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« Je suis très triste » : Un évêque nigérian déplore l’exode massif causé par l’insécurité

Mgr Michael Gobal Gokum, évêque du diocèse catholique de Pankshin au Nigeria, a exprimé sa tristesse face au déplacement massif des habitants de son siège épiscopal en raison de l’insécurité.

Dans une interview accordée à ACI Afrique le mardi de Pâques, 22 avril, Mgr Gokum a déclaré que la violence à Bokkos et dans d'autres régions de l'État nigérian du Plateau a laissé des milliers de personnes sans abri, dont beaucoup vivent désormais dans des camps de déplacés internes (IDP).

« Je me sens très triste de voir mes fidèles toujours sur les routes, portant leurs affaires, pleurant et criant à cause de l’insécurité dans leurs communautés », a-t-il déploré, ajoutant : « Je ne peux pas être un berger efficace lorsque le peuple est malheureux, lorsqu’il est en danger, et lorsqu’il est contraint de vivre dans des camps de déplacés. »

L’évêque catholique nigérian a révélé que le diocèse de Pankshin offre refuge et assistance à des milliers de déplacés au sein de la paroisse catholique Saint-Thomas de Bokkos.

« À Bokkos, dans l’une de nos paroisses, plus de 2 300 déplacés internes sont actuellement hébergés dans les locaux de l’Église. Il y a des catholiques et des non-catholiques », a précisé Mgr Gokum.

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Il s’est dit préoccupé par l’incapacité des autorités à mettre fin à la violence dans l’État du Plateau et dans d’autres régions du pays.

Mgr Gokum a exhorté les gouvernements à tous les niveaux à remplir leur devoir constitutionnel de protéger les vies et les biens des citoyens.

« La responsabilité première de tout gouvernement est la protection des vies et des biens. Les gouvernements à tous les niveaux doivent assumer cette responsabilité et mettre fin aux tueries insensées dans notre pays », a-t-il déclaré.

L’évêque a appelé le gouvernement nigérian à « faire ce qui est juste. Oubliez la politique. Concentrez-vous sur les gens. Qu’ils soutiennent ou non votre parti, ce sont des êtres humains. Ce sont des Nigérians. Ils ont droit à la vie. »

Mgr Gokum a attribué la violence à la lutte pour la terre, affirmant que les attaques visent souvent à chasser les populations de leurs terres ancestrales.

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« Vous avez sans doute entendu le gouverneur s’exprimer à ce sujet. C’est du terrorisme. Des personnes utilisent la peur et la violence pour déloger des communautés afin de s’approprier leurs terres. Le gouverneur a confirmé qu’au moins soixante-cinq villages de l’État du Plateau ont été pris. C’est surtout une question de pâturage et de propriété foncière », a expliqué le prélat.

Il a révélé que les responsables religieux et communautaires ont tenu plusieurs réunions avec le gouvernement pour résoudre la crise, mais avec peu de résultats.

« Nous avons rencontré le gouverneur en privé à plusieurs reprises. Même l’administration précédente avait eu des échanges avec nous. Ils disent toujours qu’ils travaillent dessus, mais parfois, ils semblent impuissants. Malgré tout, nous devons parler. Nous devons agir », a-t-il confié à ACI Afrique le mardi de Pâques.

Malgré les défis, l’évêque de Pankshin reste plein d’espoir et encourage le peuple de Dieu à demeurer ferme dans la foi.

« Nous prions pour la paix à travers tout le Nigeria – de Katsina à Sokoto, du Plateau au Benue, d’Anambra aux Rivières. Beaucoup sont affamés et frustrés. Que ceux qui ont partagent avec ceux qui n’ont pas. Pardonnons et avançons ensemble. Choisissons la paix, non la vengeance », a-t-il imploré.

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Mgr Gokum, à la tête du diocèse de Pankshin depuis sa consécration épiscopale en juin 2014, a lancé un appel à la prière pour la paix et l’unité, en particulier dans son siège épiscopal.

« Je souhaite que mon peuple vive ensemble dans la paix. Si quelqu’un vous offense, signalez-le aux autorités. Ne faisons pas justice nous-mêmes. Je prie pour que la paix du Christ règne dans chaque partie de ce diocèse en cette saison pascale et au-delà », a-t-il conclu dans son entretien du 22 avril avec ACI Afrique.

Abah Anthony John