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Nigeria : un archevêque catholique soutient l’autodéfense face à l’insécurité

Face à la montée de l'insécurité au Nigeria – attaques, enlèvements, meurtres – MgrIgnatius Ayau Kaigama de l’archidiocèse catholique d’Abuja a exprimé son soutien à l’autodéfense.

Dans un entretien accordé à ACI Africa en marge de la célébration du dimanche des Rameaux, le 13 avril, Mgr Kaigama a qualifié l’autodéfense de « justice naturelle » permettant de se protéger contre des « criminels assoiffés de sang ».

« L’autodéfense est une justice naturelle. Ce qui compte, c’est la manière dont vous vous défendez. Vous ne pouvez pas rester là pendant qu’on vient tuer votre famille et dire que personne ne vous protège. Il faut se lever et protéger sa communauté », a-t-il affirmé.

L’archevêque nigérian a déploré l’effondrement systémique du pays, obligeant les citoyens à pourvoir eux-mêmes à leurs besoins essentiels : « Ici, si vous voulez de l’eau, vous devez forer un puits. Vous voulez de la sécurité, vous embauchez un garde. Pour l’électricité ou les soins médicaux, vous devez tout payer vous-même. »

« Tout repose sur l’individu. Et on se demande : où sont les autorités ? », a-t-il poursuivi, avant de lancer un appel aux dirigeants : « Qu’ils ouvrent les yeux sur la situation, sur cette insécurité qui provoque un bain de sang inutile. Nous prions pour que cela cesse. »

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Le gouvernement nigérian, a-t-il ajouté, « doit faire tout ce qui est humainement possible, et utiliser des technologies sophistiquées pour enrayer ces activités criminelles ».

Il a exhorté les autorités à reprendre leur rôle de protecteurs : « Le gouvernement, en tant que responsable, doit veiller à améliorer les conditions de vie et la situation socioéconomique. Cela favorisera les bonnes relations entre les citoyens, réduira la criminalité et fera de ces problèmes un lointain souvenir. »

Pour que le Nigeria progresse réellement, a-t-il souligné, ses vastes ressources doivent profiter à tous : « Les dirigeants doivent placer le peuple au centre de leurs préoccupations. Nous avons des ressources humaines et naturelles immenses. Elles doivent servir à améliorer la vie des citoyens. »

Mgr Kaigama a également dénoncé la déconnexion entre la classe dirigeante et la réalité vécue par les Nigérians : « Le peuple souffre. Si nos ressources étaient bien gérées, et si les dirigeants prenaient réellement en compte les préoccupations du peuple, le Nigeria avancerait. »

Évêque depuis avril 1995, il a souligné l’urgence d’une gouvernance désintéressée, transparente, et d’une remise en question nationale : « Il nous faut éviter l’immoralité, la mauvaise gouvernance et la corruption si nous voulons bâtir un pays développé qui se distingue parmi les nations. »

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En cette Semaine Sainte, l’archevêque de 66 ans a appelé ses compatriotes à un examen de conscience : « Chacun doit s’interroger. Personne ne peut le faire à votre place. Il faut regarder en soi-même et voir ce qui doit être corrigé. »

Et de conclure : « En des temps comme Pâques ou le Carême, nous devons réfléchir. Si nous appliquons simplement les principes, nous ferons du Nigeria un bien meilleur pays. »

Abah Anthony John