"Fin 2019 et début 2020, je me suis rendu au Burkina Faso, au Maroc et en Côte d'Ivoire et j'ai vu et entendu de mes propres yeux les témoignages de jeunes hommes et femmes qui ont tout risqué pour pouvoir subvenir aux besoins de leur famille restée au pays, qui se sont jurés de ne pas quitter la zone frontalière espagnole avant d'avoir trouvé l'occasion de la traverser, qui ont remercié les paroisses locales pour l'accueil et la sécurité qui leur ont été offerts, de jeunes enfants non accompagnés qui étaient bien conscients que leurs parents les envoyaient faire ces voyages pour les maintenir en vie", a-t-il raconté.
Le responsable des droits de l'homme qui a aidé à réinstaller aux États-Unis les réfugiés éthiopiens, érythréens et ceux d'autres pays dans son ancien poste de directeur de l'Agence caritative catholique multiservices a en outre déclaré : "Tous les gouvernements, y compris ceux d'Afrique, ont la responsabilité d'assurer des conditions de vie dignes, la liberté et la sécurité à leurs citoyens ou à tous ceux qui vivent à l'intérieur de leurs frontières".
Mgr Vitillo a déclaré que de nombreux migrants africains se lançaient toujours dans un voyage périlleux lorsqu'ils choisissaient de traverser le Sahara et les mers dans des tentatives désespérées pour atteindre l'Amérique ou l'Europe.
Il a cité un rapport intitulé "Sur ce voyage, personne ne se soucie de savoir si vous vivez ou si vous mourez", publié en juillet 2020 par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui a estimé que quelque 1 750 réfugiés et migrants ont perdu la vie en Méditerranée et dans le désert du Sahara rien qu'en 2018 et 2019.
"Le Pape François a constamment attiré l'attention sur de telles tragédies, surtout depuis sa visite à Lampedusa, peu après son élection comme pape, lorsqu'il a déposé une couronne pour honorer la mémoire des personnes enterrées dans ce vaste "cimetière", et lors de ses messes annuelles pour commémorer cette visite historique", a déclaré le responsable de la CICM.
Ce chercheur, qui a publié de nombreux articles sur les droits de l'homme, le VIH/sida et la santé mondiale, les migrations et l'installation des réfugiés, a déclaré que sur les 79,5 millions de personnes déplacées de force dans le monde aujourd'hui, quelque 26 millions sont des réfugiés, c'est-à-dire des personnes qui ont fui la guerre, la violence, les conflits ou les persécutions et qui ont traversé une frontière internationale pour trouver la sécurité dans un autre pays.
Les autres, a-t-il dit, sont des personnes déplacées à l'intérieur du pays qui sont restées dans les frontières de leurs pays d'origine respectifs mais qui sont souvent privées de la protection spéciale offerte aux réfugiés.
"En Afrique, il y a quelque 6 millions de réfugiés et 12,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays", a-t-il déclaré, affirmant qu'une grande partie de la migration se fait en Afrique et à partir de l'Afrique, à tel point que le continent a été décrit comme "un continent en mouvement".
Il a ajouté que les personnes déplacées de force craignent pour leur sécurité et leur avenir ainsi que pour ceux de leurs enfants, ajoutant : "Ils veulent désespérément jouir de la dignité que Dieu leur a donnée et échapper aux horreurs de la persécution, des conflits et des menaces à leur sécurité personnelle".
Mgr Vitillo, qui a été chef de la délégation de Caritas Internationalis aux Nations unies à Genève, a exhorté l'Europe et l'Amérique à ouvrir leurs portes aux migrants africains et à ne pas considérer les immigrants comme un "fardeau partagé".