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Le Cardinal Tumi : "Rien de moins que le fédéralisme ne va réussir à stabiliser le Cameroun"

Le cardinal Christian Tumi. Domaine public. Le cardinal Christian Tumi.
Domaine public.

Le Cameroun doit revenir a un système fédéral pour mettre fin à la crise anglophone prolongée qui a entraîné la mort de milliers de personnes et le déplacement de centaines de milliers d'autres, a déclaré le cardinal de la nation centrafricaine.

Dans une interview avec Radio France International(RFI) publiée mercredi 2 décembre, le cardinal Christian Tumi a souligné la valeur du fédéralisme en déclarant qu'"un Etat fédéré n’est pas nécessairement un Etat divisé. ”

"Rien de moins que le fédéralisme ne va réussir à stabiliser le Cameroun", a déclaré le cardinal Tumi, ajoutant : "Il doit y avoir une certaine autonomie pour le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, comme c'était le cas lorsque nous étions un pays fédéral. C'était une époque dans notre pays où nous n'avions pas de problèmes".

Dans le reportage de RFI du 2 décembre, le cardinal Tumi fait allusion à l'histoire du fédéralisme au Cameroun en disant : "Les francophones doivent se sortir de la tête qu'un État fédéré est nécessairement un État divisé. Non, on peut avoir un fédéralisme et le pays reste parfaitement uni".

"La minorité anglophone se bat précisément pour plus d'autonomie après ce qu'elle décrit comme des décennies de marginalisation par le gouvernement et la majorité francophone", ajoute l'archevêque émérite de l'archidiocèse de Douala au Cameroun.  

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Selon le cardinal, un système fédéral "devrait contribuer à mettre fin à la crise anglophone qui a fait plus de 3 000 morts et 700 000 déplacés".

La France a accordé l'indépendance aux Camerounais français en 1959. Deux ans plus tard, le Southern Cameroons britannique a voté pour rejoindre l'ancienne colonie française. 

Lorsque les deux entités indépendantes ont fusionné, les délégués des régions anglophone et francophone du pays ont rédigé une nouvelle Constitution, qui a fait de l'État centrafricain une fédération appelée République fédérale du Cameroun, comprenant le Cameroun oriental et le Cameroun occidental, chacun ayant un Premier ministre et un Parlement.  

Cependant, en 1972, une nouvelle Constitution a été rédigée et le système fédéral de gouvernance a été aboli. Le nom du pays a également été changé pour devenir ce qui est aujourd'hui la République unie du Cameroun. 

Les régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, connaissent des violences depuis 2016 après que des enseignants et des juges francophones aient été envoyés travailler dans les régions anglophones historiquement marginalisées.  

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Un mouvement séparatiste armé revendiquant l'indépendance de la soi-disant république d'Ambazonie est apparu à la suite de la répression du gouvernement contre les manifestants.

Dans le rapport de RFI du 2 décembre, le cardinal de 90 ans affirme que les prochaines élections régionales ne mettront pas fin à la crise anglophone. 

"Cela ne résoudra pas automatiquement le problème, non", dit le cardinal, faisant référence aux élections régionales au Cameroun prévues pour le dimanche 6 décembre. Les élections régionales sont prévues par la Constitution de 1996 mais elles n'ont jamais eu lieu. 

Le scrutin du 6 décembre sera un scrutin indirect au cours duquel les collèges électoraux choisiront 90 conseillers régionaux aux pouvoirs limités, dont 20 représentants des chefferies traditionnelles.

Différents leaders de l'opposition et des séparatistes ont critiqué le prochain sondage. Cho Ayaba, un leader séparatiste, aurait déclaré à Reuters que les séparatistes ont l'intention de s'emparer des fonctionnaires qui officieront lors du scrutin.   

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Pour sa part, l'ancien candidat à la présidence, Joshua Osih, a critiqué l'élection en disant : "Si elle avait eu lieu en 1996, peut-être aurait-elle pu résoudre la crise. Mais nous ne sommes plus à ce niveau. Les revendications vont au-delà de la décentralisation. Les gens veulent prendre soin de leur propre territoire". 

En septembre, Mgr Abraham Kome évêque diocèse de Bafang au Cameroun, a déclaré que l'échec du gouvernement à mettre en place "un processus électoral qui reflétera clairement le choix du peuple semble être un stratagème au service du parti au pouvoir avec des expériences amères laissées à la majorité des citoyens".

"Pourquoi le gouvernement actuel a-t-il produit une telle détérioration des mentalités et du bienêtre social ?" s'interroge Mgr Kome.