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Quatre leçons de sainte Joséphine Bakhita, enlevée au Soudan alors qu'elle était enfant : Réflexion d'une sœur kenyane

Le 8 février est la fête de sainte Joséphine Bakhita, ancienne esclave d'origine soudanaise et patronne des victimes de la traite des êtres humains.

Alors que l'Église célèbre la fête de sainte Bakhita, une religieuse catholique kenyane portant le nom de la sainte réfléchit à la vie de son prototype qui, selon elle, « reflète la direction que nos vies devraient prendre en tant que chrétiens d'aujourd'hui ».

Selon Sœur Joséphine Bakhita, responsable du Réseau panafricain de théologie et de pastorale catholiques (PACTPAN), la vie de Sainte Bakhita fournit des leçons essentielles sur la dignité de la vie humaine dans le monde d'aujourd'hui où, selon elle, la traite des êtres humains reste une crise mondiale, avec des millions d'hommes, de femmes et d'enfants contraints au travail et à l'exploitation.

Elle salue l'équipe de théologiens africains du PACTPAN qui a organisé une méga campagne dans plus de 30 pays africains pour mettre fin à la traite des êtres humains.

Le membre des Sœurs de Marie de Kakamega qui sert à l'« Église de Maintenant » de PACTPAN dit que l'exploit de Sainte Joséphine Bakhita est un rappel de l'endurance et de la confiance totale en Dieu au milieu des difficultés, du pouvoir du pardon ainsi que de la générosité.

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« La fête de sainte Joséphine reflète la direction que nos vies devraient prendre en tant que chrétiens d'aujourd'hui. Sa vie extraordinaire offre des leçons que nous pouvons imiter pour relever les défis pressants de notre époque. Son parcours de l'esclavage à la sainteté offre une perspective chrétienne profonde sur la traite des êtres humains, la souffrance, la violence domestique, l'insécurité alimentaire et le système de santé défectueux. Sa vie est une lueur d'espoir qui nous inspire à répondre par la foi, l'amour et l'action », déclare Sœur Bakhita dans la réflexion qu'elle a partagée avec l'ACI Afrique le jeudi 6 février, avant la journée de célébration du 8 février.

Voici le reste de sa réflexion :

La nécessité de défendre la dignité de chaque personne

Les débuts de la vie de Sainte Joséphine Bakhita ont été marqués par les horreurs de la traite des êtres humains. Enfant, elle a été kidnappée au Soudan, vendue plusieurs fois et a enduré des souffrances inimaginables entre les mains de personnes sans sympathie ni conscience morte. Malgré ces horreurs, elle a trouvé la liberté en Christ et a pardonné à ceux qui lui avaient fait du tort.

Aujourd'hui, la traite des êtres humains reste une crise mondiale, avec des millions d'hommes, de femmes et d'enfants contraints au travail et à l'exploitation. En tant que chrétiens, nous sommes appelés à reconnaître et à défendre la dignité de chaque personne, comme l'a fait sainte Joséphine Bakhita. Merci aux organisations ecclésiastiques qui sensibilisent les communautés aux dangers de la traite des êtres humains, offrent des refuges aux survivants et plaident en faveur de politiques qui protègent les personnes vulnérables ou à risque. Ces sanctuaires offrent non seulement un abri, mais aussi une guérison spirituelle et psychologique aux victimes. La question qui se pose est la suivante : comment aider ces personnes à poursuivre cette noble mission, et comment intensifier les efforts pour s'assurer que chaque victime est prise en charge ? L'histoire de Sainte Joséphine Bakhita nous rappelle que chaque victime mérite d'être restaurée et que notre foi nous appelle à être leur voix.

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Souffrance et confiance en Dieu

Joséphine Bakhita a enduré d'immenses souffrances, mais elle est restée inébranlable, concentrée et déterminée à suivre sa foi jusqu'au bout. Après avoir gagné sa liberté, elle est entrée dans l'ordre des Canossiens, donnant toute sa vie pour aimer et servir son maître par la prière et d'humbles devoirs. Avec amour, elle déclare : « Si je devais rencontrer les marchands d'esclaves qui m'ont enlevée, et même ceux qui m'ont torturée, je m'agenouillerais et je leur baiserais la main. Car si ces choses n'étaient pas arrivées, je ne serais pas devenue chrétienne ». Ses paroles reflètent un degré remarquable de confiance dans le plan divin de Dieu pour l'humanité.

