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Un évêque catholique du Soudan du Sud charge les dirigeants d'unifier les communautés en guerre

L’évêque du diocèse catholique de Bentiu, au Soudan du Sud, a rappelé aux dirigeants du pays leur rôle crucial dans la promotion de méthodes non violentes pour résoudre les conflits et instaurer la paix dans la société.

Dans son discours lors d’un dialogue de paix organisé pour explorer des moyens de réconcilier les communautés en conflit desservies par le diocèse, Mgr Christian Carlassare a souligné que les dirigeants doivent s’aligner sur la droiture et la justice pour bâtir des sociétés pacifiques.

« Les dirigeants jouent un rôle clé dans la quête de la paix. Quand les méchants gouvernent, le peuple gémit. Quand les justes dirigent, le peuple se réjouit », a déclaré Mgr Carlassare lors de la première session du dialogue de paix, qui s’est achevé le 5 février.

L’évêque catholique d’origine italienne a ajouté : « Les dirigeants doivent appartenir au peuple, être attentifs à ses besoins et ses attentes, et comprendre ses pensées et ses préoccupations. Cependant, ils ne doivent pas être guidés uniquement par la volonté populaire dans le but d’obtenir un consensus. »

« Les dirigeants ont une grande responsabilité », a poursuivi ce membre des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus (MCCJ), avant d’ajouter : « Ils doivent guider le peuple en formant sa conscience et en proposant une nouvelle vision : celle selon laquelle la paix est toujours possible, que seuls des moyens non violents peuvent résoudre les conflits et que seule la solidarité sociale peut engendrer un développement durable et une prospérité réelle. »

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Le diocèse catholique de Bentiu dessert une région troublée, réunissant les Dinka de la zone administrative de Ruweng et les Nuer de Bentiu, dans l’État d’Unity, au Soudan du Sud. Ces deux communautés sont en conflit permanent.

Le dialogue de paix qui vient de s’achever a été organisé par la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS) en collaboration avec la société civile sud-soudanaise pour explorer des solutions de réconciliation entre ces deux communautés.

Le Soudan du Sud, plus jeune pays du monde et abritant plus de 60 groupes ethniques, est instable depuis son indépendance du Soudan en 2011. Les deux groupes ethniques majoritaires sont les Dinka, qui représentent plus d’un tiers de la population, et les Nuer, qui comptent pour environ la moitié de cette proportion.

Une grande partie des violences au Soudan du Sud découle des tensions entre ces deux groupes, qui rivalisent pour le pouvoir politique et l’accès aux ressources telles que l’eau et le bétail. Ces tensions ont déclenché une guerre civile de six ans en 2016. Bien qu’un accord de paix ait été signé en février 2020 avec la formation d’un gouvernement d’unité nationale, des violences persistent, notamment à travers des raids de bétail.

Dans son discours du 31 janvier, Mgr Carlassare, qui a exercé son ministère dans le diocèse de Malakal depuis son arrivée au Soudan du Sud en 2005 avant d’être nommé évêque du diocèse de Rumbek en mars 2021, a mis en avant le dialogue comme pierre angulaire de la paix et de la cohésion sociale.

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Il a souligné que la violence conduit à l’échec et découle du manque de respect mutuel et de la volonté d’imposer des intérêts particuliers au détriment du bien commun.

L’évêque, qui a commencé son ministère sacerdotal dans le diocèse catholique de Malakal après son ordination en septembre 2004, a noté que les tensions naissent lorsque certains groupes privilégient leurs intérêts aux dépens des autres, entraînant des divisions.

Dans son intervention, Mgr Carlassare a également abordé l’importance du pardon dans le dépassement des rancœurs.

Se référant aux Évangiles de saint Jean et de saint Matthieu sur l’amour, le prélat catholique a souligné que l’inimitié empêche la construction d’une cohésion sociale, qui nécessite le pardon, la bienveillance et un engagement en faveur de la paix.

Il a appelé la population à œuvrer pour l’unité et la paix : « Soyez humbles et bienveillants. Soyez patients. Supportez-vous les uns les autres avec amour. Efforcez-vous de préserver l’unité par le lien de la paix », a-t-il déclaré, en faisant référence à la lettre de saint Paul aux Éphésiens.

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Il a exhorté chacun à éviter les actions et les paroles susceptibles de perturber la paix dans leurs communautés, insistant sur le fait que préserver l’unité et la paix exige un effort constant, de l’humilité et de la patience.

Enfin, Mgr Carlassare a plaidé pour un cheminement collectif vers la fraternité et la réconciliation afin de bâtir une société fondée sur l’amour et la solidarité.

Silas Isenjia