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Soudan du Sud : Face aux tensions, un évêque ctholique appelle à des prières quotidiennes pour la paix

Mgr Christian Carlgrassare (au centre), le président Salva Kiir (à gauche) et le Dr Riek Machar (à droite). Crédit : Diocèse catholique de Rumbek/Bureau du Président - République du Soudan du Sud Mgr Christian Carlgrassare (au centre), le président Salva Kiir (à gauche) et le Dr Riek Machar (à droite). Crédit : Diocèse catholique de Rumbek/Bureau du Président - République du Soudan du Sud

Face à des témoignages de « tensions croissantes » et des informations sur l’arrestation du premier vice-président, Dr Riek Machar, un évêque catholique du plus jeune pays du monde a demandé au peuple de Dieu sous sa charge pastorale de participer à des prières quotidiennes pour la paix.

« Alors que nous sommes témoins de tensions croissantes au Soudan du Sud, j’invite nos paroisses à prier chaque jour pour la paix », écrit Mgr Christian Carlassare dans une note datée du mercredi 26 mars et obtenue par ACI Afrique.

L’Ordinaire du diocèse catholique de Bentiu au Soudan du Sud, qui est aussi l’Administrateur apostolique du diocèse catholique de Rumbek, demande que « la prière pour la paix au Soudan du Sud » soit récitée « à la fin de la messe » et qu’il y ait, dans les paroisses, « une initiative hebdomadaire pour la paix – soit l’adoration eucharistique, soit le chemin de croix ».

Quelques heures après la directive de Mgr Carlassare sur les prières quotidiennes pour la paix au Soudan du Sud, des informations ont fait état de l’arrestation du Dr Machar.

« Les forces de sécurité sud-soudanaises ont placé le premier vice-président et chef de l’opposition, Dr Riek Machar, en résidence surveillée à Juba dans la nuit de mercredi, alors que les tensions politiques s’intensifient, suscitant des craintes d’un retour à la guerre civile », rapporte Radio Tamazuj, un service d’information indépendant couvrant l’actualité au Soudan et au Soudan du Sud, dans une publication du 26 mars.

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Selon une dépêche de Reuters du 26 mars, le parti de Dr Machar, le Mouvement populaire de libération du Soudan en opposition (SPLM-IO), tente de le localiser après que le ministre de la Défense et le chef de la sécurité nationale ont « fait irruption de force » dans sa résidence et lui ont remis un mandat d’arrêt.

Le rapport de Reuters cite un communiqué du SPLM-IO condamnant « une violation flagrante de la Constitution et de l’Accord de paix revitalisé », ce dernier étant l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS) signé en septembre 2018, qui avait mis fin à la guerre civile de 2013-2018 entre les forces armées fidèles au Dr Machar et celles alignées sur le président sud-soudanais, Salva Kiir.

« La mise en résidence surveillée du Dr Riek Machar est largement perçue comme une menace pour l’accord de paix », rapporte Radio Tamazuj.

Le service d’information cite Reath Muoch Tang, président par intérim du comité des relations extérieures du SPLM-IO, détaillant les circonstances de l’arrestation de Dr Machar.

« Les forces de sécurité sont venues et ont chassé tout le monde du complexe. Le ministre de la Défense est parti, mais de nombreux véhicules de sécurité sont restés dans l’enceinte », a déclaré M. Muoch Tang à Radio Tamazuj, ajoutant : « Techniquement, Dr Machar est en résidence surveillée, mais les responsables de la sécurité ont initialement tenté de l’emmener. »

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Dans un communiqué obtenu par ACI Afrique, le porte-parole officiel du SPLM-IO, Pal Mai Deng, confirme « avec une grande préoccupation » que Dr Machar « a été placé en résidence surveillée ».

« C’est une décision malheureuse qui viole l’accord de paix revitalisé », affirme M. Mai Deng.

« Pour l’avenir et la construction de la nation sud-soudanaise, la sécurité physique du Dr Riek Machar est primordiale », ajoute le porte-parole du SPLM-IO, qui est également ministre de l’Eau et de l’Irrigation du Soudan du Sud dans le cadre de l’accord de partage du pouvoir. Il souligne que « la région et la communauté internationale ont l’obligation d’assurer sa sécurité ».

Selon Reuters, des gouvernements étrangers ont mis en garde contre une reprise de la guerre civile au Soudan du Sud, « après des semaines de tensions croissantes issues des combats entre les troupes gouvernementales et une milice historiquement proche des forces de Machar ».

Lors d’un point de presse le lundi 24 mars, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS), Nicholas Haysom, a qualifié la situation sécuritaire dans le pays de « critique ».

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Pour lui, les efforts visant à instaurer une paix durable en Afrique centrale-orientale ne peuvent aboutir que si le président du pays et son premier vice-président, Dr Machar, s’engagent réellement et surtout « placent les intérêts de leur peuple avant les leurs ».

Pendant ce temps, dans sa directive sur les prières quotidiennes pour la paix au Soudan du Sud, l’évêque catholique de Bentiu envisage « la possibilité d’une prière publique pour la paix plus participative ».

Prière pour la paix au Soudan du Sud

Dieu de miséricorde et d'amour,

Tu as créé nos peuples dans leurs tribus, leurs langues et leurs cultures.

Ta volonté est que les gens puissent vivre dans l'amour, l'unité et la paix, car nous sommes tous frères et sœurs,

dans l'amour, l'unité et la paix, car nous sommes tous frères et sœurs.

Nous te demandons pardon pour toutes les fois

où nous avons oublié notre humanité commune

et que nous devrions vivre réconciliés les uns avec les autres.

Élimine ce qui nous divise

et les obstacles qui nous empêchent de vivre comme tes enfants.

Nous prions pour nos dirigeants,

donne-leur ta sagesse pour qu'ils soient au service du bien commun

et de travailler au bien-être de tous les citoyens.

Père miséricordieux, fais de nous des instruments de réconciliation

et donne la paix au Soudan du Sud.

Amen

ACI Afrique