Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, rend un vibrant hommage au pape François qui lui a embrassé les pieds

Lors de cette retraite, le pape François avait encouragé les dirigeants sud-soudanais à « chercher ce qui les unit, à commencer par le fait qu’ils appartiennent à un seul et même peuple, et à surmonter ce qui les divise ». Il leur avait dit qu’il priait pour qu’ils deviennent des artisans de paix, qui « construisent la paix par le dialogue, la négociation et le pardon ».

Revenant plus tard sur cette rencontre dans une interview avec Catholic News Agency (CNA), le président Kiir avait déclaré que le geste du pape l’avait laissé « presque tremblant ». Il a affirmé que le moment où le pape avait fait preuve d’une telle humilité l’avait profondément touché en tant que catholique et en tant que dirigeant.

« J’ai été profondément touché par l’humilité du Saint-Père, qui s’est agenouillé pour embrasser mes pieds », a déclaré le président Kiir à CNA dans une interview du 7 mai 2019.

« Je tremblais presque, car cela ne s’était jamais produit auparavant, à l’exception du moment où Jésus s’était agenouillé pour laver les pieds de ses disciples. Et cela aurait dû être l’inverse ; ce sont ses disciples qui auraient dû lui laver les pieds », a poursuivi le président sud-soudanais, ajoutant : « C’est ce à quoi j’ai pensé lorsque le pape s’est agenouillé. »

Le Soudan du Sud connaît une reprise des conflits entre le Mouvement populaire de libération du Soudan – en opposition (SPLM-IO) et les Forces de défense du peuple sud-soudanais (SSPDF), suite à l’arrestation de dirigeants politiques, dont le Dr Machar.

Depuis la signature de l’Accord revitalisé de résolution du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS) en septembre 2018 à Addis-Abeba, la paix reste fragile. Malgré cet accord, les tensions entre la SSPDF et la SPLM-IO ont persisté, alimentées par les rivalités politiques, les luttes de succession, les divisions ethniques et les retards dans la mise en œuvre de l’accord.

La situation s’est aggravée début 2025 avec de nouveaux affrontements entre les deux factions, entraînant de nombreux déplacements et pertes humaines.

L’arrestation signalée du premier vice-président, Dr Machar, qui faisait suite à celle d’autres dirigeants de l’opposition, a intensifié les tensions dans la plus jeune nation du monde, ravivant les craintes d’un retour à un conflit généralisé.

Durant sa récente hospitalisation, le pape François avait exprimé son chagrin face à la violence persistante au Soudan du Sud. Transmettant la proximité du pape défunt avec le peuple de Dieu au Soudan du Sud, le Nonce apostolique dans le pays, Mgr Séamus Patrick Horgan, a exhorté les Sud-Soudanais à devenir une source de consolation pour le pape François en « embrassant une paix définitive et durable ».

Dans son hommage du 21 avril, le président Kiir est revenu sur le pèlerinage de paix du pape François au Soudan du Sud en février 2023, lorsqu’il était devenu le premier souverain pontife à visiter ce pays meurtri.

Il a déclaré que la visite du pape François était « courageuse et a ravivé l’espoir du Soudan du Sud ».

Cette visite, selon le président Kiir, « est survenue à un moment où le monde doutait de notre volonté de paix et de notre détermination à tracer un avenir pour notre pays ».

Le 3 février 2023, premier jour de son pèlerinage de paix au Soudan du Sud, le pape François avait supplié les dirigeants de cette nation d’Afrique centrale de travailler ensemble pour mettre fin à la violence.

« Au nom de Dieu, du Dieu auquel nous avons prié ensemble à Rome, du Dieu doux et humble de cœur, du Dieu en qui tant de personnes de ce pays bien-aimé croient, le moment est venu de dire : “Assez de cela !” Nous disons non, sans “mais” ni “si” », avait déclaré le pape François dans son discours au président Kiir et aux autres dirigeants politiques à Djouba, la capitale du Soudan du Sud.

« Plus de sang versé », avait imploré le pape, ajoutant : « Plus de conflits, plus de violence, plus de reproches mutuels sur la responsabilité des uns et des autres ; plus de peuple assoiffé de paix. »

« Plus de destruction : il est temps de construire ! Tournez la page de la guerre et laissez s’ouvrir une ère de paix ! », avait-il ajouté. « Les années de guerre et de conflit semblent interminables et, récemment encore, il y a eu de violents affrontements. »

Le président Kiir a déclaré que le pape François serait toujours perçu par le peuple sud-soudanais comme un phare d’espoir, l’incarnation de la compassion et de l’unité. « Ses efforts pour promouvoir la paix dans notre pays ont laissé une marque indélébile dans notre histoire », a-t-il affirmé.

Le président sud-soudanais a exprimé sa foi ferme que, grâce à la proximité et aux prières du pape François, le Soudan du Sud parviendrait à la paix tant espérée.

« Les prières et les encouragements de Sa Sainteté ont soutenu notre détermination à continuer la mise en œuvre de l’accord de paix malgré les difficultés. Il ne s’est pas arrêté là ; il nous rappelait toujours l’importance de la paix dès que nous nous en écartions », s’est souvenu le président Kiir.

Il a ajouté : « Les Sud-Soudanais de tous bords se souviendront à jamais du Saint-Père et de son amour pour le Soudan du Sud. »

Le président sud-soudanais, lui-même catholique, a lancé un appel à la prière pour le repos de l’âme du pape François.

« Frères et sœurs catholiques du Soudan du Sud, aujourd’hui, nous avons perdu un véritable et humble serviteur de Dieu, un homme qui portait le Soudan du Sud dans son cœur », a déclaré le président Kiir dans son hommage du 21 avril, avant d’ajouter : « Je vous demande de prier pour Sa Sainteté, afin que le Seigneur accueille son âme dans la paix éternelle, et d’exprimer notre compassion aux chrétiens du monde entier. »