Pour le prélat catholique nigérian, « nous sommes tous sous l’effet d’un tranquillisant de complaisance, au point que nous ne faisons que comparer les chiffres ou attribuer aux morts des identités ethniques ou religieuses ».
« Ni la brutalité, ni la bestialité, ni le primitivisme, ni la cruauté, la sauvagerie, la méchanceté, la barbarie ou l’inhumanité des meurtriers en folie ne peuvent nous sortir de notre stupeur », affirme-t-il à propos de l’attaque du 14 avril, qui a aussi coûté la vie à deux enfants de trois et cinq ans.
Il poursuit en déplorant qu’au Nigeria, « il y aura des condamnations verbales, des menaces timides et voilées, devenues routinières ».
Il y aura aussi « suffisamment de responsabilités à rejeter sur les autres », observe l’évêque, connu pour son engagement en faveur de la bonne gouvernance.
Il critique les autorités censées protéger les Nigérians, ajoutant qu’il serait « redondant de dire que la normalité est revenue, puisqu’elle n’était jamais partie ».
« Ceux qui étaient censés empêcher cela de se produire vont simplement poursuivre leur vie », déplore l’Ordinaire du diocèse de Sokoto dans sa déclaration du 15 avril, publiée après avoir présidé la messe chrismale dans son diocèse.
Il dresse ensuite un tableau sombre de la perte incessante de vies innocentes dans le Plateau, qu’il compare à des « affluents » se jetant dans un océan invisible de sang menaçant d’engloutir l’État.
« Les rivières de sang ont coulé de diverses directions — à travers Jos, Dogo Na Hawa, Bukuru, Gwong, Shendam, Yelwa, Wase, Langtang, Riyom, Kadarko, Shere, (et) Miango, pour n’en citer que quelques-unes », dit-il.
Mgr Kukah ajoute qu’« il faudrait une loupe pour voir quelles communautés n’ont pas été touchées dans le Plateau ».
« Dans d’autres régions du pays, les bandits poursuivent leur danse du mal, encerclant le territoire, capturant, torturant et infligeant les traitements les plus inhumains à notre population », déclare-t-il.