"Même la vaste tâche d'inculturation n'a pas encore réussi à concilier ce que nous sommes devenus (chrétiens) avec son héritage historique et ce que nous sommes (notre culture et nos traditions) avec tous les devoirs qui nous incombent en tant que fils de notre peuple", a ajouté le père Prosky, ancien élève du père André.
Pour Moise Takougang, "Mgr Watio est docteur en histoire comparée des religions, et le père André est docteur en anthropologie".
"Il aurait mieux valu que l'évêque invite le père André à une discussion dans laquelle chacun apporterait des arguments pour et contre la controverse plutôt que de jeter une sanction s'apparentant davantage à un lynchage", a suggéré M. Takougang, un catholique basé dans le diocèse de Bafoussam au Cameroun, dans l'interview accordée le 8 juillet à ACI Afrique.
Selon Nkemsse Klovisse, "ce qui est reproché au Père André Marie Kengne n'est pas le fait de promouvoir l'inculturation, mais simplement le fait d'avoir rendu public le fruit de ses recherches et de ses initiatives personnelles dans ce domaine délicat de l'inculturation en tant que Prêtre, sans les avoir préalablement soumises à la commission compétente pour examen et évaluation".
"Le malheur d'une vidéo comme celle du Père André Marie Kengne est qu'elle peut semer la confusion dans l'esprit des fidèles du Christ, qui ne pourront pas distinguer les réflexions et les opinions d'un chercheur (théologien et anthropologue) des orientations pastorales de l'Eglise (portées par le prêtre qu'il est)", a déclaré M. Klovisse, journaliste catholique à Radio Ecclesia à Bafoussam, à l'ACI Afrique le 8 juillet.
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Il a ajouté : "En regardant la vidéo, il n'est pas non plus évident pour la majorité des fidèles de faire la distinction entre les convictions personnelles du Père André Marie Kengne sur certaines réalités (comme l'initiation dans les sociétés secrètes) et l'enseignement de l'Eglise".
Entre-temps, le Père Clément Kouamo, un prêtre collègue du Père André dans le diocèse de Bafoussam, aurait déclaré que la décision de leur évêque de suspendre le Père André est conforme à "la doctrine de l'Église".
"Il doit donner la priorité à l'enseignement officiel de l'Église", a déclaré le père Clément en référence à l'évêque, ajoutant : "Il ne doit surtout pas donner libre cours à toutes les formes de syncrétisme religieux entre le christianisme et les cultes traditionnels".
Dans un post sur Facebook, le père Ludovic Lado, prêtre jésuite camerounais, a déclaré : "Je salue l'intérêt, voire la passion, de ce prêtre pour les cultures traditionnelles africaines, mais je reconnais aussi le droit de l'évêque de rediriger un prêtre lorsqu'il estime qu'une sortie a pu créer la confusion dans l'esprit de certains fidèles".
Pour le P. Ludovic, même si la décision de l'évêque de suspendre le P. André "a le mérite de sauvegarder l'activité pastorale, la forme n'était pas là".
"Je m'attendais à un texte épiscopal élaboré par une commission théologique ou catéchétique, comme le Vatican sait le faire, qui démantèlerait, avec des arguments à l'appui, les erreurs doctrinales détectées dans le poste du père André", a indiqué l'anthropologue jésuite.
"Je réitère mon souhait que le P. André soit encouragé à poursuivre ses recherches, mais avec la prudence qu'exige le passage du moment intellectuel au moment médiatique, en passant par le catéchisme", a conseillé le P. Ludovic dans son post sur Facebook.