcopal Regional da Africa Ocidental), RECOWA regroupe 11 conférences épiscopales constituées par 16 pays d'Afrique de l'Ouest.

Les conférences des évêques comprennent : la Conférence épiscopale catholique du Bénin ; la Conférence épiscopale catholique mixte du Burkina Faso et du Niger ; la Conférence épiscopale catholique de Côte d'Ivoire ; la Conférence épiscopale catholique interterritoriale de Gambie et de Sierra Leone (ITCABIC) ; la Conférence épiscopale catholique du Ghana ; la Conférence des évêques catholiques de Guinée ; la Conférence des évêques catholiques du Liberia ; la Conférence des évêques catholiques du Mali ; la Conférence des évêques catholiques du Nigeria ; la Conférence épiscopale catholique mixte du Sénégal, de la Mauritanie, du Cap-Vert et de la GuinéeBissau ; et la Conférence des évêques catholiques du Togo.

Le Comité permanent est composé du président et de deux vice-présidents. 

Soulignant le thème de leur réunion, "Ensemble, travaillons pour les droits des communautés et de l'environnement", les membres du Comité permanent RECOWA ont conclu, "Travaillons donc ensemble pour un nouvel ordre mondial qui garantisse aux différentes communautés d'Afrique de l'Ouest le droit à un environnement qui favorise le développement durable, respectueux de la nature et des ressources naturelles".

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