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«Un enterrement digne viendra plus tard» : le vicaire général réagit à l’attentat contre une paroisse au Soudan du Sud

La dépouille de Michael Lagu, victime de l'attentat du 26 mars contre la paroisse Notre-Dame de l'Assomption Loa du diocèse catholique de Torit au Soudan Sud, a été retrouvée dans les locaux de l'église, où elle a été temporairement inhumée.

Dans une interview accordée à ACI Afrique, le vicaire général du diocèse sud-soudanais a confié que des animaux avaient « déjà dévoré » une partie du corps de Michael. Il a exprimé la nécessité d’organiser « un enterrement décent » pour Michael, fidèle de la paroisse de Loa depuis son retour d’un camp ougandais il y a deux ans.

Lors de l’entretien du 5 avril, le père Peter Ben Louis est revenu sur les événements du 3 avril, lorsqu’il s’est rendu à la paroisse de Loa avec deux autres prêtres, à la suite de l’attaque du 26 mars, attribuée à des membres des Forces de défense du peuple du Soudan du Sud (SSPDF).

« On nous a conduits à l’endroit où ce jeune a été tué. Nous avons retrouvé ses restes à l’ouest du cimetière de la paroisse », a expliqué le père Louis, à propos du corps de Michael, un rapatrié d’une trentaine d’années qui pratiquait l’agriculture de subsistance et la menuiserie.

Évoquant l’état du corps sans vie et la décision de l’enterrer dans une « tombe provisoire », le père Louis a exprimé le souhait d’une cérémonie funèbre plus digne :
« Peut-être qu’un enterrement décent pourra être organisé plus tard », a-t-il confié à ACI Afrique, à l’issue de cette visite missionnée par l’évêque local, Mgr Emmanuel Bernardino Lowi Napeta.

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Dans sa déclaration du 3 avril, Mgr Napeta s’est dit « profondément préoccupé » par les « récentes exécutions, menaces et profanations à l’encontre du personnel de l’Église, des lieux sacrés et de la communauté paroissiale de Notre-Dame de l’Assomption. »

L’attaque du 26 mars à la paroisse de Loa, a-t-il révélé, « a été commise par des membres de l’unité des SSPDF stationnée au carrefour de la paroisse de Loa, aussi appelé Okodu Maria ».

Selon l’évêque, les soldats des SSPDF ont fait irruption dans l’enceinte de l’église vers 17h, ouvrant le feu, ce qui a entraîné la mort de Michael et blessé un autre civil.

« Les soldats ont aussi tiré sur les fenêtres et les murs de la maison des prêtres », a ajouté Mgr Napeta. En parlant de Michael, il a poursuivi : « Pour dissimuler leur acte, les soldats ont emporté et caché le corps, recouvert le sang de terre pour effacer toute preuve. »

Il a également dénoncé les intimidations, menaces et interrogatoires infligés au personnel de l’Église, aux employés et aux habitants pendant l’attaque. Il a souligné que l’incident du 26 mars a non seulement perturbé les activités paroissiales, mais semé la peur au sein de la population.

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L’intrusion des SSPDF sur les lieux saints constitue « une grave violation de leur caractère sacré, de leur neutralité, de leur sécurité et des droits de notre personnel », a déclaré le prélat de 51 ans, consacré évêque de Torit en janvier 2023.

Dans une interview avec ACI Afrique, le père Santino Louinoi, l’un des deux prêtres accompagnant le vicaire général à Loa, a affirmé que « l’église est désertée depuis le 27 mars 2025 après l’incident ».

« Le curé de la paroisse et le diacre ont actuellement trouvé refuge à la paroisse de Nimule », a-t-il précisé. « Nous avons retrouvé les restes du jeune homme tué le 26 mars 2025 et l’avons enterré dans une tombe provisoire peu profonde dans le cimetière paroissial... Nous attendons l’évêque pour la suite. »

De son côté, le vicaire général du diocèse de Torit a précisé que même si le curé, le père John Wanjaras, et le diacre Joseph Anyidi ont trouvé refuge à la paroisse Saint François d’Assise de Nimule, et que la paroisse de Loa est désertée, « tout était intact dans l’église, et nous étions reconnaissants car rien n’avait été détruit ».

Des impacts de balles étaient visibles sur la maison des prêtres, a rapporté le père Louis, précisant que « certaines balles avaient traversé la porte ».

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Selon lui, le diacre Anyidi, qui était seul à la paroisse pendant l’attaque, est « plus que prêt » à y retourner.

« J’ai vu en lui cette résilience ; il paraît fort. Pour moi, c’est un signe d’espoir, un signe de force, et cette détermination en dit long », a déclaré le père Louis, saluant l’attitude du diacre face à la mission de l’Église.

Dans l’interview du 5 avril, le vicaire général a appelé les fidèles de la paroisse de Loa à rester pleins d’espoir en vue de la reprise des activités pastorales.

« Qu’ils gardent l’espérance. Dans la vie, il y a toujours des défis. Quand on comprend le sens de l’épreuve, il faut y faire face avec courage », a-t-il encouragé.

Il a insisté sur la nécessité de se concentrer sur la réconciliation afin que les paroissiens « restent un signe d’espoir pour notre peuple ».

Décrivant la présence de l’Église auprès des fidèles comme un signe d’espérance, le père Louis s’est dit optimiste qu’à travers le dialogue, la normalité reviendra « très bientôt » à la paroisse désertée.

« Nous reviendrons à la normale, et c’est tout ce que nous espérons », a-t-il conclu, ajoutant que le retour « du personnel ecclésiastique sur place apportera de l’espoir ».

ACI Afrique