Sokoto, 20 avril, 2025 / 11:52 (ACI Africa).
Mgr Matthew Hassan Kukah, de l'Église catholique du diocèse de Sokoto au Nigeria, a dénoncé les nombreuses atrocités dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, qui, selon lui, devient « progressivement » une vaste « morgue nationale » en raison des multiples victimes des attaques.
Dans son message de Pâques 2025 publié le 19 avril, Mgr Kukah lance un appel au président du pays, Bola Ahmed Tinubu, pour qu’il sauve les Nigérians de l’insécurité, de la souffrance et du désespoir, qu’il qualifie de « croix du mal ».
Il médite sur le symbole de la Croix, comparant l’état actuel du Nigeria à une crucifixion de son peuple par des décennies de violence, de pauvreté et d’échecs politiques.
« J’utilise la métaphore de la croix pour attirer l’attention sur les souffrances et les afflictions qui se sont abattues sur notre pays ces dernières années. Ces souffrances ont été marquées par une culture de brutalité et de sauvagerie jamais observée dans l’histoire de notre cher pays », déplore l’évêque catholique nigérian.
Il ajoute : « Ensemble, elles ont placé notre pays en marge de la civilisation humaine. Partout dans le pays, chaque jour, des citoyens innocents sont enlevés et retenus dans des conditions des plus inhumaines. Un voile sombre de mort plane lourdement du nord au sud. Il est impossible de trouver une maison, une famille ou une communauté qui n’ait pas été frappée par cette sauvagerie. »
« Aujourd’hui, Monsieur le Président, le Nigeria atteint un point de rupture. La nation devient progressivement une immense morgue nationale. Monsieur le Président, avec un plus grand sens de l’urgence, hâtez-vous de nous faire descendre de cette croix du mal », déclare Mgr Kukah.
Tout en reconnaissant que le président Tinubu n’est pas responsable de la crise du pays, Mgr Kukah insiste sur le fait que la responsabilité du leadership repose désormais entièrement sur ses épaules.
« Monsieur le Président, nous reconnaissons tous que vous n’avez ni érigé cette croix, ni provoqué notre crucifixion collective. Néanmoins, les Nigérians pendent et saignent sur cette croix de douleur et de souffrance insensée depuis trop longtemps », affirme le leader religieux.
Il poursuit : « Une culture de cynisme et de doute de soi quant à notre capacité à instaurer la paix règne sur notre terre. En effet, une majorité de nos concitoyens estime qu’il n’y a aucun espoir à l’horizon. »
Pour les chrétiens, poursuit Mgr Kukah, « l’espérance est l’ancre à laquelle nous accrochons tous nos espoirs. Il est temps de raviver et renouveler cette espérance. »
« Monsieur le Président, ravivez notre espérance en nous faisant descendre de cette croix de brutalité et de souffrance », insiste l’évêque nigérian, connu pour sa défense de la bonne gouvernance, en référence à l’Année jubilaire 2025 proclamée par l’Église catholique.
Il poursuit : « Nous croyons que tout n’est pas perdu. Notre espérance trouve un allié dans le Saint-Père, le pape François, qui a proclamé l’année 2025 comme l’Année de l’Espérance, avec pour thème : Pèlerins d’Espérance. Le Pape sait que les pèlerins avancent souvent à contre-courant dans un monde brisé, marqué par la violence, la douleur, la souffrance, la tribulation et la mort. »
« La route de notre découragement collectif au Nigeria a été pavée par des maraudeurs, des assassins, des sauvages et des prédateurs affamés qui menacent d’envahir notre nation. Monsieur le Président, débarrassez immédiatement notre cher pays de ces forces des ténèbres et faites-nous descendre de cette croix de cynisme », implore Mgr Kukah.
Pour lui, le président Tinubu doit « faire de la sécurité alimentaire un droit humain fondamental pour tous les citoyens ».
« Monsieur le Président, s’il vous plaît, faites-nous descendre de cette croix douloureuse de la faim », répète-t-il.
Dans son message de Pâques 2025, Mgr Kukah affirme que malgré ces défis, le peuple de Dieu au Nigeria doit tenir ferme à la lumière du Christ et persévérer dans la construction d’une société plus juste.
« Nous sommes la lumière du monde, une ville située sur une colline. Nous sommes porteurs de la lumière du Christ pour chasser les ténèbres qui menacent d’engloutir notre pays », déclare l’ordinaire du diocèse de Sokoto, en poste depuis sa consécration épiscopale en septembre 2011.
Il lance cet appel : « Renouvelons ensemble notre engagement et notre espérance à bâtir une société selon la volonté de notre créateur. »
