"Lorsque notre équipe nationale gagne un match de football international, nous voulons tous nous identifier comme Nigérians. Lorsque le poste de directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se libère, nous voulons qu'un Nigérian l'occupe ; nous sommes fiers qu'un prix Nobel de la paix soit nigérian", a fait remarquer Mgr Kaigama.
Il a cependant regretté que "lorsqu'il est impératif de transcender le chauvinisme tribal, la myopie religieuse et l'abracadabra politique pour des intérêts nationaux, notre éducation et notre exposition semblent nous faire défaut".
Faisant référence aux récentes manifestations nationales menées par des jeunes contre les brutalités policières qui ont été "perturbées par des éléments sans scrupules", l'archevêque a posé la question suivante : "Avons-nous la capacité, en tant que Nigérians, d'entreprendre quelque chose de positif qui ne puisse être détourné ou paralysé par ceux qui souffrent d'une sorte de paranoïa sociale ou politique ?
L'archevêque de 62 ans a continué à s’interroger : "Est-il possible d'éviter d'introduire des sentiments tribaux, des facteurs religieux et la dichotomie nord/sud dans la poursuite du bien commun de cette nation ? Est-il possible de ne pas s'inquiéter des personnes qui pourraient se sentir offensées et de s'engager dans une lutte non violente pour un changement positif au-delà des frontières étroites ou des préjugés".
"Lorsque de bonnes initiatives sont introduites par qui ou quel que soit le groupe dans l'Eglise, nous ne devons pas les paralyser pour des raisons ethniques ou géopolitiques", a déclaré Mgr Kaigama aux jeunes réunis dans la pro-cathédrale Notre-Dame Reine du Nigeria de l'archidiocèse d'Abuja, les exhortant à ne pas "importer" la mentalité des préjugés ethniques dans l'Eglise.
Il a expliqué : "Notre Église catholique est une famille universelle et d'origine apostolique. Alors que nous devrions lutter individuellement pour le pain quotidien et une vie meilleure, nous devons réaliser que ce qui est très important, c'est notre unité, le progrès, le salut des âmes et la façon de se qualifier en tant que citoyens du ciel".
Dans son discours aux jeunes dont il s'occupe, l'archevêque nigérian a déploré la corruption omniprésente dans la nation la plus peuplée d'Afrique, déclarant : "Que nous soyons jeunes ou âgés, nous sommes tous, d'une manière ou d'une autre, coupables de pratiques corrompues et nous devrions chercher la purification et le pardon de Dieu. ”
Les Nigérians passent "du temps à conjuguer le verbe "corrompre"" : Je corromps, tu corromps, il corrompt, elle corrompt, nous corrompons, vous (au pluriel) corrompez, ils corrompent", a observé Mgr Kaigama, ajoutant : "Nous semblons avoir développé une culture où il est normal de corrompre ou de connaître une personne influente afin d'être employé, promu ou même de faire approuver des budgets".