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Les évêques catholiques de la RDC condamnent la «violence fondée sur l'expression linguistique» et appellent à l'unité

Les membres de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) ont condamné la discrimination signalée à l'encontre des locuteurs swahili dans certaines parties de la République Démocratique du Congo (RDC) ainsi que les violences rapportées.

Dans une déclaration partagée avec ACI Afrique le lundi 24 février, les membres de la CENCO se prononcent sur la violence visant les Congolais locuteurs du swahili dans la capitale, Kinshasa, et dans d'autres régions du pays, avertissant que cette discrimination menace l’unité nationale et la cohésion sociale.

« Alors que nos frères et sœurs vivant dans la partie Est de notre pays, en particulier ceux des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, sont frappés par les horreurs de la guerre, nous assistons ces derniers jours à une recrudescence des violences basées sur l'expression linguistique dans d'autres parties du pays », déclarent-ils dans le communiqué daté du 22 février.

Les responsables de l'Église catholique ajoutent : « Il est plus qu’affligeant de voir certains Congolais stigmatiser d'autres compatriotes parce qu'ils parlent le swahili, l'une de nos quatre langues nationales aux côtés d'innombrables langues locales. »

Dans leur déclaration, les membres de la CENCO « dénoncent et condamnent sévèrement la traque des locuteurs du swahili dans la ville-province de Kinshasa et dans certaines autres zones de notre pays. »

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« La CENCO est d'autant plus indignée de voir certains ‘pasteurs’ exploiter les plateformes de leurs églises et autres cadres de prédication pour tenir des discours incitant à la discrimination, à la haine et à la violence contre d'autres Congolais en raison de leur origine, de leur langue ou de leur morphologie », déplorent les évêques catholiques de la RDC.

Évoquant l’unité nationale d’autrefois, les évêques catholiques rappellent qu’un natif du Congo-Central avait été élu Gouverneur et député de Goma, et que des candidats à la présidence issus des parties Ouest et Est du pays avaient bénéficié de soutiens à travers les régions.

« Aujourd’hui, malheureusement, nous assistons à une régression qui ne peut que nous préoccuper », déplorent les membres de la CENCO.

Ils avertissent que la discrimination croissante contre les locuteurs du swahili risque d’alimenter les conflits intercommunautaires et d’exacerber la violence qui sévit depuis longtemps dans le pays.

Ils appellent à la maturité et exhortent « toutes les communautés qui composent la nation congolaise à ne pas se laisser induire en erreur par ceux qui prônent la division et la chasse aux locuteurs du swahili, aux personnes originaires de l’Est ou aux étrangers, sous prétexte de patriotisme et de recherche de paix pour notre pays. »

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Les responsables de l’Église catholique plaident pour « la compassion et la solidarité » envers les personnes déplacées par la guerre et l'insécurité, soulignant la nécessité d’offrir hospitalité et soutien à ceux qui sont en détresse.

S’adressant aux autorités congolaises, les membres de la CENCO appellent le gouvernement à « assumer ses responsabilités » en protégeant tous les segments de la population et en garantissant l’unité nationale.

« La cohésion sociale et la coexistence pacifique entre toutes les races et ethnies en RDC doivent être garanties », insistent les membres de la CENCO, et implorent : « Par l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame du Congo, que le Seigneur nous accorde de vivre dans l’unité et la paix. »

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.