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L'ingérence étrangère et l'exploitation des ressources, causes de la crise dans l'est de la RDC: Missionnaire religieux

Le conflit violent dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC), qui s'est intensifié ces dernières semaines, entraînant la mort de milliers de personnes et le déplacement de nombreuses autres, est enraciné dans un « réseau complexe » de facteurs, notamment l'ingérence étrangère et l'exploitation des ressources, a déclaré un missionnaire religieux originaire de cette région en crise à ACI Afrique.

Dans une interview accordée à ACI Afrique, le Frère Adolphe Mulengezi Mihingano de l'Institut des Missionnaires de la Consolata (IMC) a déclaré : « La crise à l'Est de la RDC est le résultat d'une combinaison complexe de facteurs historiques, économiques, politiques et géopolitiques. L'Est de la RDC regorge de ressources naturelles, notamment l'or, le coltan, le cobalt, les diamants et d'autres minerais stratégiques utilisés dans l'industrie technologique mondiale. »

Lors de l'entretien du 6 février, le Frère Mulengezi a souligné que ces ressources précieuses attisent la « cupidité » des « acteurs locaux et internationaux, y compris des multinationales et des groupes rebelles. Ces derniers exploitent illégalement les mines et financent leurs activités grâce à la vente de ces minerais, perpétuant ainsi un cycle de violence. »

Le 27 janvier, les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), soutenus par le Rwanda, ont annoncé avoir pris le contrôle de la capitale de la province orientale de la RDC, Goma, selon un rapport de Reuters.

« Les rebelles soutenus par le Rwanda ont marché sur la plus grande ville de l'Est du Congo, Goma, le lundi 27 janvier, et l'ONU a affirmé qu'ils étaient appuyés par des troupes régulières rwandaises, marquant ainsi la pire escalade d'un conflit qui dure depuis plus d'une décennie, » indiquait le rapport de Reuters.

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D'après le même rapport, « Une alliance rebelle menée par la milice M23, dirigée par des Tutsis, a déclaré avoir pris le contrôle de cette ville située au bord du lac, qui compte plus de 2 millions d'habitants. Goma est un centre névralgique pour les personnes déplacées et les organisations humanitaires, à la frontière avec le Rwanda, et avait été occupée pour la dernière fois par le M23 en 2012. »

Les derniers rapports sur cette crise prolongée dans l'Est minier de la RDC indiquent qu'environ 3 000 personnes ont été tuées à Goma et que des centaines de femmes détenues ont été violées lors d'une attaque sur la prison de Munzenze à Goma, à l’occasion d'une évasion massive, parmi d'autres atrocités inhumaines.

Dans son interview du 6 février, le Frère Mulengezi, natif de Goma, a retracé cette crise à plusieurs décennies en arrière. Il a déclaré : « Depuis des décennies, plusieurs rapports et témoignages dénoncent l'implication de pays voisins, notamment le Rwanda, dans l'instabilité de l'Est de la RDC. »

« Ces pays sont accusés de soutenir des groupes armés comme le M23 afin d’assurer leur accès aux ressources congolaises et d'affaiblir le pouvoir de Kinshasa dans la région, » a ajouté ce membre de l’IMC basé à Rome, en référence à la capitale de la RDC.

Il a poursuivi : « Cette ingérence complique toute tentative de stabilisation, car elle transforme le conflit en un jeu d'intérêts régionaux dans lequel la RDC peine à exercer pleinement sa souveraineté. »

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« La Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO), présente dans le pays depuis plus de deux décennies, est régulièrement critiquée pour son incapacité à rétablir la paix, » a déploré le Frère Mulengezi.

Il a ajouté : « Malgré des milliards de dollars investis, la situation sécuritaire reste précaire, et les populations locales expriment une méfiance croissante envers la force de l'ONU, jugée passive face aux massacres et aux incursions des groupes armés. »

Le missionnaire congolais de l’IMC, qui est étudiant en Master en Communication Sociale à l’Université Pontificale Salésienne de Rome, a affirmé qu'il existe une interférence étrangère dans la crise en RDC.

« L'implication du Rwanda dans la crise de l'Est de la RDC est un sujet de forte tension diplomatique. De nombreux rapports, y compris ceux des Nations Unies, des ONG et de gouvernements étrangers, accusent Kigali de soutenir activement le mouvement rebelle du M23, » a déclaré le Frère Mulengezi.

Il a révélé que « Des enquêtes indépendantes et des rapports de l'ONU ont mis en évidence que le Rwanda fournit des armes, du matériel militaire et un soutien logistique aux rebelles du M23. Des images satellites, des témoignages de combattants capturés et des interceptions de communications attestent de la présence de soldats rwandais aux côtés du M23. »

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« Cette implication directe constitue une violation flagrante de la souveraineté de la RDC et alimente la déstabilisation de la région. Le Rwanda cherche à renforcer son hégémonie régionale et à imposer un rapport de force dans ses négociations avec Kinshasa, » a-t-il précisé.

Selon le Frère Mulengezi, « L'implication du Rwanda dans le conflit en RDC est bien documentée. Cette ingérence nourrit l'instabilité et aggrave la souffrance de la population civile. »

À ses yeux, « Une réponse ferme de la communauté internationale et une pression diplomatique accrue sont nécessaires pour contraindre Kigali à mettre fin à son soutien au M23 et à s'engager dans un véritable processus de paix. »

« La crise actuelle dans l'Est de la RDC ne peut être résolue par une approche purement militaire. Une réponse globale est nécessaire, incluant la stabilisation politique, la lutte contre le pillage des ressources naturelles, la réforme de l'armée congolaise et un engagement plus ferme de la communauté internationale pour mettre fin aux ingérences extérieures. »

Le missionnaire de la Consolata a plaidé pour de la bonne volonté et de la sincérité de la part des acteurs impliqués, y compris les dirigeants politiques de la région. « Seule une solution durable, impliquant une réelle volonté politique et une coopération régionale sincère, pourra apporter la paix et la stabilité à cette région meurtrie, » a-t-il confié à ACI Afrique lors de l’entretien du 6 février.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.