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Ouganda : Les évêques catholiques dénoncent la décadence morale et appellent au respect de la dignité humaine

Les évêques catholiques de l'Ouganda dénoncent la décadence morale dans cette nation d'Afrique de l'Est, qui se manifeste, selon eux, par des homicides s'étendant jusqu'aux fœtus et aux nouveau-nés.

Dans une lettre pastorale partagée avec ACI Afrique ce lundi 7 avril, les membres de la Conférence Épiscopale d'Ouganda (UEC) s'appuient sur l'histoire d'Abel et Caïn pour aborder les cas d'homicides dans le pays, appelant à un amour sincère et au respect de la dignité humaine.

« Nous voyons et lisons presque chaque jour dans les médias des récits choquants de meurtres, dont certains résultent de violences domestiques perpétrées par un conjoint contre l'autre », déplorent les membres de l’UEC.

Ils s’inquiètent particulièrement de ce que « cette mentalité violente s’est étendue aux enfants à naître et aux nouveau-nés, auxquels on a refusé l’opportunité de vivre à cause de l’avortement, de la négligence et de l’abandon. »

« Nous avons également été témoins de l’agression contre des enfants innocents par des parents, des employés domestiques ou des féticheurs, causant parfois de graves blessures ou la mort », ajoutent les responsables de l’Église catholique.

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Pour eux, « ce qui est en jeu, c’est un profond mépris pour le caractère sacré de la vie dans notre société, découlant de notre incapacité à être gardiens les uns des autres, d’un amour excessif de l’argent, ainsi que des faiblesses du système judiciaire et des mécanismes de résolution des conflits. »

Dans leur lettre pastorale de quarante pages intitulée « La vérité vous rendra libres », tirée de l’Évangile selon saint Jean, les évêques catholiques réitèrent la position de l’Église sur la sainteté de la vie, en citant le commandement du Livre de l’Exode : « Tu ne tueras point. »

« La position de l’Église sur le meurtre reste inchangée et est fondée sur les Écritures. Le meurtre intentionnel, y compris celui des enfants à naître, est donc gravement immoral et pécheur », affirment-ils. Et de préciser : « Nous affirmons l’enseignement constant de l’Église selon lequel la vie humaine doit être respectée et protégée de manière absolue dès le moment de la conception. »

Ils poursuivent : « Toute vie appartient à Dieu seul, qui a le pouvoir de la donner et de la reprendre. De même, l’Église nous enseigne : tu ne tueras pas l’embryon par avortement et tu ne feras pas périr le nouveau-né. »

« Il nous revient donc à tous de défendre la vie à toutes les étapes, y compris celle de l’enfant à naître », insistent les évêques catholiques de l’Ouganda.

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Et d’ajouter : « Là où nous avons manqué à ce devoir, par action ou omission, cherchons la miséricorde de Dieu et réconcilions-nous avec les personnes et familles concernées, afin que nous et notre pays recevions les bénédictions réservées par Dieu, origine et auteur de la vie. »

Les chefs de l’Église catholique énumèrent plusieurs facteurs contribuant à la décadence morale du pays, tels que l’accumulation injuste de richesses, la jalousie, le sectarisme et la corruption.

Concernant l’accumulation injuste de richesses, ils notent : « La quête et la glorification des richesses qui caractérisent notre société aujourd’hui devraient préoccuper tout croyant et toute personne de bonne volonté. »

« Nombreux sont ceux dont l’obsession pour l’argent a causé des souffrances indicibles à d’autres », déclare l’UEC, citant l’accaparement des terres, l’abus de biens publics, le vol, les pots-de-vin, la tricherie et le mensonge.

« En plus de ces maux, d'autres formes d’immoralité et de péchés ont profondément pris racine dans notre société. Ce qui est choquant, c’est que nous nous y sommes habitués », regrettent-ils.

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Les évêques catholiques appellent les Ougandais à être les gardiens les uns des autres : « Que chacun n’agisse pas par ambition égoïste ou par vanité, mais considère les autres comme supérieurs à lui-même et s’intéresse à leurs besoins. »

Ils établissent également un lien entre la jalousie et la décadence morale en Ouganda : « Nous envions ceux qui possèdent ce que nous n’avons pas, même s’ils l’ont acquis légitimement, ou ceux qui sont ce que nous ne sommes pas. Cela engendre homicides, sorcellerie, calomnies et chantages. »

En ce qui concerne le sectarisme, ils dénoncent « la tendance à s’identifier à une ethnie, une religion ou un groupe social, qui prend une tournure négative dans la société ougandaise. »

« Ce problème entrave les services sociaux et empêche l’Ouganda d’évoluer vers une véritable nation. Aujourd’hui, nous constatons une discrimination généralisée, de l’oppression, du népotisme, de la haine et de la violence dans les services publics et les communautés, fondés sur des identités sociales mal interprétées », avertissent-ils.

Ils rappellent que « la Bible nous met en garde contre ces tendances » et ajoutent : « Jésus a prié pour l’unité de ses disciples, établissant ainsi un précédent pour l’unité dans l’Église et dans la société. »

Les évêques dénoncent également la montée de la corruption, qu’ils estiment responsable de lourdes pertes financières dans le pays.

Face à l’aggravation de cette crise, ils soulignent que la corruption « compromet gravement le potentiel de notre pays en tant que destination d’investissement, augmente le coût des affaires et affecte négativement nos relations avec Dieu et avec notre prochain. »

Ils recommandent de renforcer la protection des activistes anticorruption, d’assurer l’indépendance des organes de lutte contre la corruption et de garantir l’indépendance judiciaire comme mesures clés pour combattre ce fléau.

Silas Isenjia