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RD Congo : Mgr Sikuli préoccupé par l'insécurité prolongée et des massacres qui “se déroulant en silence

Mgr Melchisedec Sikuli Paluku, évêque du diocèse de Butembo-Beni en RD Congo. Domaine public Mgr Melchisedec Sikuli Paluku, évêque du diocèse de Butembo-Beni en RD Congo.
Domaine public

Les promesses d'action des "autorités politiques" dans un contexte d'insécurité persistante et d'assassinats qui durent depuis au moins dix ans dans la région couverte par le diocèse de Butembo-Beni en République démocratique du Congo (RDC) doivent être tenues, a déclaré l'évêque du siège dans la province du Nord-Kivu lors d'une récente interview.

Dans l'interview accordée le 4 novembre à Radio Moto, Mgr Melchisedec Sikuli Paluku souligne la récente attaque d'un village et la profanation d'une église comme exemples de l'insécurité prolongée dans sa juridiction.

"Nous sommes dans un état d'insécurité depuis plus d'une décennie. Cela se passe en silence comme si cela ne concernait que les victimes de ces massacres", a déclaré Mgr Sikuli.

L'évêque congolais a mis au défi les dirigeants du pays centrafricain de joindre le geste à la parole.

Les autorités politiques nous disent : "Oui, nous comprenons, nous allons essayer d'y mettre fin". Nous voulons que ces promesses soient tenues, sinon il vaudrait mieux se taire", a déclaré le prélat qui a été le pasteur du peuple de Dieu dans le diocèse de Butembo-Beni pendant les 22 dernières années.

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Dans la nuit du 31 octobre, des militants soupçonnés d'être membres des Forces démocratiques alliées (ADF) rebelles ont attaqué le village de Lisasa, dans la province du Nord-Kivu, à l'est de la RDC, tuant au moins 21 personnes dont 15 femmes. 

De plus, les agresseurs auraient fait une descente dans un centre de santé, incendié des maisons et profané l'église paroissiale Regina Pacis Maboya. 

L'attaque du village de Lisasa a eu lieu quelques jours après que des milices suspectes de l'ADF auraient attaqué le village de Baeti, qui se trouve également dans la province du Nord-Kivu, tuant au moins 18 personnes et incendiant une église et plusieurs maisons, selon un média rapporté. 

En 2012,trois prêtres assomptionnistes du diocèse de Butembo-Beni ont été kidnappés. Deux autres membres du clergé ont été enlevés en 2017.  

Faisant référence aux enlèvements de membres du clergé, Mgr Sikuli a déploré : "Je ne pense pas avoir entendu dire que cela ait inquiété les autorités".

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Dans l'interview du 4 novembre avec Radio Moto, Mgr Sikuli a également déploré la profanation de l'église de la paroisse Regina Pacis Maboya, déclarant que cette action indique "une perte de respect pour la sainteté des lieux saints".

"C'est le signe que même les lieux saints n'ont plus de valeur dans la vie de ceux qui commettent de tels actes", a déclaré l'évêque congolais de 68 ans, ajoutant : "Un tabernacle, un lieu où les gens viennent prier, comme dans une mosquée, on ne peut pas se permettre d'y aller et de faire n'importe quoi.

Il a invoqué la miséricorde et le pardon de Dieu pour les profanateurs en disant qu'ils "ne savent pas ce qu'ils font".

Le diocèse de Butembo-Beni fait partie de la province ecclésiastique de Kisangani.

En mars, les dirigeants de l'Église de la province ecclésiastique de Kisangani, en RDC, ont déploré les incidences de l'insécurité dans la région, y compris les cas d'agression subis par certains prêtres.

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Le père Guy-Robert Mandro, curé de la paroisse du Cœur Immaculé de Fataki dans le diocèse de Bunia, a été attaqué par des assaillants armés de machettes et de fusils lui causant des blessures et des doigts démembrés.

L'origine de l'instabilité à l'Est de la RDC, selon les prélats de la province ecclésiastique de Kisangani, est "l'exploitation abusive des ressources naturelles, les conflits fonciers notamment autour des problèmes des parcs de Lomami et de Garamba, la non prise en compte des besoins des populations locales et l'exploitation de certaines catégories sociales par des groupes d'intérêts économiques et politiques. ”

Dans leur message, les évêques ont plaidé pour "la promotion de la justice conforme à la vérité, le renforcement de l'autorité de l'Etat, la bonne gouvernance des Provinces administratives, la vigilance et la sensibilisation de la population pour résister à toute forme de manipulation et une pastorale de la réconciliation".