Dans le monde d'aujourd'hui, d'innombrables personnes souffrent à cause de la maladie, des luttes économiques et de l'injustice. Les patients atteints de cancer endurent des douleurs insupportables ainsi que le fardeau financier d'une thérapie coûteuse. De nombreuses communautés survivent avec un seul repas par jour, et le manque de soins de santé abordables reste un problème pressant, laissant les malades sans soins médicaux appropriés. Encouragés par la vie de sainte Bakhita, nous sommes appelés à les aider à voir la souffrance à travers le prisme de la foi, confiants que Dieu peut transformer la douleur en un chemin de grâce. En tant que chrétiens, nous pouvons suivre son exemple en accompagnant les personnes souffrantes, que ce soit par la prière, des actes de bonté ou simplement par notre présence. Cela peut se traduire par un prêtre qui apporte un réconfort spirituel aux malades, une religieuse qui se consacre à soigner un patient souffrant d'une maladie chronique ou un frère qui partage le peu de pain qui lui reste pour le dîner. Par ces gestes, petits mais profonds, nous rappelons à ceux qui sont dans le besoin que Dieu est avec eux, même dans leur souffrance. En embrassant cette mission, nous devenons des modèles d'espoir, en plaidant pour des soins de santé accessibles, en soutenant des missions médicales et en soutenant les malades par la prière et l'action compatissante. Ce faisant, nous apportons non seulement un soulagement aux personnes en détresse, mais nous témoignons également de l'amour et de la miséricorde du Christ dans un monde brisé.

La violence domestique et le pouvoir du pardon

Les premières années de Sainte Joséphine Bakhita ont été marquées par la cruauté, mais elle n'a jamais laissé l'amertume la définir. Sa capacité à pardonner à ses oppresseurs témoigne de l'appel chrétien à aimer même nos ennemis. Cette leçon est particulièrement pertinente aujourd'hui, car la violence domestique reste un problème important dans de nombreuses communautés. Partout dans le monde, des femmes et des enfants souffrent de relations abusives, se sentant souvent piégés et impuissants. Même au sein de l'Église, certains cas de violence domestique restent cachés derrière des murs de silence. Le poids des responsabilités pastorales, les luttes personnelles et les pressions sociétales peuvent parfois mettre à l'épreuve même les prêtres et les religieux les plus dévoués, affectant leurs interactions avec les personnes qui leur sont confiées. De même, des membres dévoués de l'Église peuvent endurer la souffrance en silence, craignant d'être jugés ou de dépendre économiquement de leur conjoint violent. L'histoire de sainte Bakhita nous encourage à rechercher la guérison et la libération. En tant que famille de Dieu, nous devons nous unir pour défendre la justice sociale, offrir un renouveau spirituel et émotionnel et prêter une oreille attentive à ceux qui sont dans le besoin, en incarnant la compassion du Christ. Inspirés par sa vie, nous sommes appelés à favoriser des environnements de paix et de protection, en veillant à ce que personne ne souffre en silence.

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Ami, inspire avant de mourir !

Pénuries alimentaires et générosité chrétienne

Sainte Joséphine Bakhita connaissait la douleur de la privation, ayant enduré la faim et la négligence pendant ses années d'esclavage. Aujourd'hui, l'insécurité alimentaire reste une préoccupation croissante, des millions de personnes étant confrontées à la malnutrition en raison des conflits, de l'instabilité économique et du changement climatique. De nombreux jeunes sont poussés dans des situations désespérées - mariages précoces, sectes, voire criminalité - simplement pour survivre.

En tant que chrétiens, nous avons un rôle vital à jouer pour nourrir les affamés. Mais comment réagissons-nous ? Reconnaissons-nous les moments où nous avons plus qu'assez, au point de gaspiller ? Donnons-nous par amour authentique ou seulement lorsque nous attendons quelque chose en retour ? L'expérience de Sainte Bakhita nous rappelle que la vraie générosité ne consiste pas seulement à fournir de la nourriture, mais à partager avec amour et dignité, en reconnaissant la valeur inhérente de chaque personne que nous servons. Le plaidoyer du pape François en faveur des pauvres en est un bel exemple. Par le biais d'initiatives telles que la Journée mondiale des pauvres, il appelle les catholiques du monde entier à s'engager dans des actes de miséricorde. Inspirés par Sainte Bakhita, nous pouvons nous aussi faire la différence en faisant des dons, du bénévolat ou simplement en étant attentifs au gaspillage et à l'excès dans notre propre consommation. Réfléchissons, agissons et veillons à ce que personne ne souffre de la faim tant que nous avons la possibilité de partager.

En conclusion, alors que nous célébrons la fête de sainte Joséphine Bakhita, nous nous rappelons que son histoire n'est pas seulement celle d'une souffrance passée, mais qu'elle est d'une actualité brûlante. Sa vie nous appelle à nous opposer à la traite des êtres humains, à faire confiance à Dieu dans les épreuves, à favoriser des environnements sûrs et exempts de violence, et à faire preuve de générosité envers ceux qui ont faim. Que son intercession nous guide pour faire du monde un lieu de plus grande justice, d'amour et de foi. Amen.

Agnes Aineah